Le ministère algérien de la communication a décidé, lundi 21 septembre, de « ne plus autoriser » la chaîne de télévision privée française M6 à opérer en Algérie, au lendemain de la diffusion d’un documentaire sur le mouvement de protestation populaire Hirak dans ce pays.
Dans un communiqué, le ministère de la communication accuse ce documentaire – intitulé L’Algérie, le pays de toutes les révoltes – de « porter un regard biaisé sur le Hirak » et d’avoir été réalisé par une équipe munie d’une « fausse autorisation de tournage ». « Ce précédent nous conduit à décider de ne plus autoriser M6 à opérer en Algérie, sous quelque forme que ce soit », affirme le ministère.
Dans un communiqué publié mardi, M6 a contesté ces accusations et assuré que ce reportage, diffusé dans le magazine « Enquête exclusive », a bien été réalisé par une équipe qui bénéficiait d’une autorisation de tournage délivrée initialement en mai 2018 et prolongée plusieurs fois jusqu’en 2019. L’équipe de tournage a d’ailleurs « été contrôlée à plusieurs reprises par les autorités algériennes », qui l’ont laissée travailler au vu de cette autorisation, selon la chaîne.
En revanche, d’autres demandes d’autorisation présentées par « Enquête exclusive » en mars 2020, pour pouvoir filmer des séquences en plateaux depuis Oran, ont, elles, été refusées par les autorités algériennes et elles « n’ont donné lieu à aucun tournage en Algérie », assure la chaîne.
« Clichés les plus réducteurs »
Le reportage de soixante-quinze minutes – filmé par moments avec des « caméras discrètes » – expose les témoignages de trois jeunes Algériens sur l’avenir de leur pays, en proie à un soulèvement inédit depuis février 2019. La crise sanitaire a entraîné la suspension des marches du Hirak à la mi-mars.
Le ministère de la communication fustige des « témoignages insipides », des « clichés les plus réducteurs » et « une somme d’anecdotes sans profondeur ». L’une des protagonistes de l’enquête, Noor, une youtubeuse connue en Algérie, a expliqué lundi sur les réseaux sociaux qu’elle regrettait avoir participé au documentaire et a déploré « le manque de professionnalisme » de la chaîne française.
Selon le communiqué algérien, « une journaliste franco-algérienne a assuré la réalisation du film, avec l’aide d’un “fixeur algérien”, munis d’une fausse autorisation de tournage », une infraction « au demeurant sévèrement sanctionnée ». Le ministère promet d’engager des poursuites contre les auteurs du reportage pour « faux en écriture authentique ou publique ».
« M6 renouvelle sa confiance au producteur (du reportage) Patrick Spica ainsi qu’aux journalistes qui ont réalisé cette enquête dans le respect des principes déontologiques attachés à leur profession », a, de son côté, déclaré la chaîne, ajoutant que « les évolutions de la société algérienne constituent un sujet d’intérêt général qui mérite d’être traité dans le cadre du droit légitime à l’information du public ».
Dans le même élan, M6 « demande aux autorités algériennes de revenir sur leur position de boycott afin de poursuivre de façon objective et sans aucune polémique sa mission d’information ».
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