Témoignage. A Caen, ces enfants et adolescents qui n'ont connu que les squats ou presque

De nombreux enfants réfugiés affichent un sourire lumineux sur leur visage malgré la vie en squat ou dans la rue. Rencontres entre Caen et Mondeville. D'un squat à un campement.

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Alors qu’ils rêvent d’avoir une « vie normale », les enfants et adolescents des réfugiés vivent dans des squats, comme le campement installé à Mondeville. (©Marjorie Janetaud/Liberté Caen)
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Les trois sœurs Alicia, Beti et Alice, ainsi que Léa et ses frères, passent de squat en squat depuis des années. La petite Alice, 3 ans, n’a même connu que ça. Elle est née à Saint-Lô (Manche) alors que ses parents venaient de quitter l’Albanie. C’était il y a environ quatre ans et demi. Gezim et son épouse Hatije se sont réfugiés en France.

Mon père ne trouvait pas de travail en Albanie parce qu’il a la peau noire et là-bas, les gens sont racistes, raconte Alicia 11 ans.

Aujourd’hui, ils vivent dans l’agglomération de Caen (Calvados).

Du squat du marais au campement

Samedi 5 septembre 2020, Alicia et sa sœur Beti, 10 ans, participaient à la manifestation en soutien aux exilés qui s’est déroulée dans le quartier de la Grâce de Dieu. C’est là que la famille albanaise a habité pendant un an. Après avoir vécu l’expulsion du squat du Marais où elle s’est installée en arrivant à Caen, c’est l’évacuation de l’immeuble de la rue du cardinal Lavigerie que la famille a connue à la fin du mois d’août.

Depuis, les trois enfants et leurs parents vivaient dans des tentes avenue Henry Chéron. Mais une menace d’expulsion planait au-dessus de ce squat-là aussi. Alors à la fin de la manifestation, militants de l’AG de lutte contre toutes les expulsions, réfugiés et soutiens ont pris la direction de Mondeville pour installer des tentes et de quoi survivre dans un parc communal autour du bassin Charlotte Corday.

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C’est là que la famille albanaise allait passer ses prochaines nuits alors que quelques minutes plus tôt Alicia et Beti nous confiaient qu’elles rêvaient d’avoir un vrai toit, des papiers… « une vie normale ». C’est aussi dans ce campement de fortune que Léa, ses parents et ses deux frères vont s’installer. Léa, ce n’est pas le vrai prénom de cette jeune fille de 17 ans. Elle ne veut pas être reconnue…

Quand j’étais en CAP, des élèves se sont moqués de moi parce qu’ils ont su que je vivais dans un squat.

Alors elle ne veut pas que cela se sache dans le lycée où elle est scolarisée aujourd’hui en première.

Pour un avenir meilleur

Depuis cinq ans, depuis que ses parents ont fui le Kosovo pour des raisons politiques elle n’a connu que la rue et les squats. Ses deux frères aussi. Ce samedi-là, elle est venue participer à l’installation du campement.

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Dans un français parfait, elle se raconte avec pudeur et garde le sourire même en évoquant certaines de ses difficultés.

Je comprends tout ce qu’il se passe, je traduis et l’explique à mes parents, notamment quand il va y avoir une expulsion… j’y pense tout le temps alors c’est parfois difficile de me concentrer en cours. 

Léa a dû grandir vite. Très vite. Parce qu’elle veut avancer, « avoir des papiers », comme elle dit. Parce que comme les parents d’Alicia, Beti et Alice, ceux de Léa et ses frères sont venus en France dans l’espoir d’offrir à leurs enfants un avenir meilleur.

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