Panique sexuelle et découverte du clitoris : épisode • 2/4 du podcast Au-delà du clitoris

Vue d'ensemble des organes voluptueux féminins, 1908, Heinrich Bayer - Wikimedia Commons
Vue d'ensemble des organes voluptueux féminins, 1908, Heinrich Bayer - Wikimedia Commons
Vue d'ensemble des organes voluptueux féminins, 1908, Heinrich Bayer - Wikimedia Commons
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Au XVIème siècle si le clitoris est redécouvert scientifiquement son usage est peu à peu strictement contrôlé.

A la fin du XVIème siècle, le clitoris fait son grand retour sous le scalpel des anatomistes. Il faut faire surgir la vérité du corps, en le nommant, en le disséquant. Elsa Dorlin précise d'ailleurs que "L'ensemble de la réflexion se concentre sur l'utérus. Le sexe, les lèvres, le clitoris, et la question du plaisir sont totalement éradiquées ou alors criminalisés. Toute la question du plaisir féminin devient le signe d'une féminité pathologique." Présents dans des manuels d’anatomie, ils sont nombreux à en revendiquer la paternité. Ainsi Gabriele Fallopo en 1561 déclare : « Ce pudendum est si petit si caché que je fus le premier à le découvrir».

Le grand anatomiste Vésale conteste le fait même qu’il y ait là une découverte anatomique voire un organe, à moins qu’il ne soit de forme pathologique et à rattacher aux corps monstrueux des chimères et hermaphrodites. Katherine Park, pionnière de l’histoire détaillée du clitoris, rappelle que les planches anatomiques de Vésale présentent une matrice ressemblant en tout point à la verge, en creux. Il ne peut donc y avoir de petit clitoris sauf à doter les femmes d’un petit pénis miniature en sus !

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Et c’est ici qu’une certaine panique sexuelle pénètre les esprits les plus austères et si les femmes faisaient usage de leur clitoris et qu'il était au service d’une vie de  débauche…. comme le rappelle Delphine Gardey "Le XIXème siècle est le siècle de la grande oppression, on est complètement obnubilé par l'onanisme, la masturbation. La virginité des femmes est une valeur et une vertu et donc il ne faut aucune forme de pollution à cette virginité."

"Les jeunes filles et les jeunes femmes de la bourgeoisie doivent toujours avoir les mains occupées à un ouvrage, la broderie, le dessin, etc., parce qu'on ne veut pas que leurs mains soient inoccupées." nous précise Delphine Gardey. Le dressage des filles et femmes bute sur le clitoris. Le XIXème siècle sera le grand siècle de la contention du sexe des femmes. Gare aux lubriques, aux femmes de mauvaises vies, à la canaille, aux mutantes des colonies, la femme nouvelle doit son salut à une vie saine d’esprit et de corps. A la liberté de penser, il ne faudrait pas  ajouter celle de se toucher  et de  se mouvoir en toute liberté ! Femmes cachez …… ce clitoris.

Avec

  • Delphine Gardey, professeure d'histoire contemporaine à l'Université de Genève et directrice de l'Institut des études genre à la Faculté des sciences de la société.
  • Sylvie Chaperon, historienne, spécialiste d'histoire des femmes, du genre, et des origines de la sexologie.
  • Odile Fillod, chercheuse, conceptrice du modèle stylisé de clitoris en 3D
  • Elsa Dorlin, professeure de philosophie à l’université Paris 8
  • Alain Corbin, historien

Bibliographie

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