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"Le burkini, ça n’a rien à faire dans une piscine !" : les propos de Jadot ulcèrent une partie d'EELV
ERIC PIERMONT / AFP

"Le burkini, ça n’a rien à faire dans une piscine !" : les propos de Jadot ulcèrent une partie d'EELV

Tempête dans le pédiluve

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Yannick Jadot a provoqué l'ire de ses camarades écologistes après avoir déclaré que "le burkini, n'avait rien à faire dans une piscine" dans un entretien publié mercredi 16 septembre par "L'Obs".

Ouh le vilain. Chez Europe écologie Les Verts, ce vendredi 18 septembre, on se récrie : Yannick Jadot, candidat potentielle des écologistes à la prochaine présidentielle, chasserait sur les terres de Manuel Valls. Dans un entretien publié mercredi par L'Obs le député européen a en effet osé déclarer : "Le burkini, ça n’a rien à faire dans une piscine !" Ils n'en fallait pas plus pour provoquer l'ire de certains cadres d'EELV.

"Perso, je préférais la collection Printemps-Été 2016...", a ainsi tweeté le député européen EELV David Cormand, en référence à un tweet de Yannick Jadot dans lequel ce dernier raillait : "Ceux qui hurlent contre le Burkini sont aussi ceux qui privatisaient une plage publique pour la famille saoudienne l'été dernier." David Cormand détaille sa pensée auprès de L'Obs ce vendredi : "Nous n’avons pas à avoir d’avis politique sur la manière dont les femmes choisissent de s’habiller. Dans les cas où des personnes utiliseraient le burkini comme un vecteur de propagande, je ne crois pas qu’il faille les combattre par l’interdiction mais par le débat."

La commission Quartiers populaires d'EELV s’est quant à elle "désolidarisée" de Yannick Jadot. "La France que nous souhaitons est une France apaisée, multiculturelle et fraternelle. Nous nous opposons à tout propos qui divise, stigmatise au lieu de rassembler", a-t-elle fait savoir sur Twitter. "Le mec a vraiment ressorti le burkini ?", s'est indignée quant à elle la militante féministe Caroline de Haas, ancienne directrice de campagne de Cécile Duflot. "Le débat qui a déclenché pendant des semaines des réactions racistes partout en France ? Le débat qui a eu comme conséquences des violences accrues contre des femmes ? EELV, sortez-le."

Le leader écologiste n'a pourtant fait qu'affirmer son opposition à une conception communautariste : "Nos sociétés sont tellement crispées et déstabilisées que des groupes tentent de remettre en question la sécularisation, de sortir des lois de la République au nom d’une idéologie ou de principes religieux", expliquait Yannick Jadot à nos confrères. "C’est inacceptable. Le burkini, ça n’a rien à faire dans une piscine ! [...] L’enjeu, c’est le vivre-ensemble. En République, le principe n’est pas 'qui se ressemble se rassemble'. Il ne peut pas y avoir de 'oui mais', ni sur 'Charlie Hebdo' ni quand des femmes sont victimes de codes vestimentaires contraints."

"Les groupes religieux qui veulent s’emparer de la politique, je les combats partout"

Ce vendredi, sur LCI, Yannick Jadot s'est défendu : "J’en ai assez que l’opinion publique essaye d’imposer aux femmes leur façon de s’habiller. Mon seul sujet, ma seule ambition c’est qu’on ait un projet partagé dans notre pays, qu’on ait la liberté de se choisir un dieu. Les groupes religieux qui veulent s’emparer de la politique, je les combats partout."

Une fermeté contrastant avec l'attentisme dont avait fait preuve le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, après que des femmes se furent introduites par surprise dans une piscine iséroise vêtues d'un burkini. "Si le regard que le gouvernement veut porter est un regard sur la laïcité, et s'il veut dire que les piscines sont un endroit sacré dans lequel il ne faut pas de signes religieux comme dans les écoles, qu'il le dise ouvertement plutôt que de dire tout et son contraire (...), à la fois qu'il faut défendre le droit des femmes et qu'il faut accueillir tout le monde à la piscine", expliquait-il, après avoir "saisi le ministère des Sports afin que le gouvernement lève toute forme d'ambiguïté sur le statut du maillot de bain couvrant, relativement à l'hygiène et à la sécurité".

"Le Conseil d’Etat rejette les arrêtés anti-burkini. Ouf. J’espère qu’on va pouvoir passer à autre chose", tweetait quant à lui le secrétaire national d'EELV en 2016, comme l'a rappelé Libération. Le conseil fédéral du parti, qui doit se tenir ce week-end et lors duquel Yannick Jadot espère avancer ses pions pour être désigné comme candidat écologiste à la présidentielle, s'annonce pour le moins sportif.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne