Laetitia, 34 ans, a témoigné en larmes devant la cour d'assises des Hauts-de-Seine, à Nanterre, ce vendredi 17 septembre. Cet ex-mannequin accuse un infirmer de l'hôpital américain de Neuilly de l'avoir violée dans la nuit du 4 au 5 février 2018, alors qu'elle était hospitalisée. Elle était lourdement médicamentée avec des psychotropes, qui la faisaient se sentir dans un état "comateux".

Un infirmier insistant avec cette patiente

Début février 2018, Laetitia est hospitalisée pour une infection médicamenteuse due à son traitement antiépileptique. 

Les images de vidéosurveillance de l'établissement visionnées à la cour d'assisse, jeudi 16 septembre, jour de l'ouverture du procès, montrent l'accusé faire de nombreux allers-retours dans la chambre de Laetitia. "57 minutes au total passées dans la chambre de la patiente censée dormir et ne nécessitant pas de soins particuliers", précise le directeur de l'enquête, cité par L'Union.

J'avais l'impression qu'il s'était passé quelque chose mais je voulais être sûre avant d'accuser quelqu'un

La veille du viol présumé, le mannequin souffrant d’épilepsie le surprend, assis sur son lit, en train de lui caresser le bras, rapporte Le Parisien, qui livre le récit du procès.

L'infirmier, alors âgé de 49 ans, est insistant : il dit et rappelle à la patiente qu'il compare physiquement à Julia Roberts que sa pathologie lui provoque des troubles de la mémoire.

Le lendemain, Laetitia se sent "comateuse", elle est sous antiépileptique, antihistaminique et anxiolytique. 

Des traces de sperme de l'infirmier

Dans ce brouillard, elle entend "la porte s'ouvrir, le bruit d'un bouton-pression", rapporté par Le Parisien, puiselle a senti ses mains sur elle, puis sous son legging. Et puis, "il a mis ses doigts dedans, je l'entends dire 'T'es mouillée'."

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"J'ai senti tout son poids sur moi. J'étais comme enfermée en moi-même, je ne pouvais pas bouger, j'avais l'impression de me débattre mais je ne pouvais rien faire du tout. Je l'entends dire 'Je te vois pas', parce que j'étais couchée sur le ventre. Je sens tout son poids sur moi", décrit-t-elle douloureusement, avant de répéter :  "Il m'a violée… Il m'a violée…".

Au réveil, Laetitia ressent des douleurs dans le bas du ventre. En se rendant aux toilettes, elle réalise saigner légèrement. "J'avais l'impression qu'il s'était passé quelque chose mais je voulais être sûre avant d'accuser quelqu'un", poursuit-elle à la barre. Quelques minutes plus tard, elle reçoit un SMS d'un numéro inconnu et sur lequel il est inscrit "Désolé ma belle". Le numéro a été authentifié comme celui de l'infirmier désormais âgé de 51 ans.

J'ai perdu mon travail, je ne peux plus être mannequin car mon IMC est trop bas, je suis partie de la région parisienne, je suis devenue agoraphobe, le moindre bruit me fait sursauter

Le 8 février, trois jours après les faits présumés, Laetitia demande à son médecin si ses médicaments pouvaient lui provoquer des hallucinations. Il lui assure que non.

Elle demande aussitôt à voir un gynécologue, persuadée désormais qu'il y a eu viol. Ces examens gynécologiques ainsi que des analyses de l'ADN prélevé sur son linge décèleront des traces de spermes de l'infirmier dans son vagin et sur trois de ses culottes.

"Anéantie"

L'événement l'a "anéantie", assure Laetitia, qui énumère : "J'ai perdu mon travail, je ne peux plus être mannequin car mon IMC est trop bas, je suis partie de la région parisienne, je suis devenue agoraphobe, le moindre bruit me fait sursauter."

Je ne peux plus voir de médecins

On apprend lors de ce procès que cette agression présumée en a fait resurgir une autre, celle que lui a fait subir son grand-père, alors qu'elle était âgée de trois ans. "J'ai essayé de me faire accompagner mais je n'y arrive pas, confie-t-elle aussi. Je ne peux plus voir de médecins".

Le suspect déjà condamné pour agression sexuelle

L'infirmier a dans un premier temps nié toute relation sexuelle avec la patiente. Il parle aujourd'hui de "relation consentie", et assure même que c'est Laetitia qui lui aurait fait des"avances".

La défense s'appuie également sur un rapport d'expertise psychologique et avance que Laetitia exagère les conséquences de ces faits sur son actuelle dépression. La version de l'accusé sera entendue par le tribunal ce lundi 21 septembre au matin. Et le verdict sera rendu ce même lundi, dans la soirée.

Limogé de cet hôpital dans lequel il travaillait de nuit depuis 2006, l'infirmier a déjà été condamné en 2012 pour "agression sexuelle sur personne vulnérable". Les faits s'étaient déroulés dans un autre établissement, à Nanterre, sur une patiente sédatée.