“Impossible d’écouter A l’altru mondu, chanson corse d’une suprême mélancolie, magnifiquement interprétée par Pascale Ojeil et Charles Eid, sans se sentir submergé par l’émotion”, écrit L’Orient-Le Jour. Le quotidien libanais partage la reprise d’une chanson des frères Vincenti par une mezzo-soprano et un ténor libanais, en l’honneur des victimes des explosions du port de Beyrouth.
A l’altru mondu, écrite et composée par François Vincenti, chanteur et auteur corse disparu en 2011, “déroule des mots de consolation adressés depuis l’au-delà par un jeune homme décédé à sa mère”. François formait avec son frère Dominique le duo I Fratelli Vincenti (un nom de scène choisi en hommage à leur père Vincent), des légendes de la chanson corse dont le premier disque est sorti en 1964. Le morceau a fourni un écho à “l’incommensurable douleur des mères des disparus du 4 août”, explique L’Orient-Le Jour.
Pascale Ojeil et Charles Eid chantent en corse. Des photographies d’habitants et de rues de Beyrouth défilent dans la vidéo. Le résultat a dépassé les 7 200 vues sur YouTube et les 70 000 vues sur la page Facebook de l’association Achrafieh 2020, pour laquelle la vidéo a été réalisée. Celle qui travaille aussi à la Banque du Liban confie au quotidien francophone :
Comment adoucir leur peine, sinon en leur disant que leur enfant est désormais dans un monde meilleur, à l’abri des atrocités que nous vivons dans ce pays ? Et quel meilleur moyen pour leur transmettre ce message que la musique, la plus noble des expressions de compassion ?”
“Dimension universelle”
Parmi tous les commentaires reçus par Pascale Ojeil et Charles Eid, les filles des compositeurs corses ont partagé leur émotion à l’écoute de cette interprétation. Dans un message publié sur YouTube, elles écrivent : “Votre douceur, votre sincérité et celles de ceux qui vous accompagnent touchent au sublime, à l’indicible. La puissance de cet hommage à votre peuple meurtri a donné à cette chanson toute sa dimension universelle.”
Quotidien francophone libanais né en 1971 d’une fusion entre L’Orient et Le Jour, il est l’un des journaux en langue étrangère les plus lus dans le pays et au sein de la diaspora libanaise, notamment francophone. Souverainiste et défenseur des libertés, surtout durant la période de tutelle syrienne (1990-2005), il a longtemps été perçu comme le journal de l’élite chrétienne de droite. Mais il s’est repositionné ces quinze dernières années, renouvelant son équipe rédactionnelle et introduisant une version anglophone de son site, baptisée L’Orient Today. Il reste aujourd’hui l’un des journaux les plus opposés à l’influence croissante du Hezbollah, parti chiite armé soutenu par l’Iran.