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Valenciennes: ils ont brûlé vif un homme, mais la justice écarte l’acte de barbarie

Avec des peines de huit et neuf ans de prison, Kévin Minne et Jacym Hadjou ont bien été reconnus coupables d’avoir grièvement brûlé un Valenciennois avec un rouleau de papier absorbant enflammé pendant qu’il était inconscient. Mais ce n’était pas un acte de barbarie ou de torture aux yeux de la cour d’assises à Douai.

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Il semblait y avoir une évidence depuis l’ouverture, lundi, du procès de Kévin Minne et de Jacym Hadjou. Peut-être même une seule, tant de nombreuses incertitudes planaient sur les débats : en étant réduit à l’état de « torche humaine » par un rouleau de papier absorbant enflammé, celui que les habitants de l’avenue de Liège surnommaient « Tonton » avait été victime d’actes de barbarie et de torture la nuit du 9 au 10 septembre 2016.

Cette évidence, aucun des avocats de la défense ne l’avait contestée, chacun s’attachant plutôt à en faire porter le poids sur la partie adverse. « On sait bien que ce qu’a vécu Tonton, c’est abominable ! », avait ainsi tempêté Me Baron, au nom de Kevin Minne. Ce dernier reconnaissait des violences sur son voisin, par ailleurs handicapé. Mais pas les brûlures qui avaient conféré à l’affaire sa dimension criminelle  : après être resté plongé dans un coma artificiel durant un mois, Tonton garde la trace indélébile des greffes de peau qu’il a dû subir, de l’abdomen au thorax.

« Brûler un homme assis, sans défense qui venait d’être violenté… Je ne conteste pas l’acte de barbarie. Un homme a grandement souffert. Sa souffrance doit être respectée ! », avait plaidé Me Demory. Tout en demandant à ce que son client, Jacym Hadjou, ne soit condamné que pour les vols qu’il avait reconnus. Avant de requérir treize ans de réclusion criminelle à l’encontre des deux accusés, l’avocate générale, Lucile Moutier, avait pris la peine de rappeler qu’il n’existe « pas de définition juridique de l’acte de torture ou de barbarie ». Autrement dit, c’est la jurisprudence qui permet d’en esquisser les contours. « Et on est en plein dedans ! », assurait la magistrate. « Il y a une volonté presque sauvage et barbare de faire mal à la victime, notait aussi l’avocate générale. C’est un acte dénué de toute humanité. On est au-delà des violences aggravées. »

La cour en a décidé autrement en condamnant Kévin Minne et Jacym Hadjou à huit et neuf ans de prison pour vol avec violences en récidive ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours. Pourquoi l’acte de barbarie et de torture a-t-il été écarté ? Les deux accusés ont bien été reconnus coupable d’avoir brûlé la victime. Mais l’élément moral, autrement dit, la volonté de faire souffrir la victime, n’était pas établi aux yeux de la cour d’assises du Nord.

Les accusés ou le parquet général ont dix jours pour interjeter appel.

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