LES PLUS LUS
Publicité

Alexandre Grothendieck : le génie des maths qui accoucha de l'écologie

Alexandre Grothendieck fut l'un des plus grands mathématiciens du XXe siècle avant de devenir tête pensante du mouvement antimilitariste et antinucléaire. Sa mue spectaculaire, au début des années 1970, raconte la genèse de l'écologie politique. Ceux qui l'ont vécue avec lui se souviennent. 

Arthur Nazaret , Mis à jour le
Alexandre Grothendieck vivait en ermite au pied du Mont Ventoux, en Provence.
Alexandre Grothendieck vivait en ermite au pied du Mont Ventoux, en Provence. © SICCOLI PATRICK/SIPA

Dans la rivière, certains se baignent. Ils sont là à barboter dans l'Ain, près du pont de Chazey, où il est convenu qu'ils se retrouvent pour aller ensuite manifester contre la centrale du Bugey, à une vingtaine de kilomètres. En cet été 1971, ils sont un peu plus de 10.000. Un homme au crâne lisse regarde à distance. L'air sérieux. Grand. Plutôt costaud. "Ambiance très sympathique de bonne humeur, de camaraderie et de saine liberté, note Alexandre Grothendieck dans la revue Survivre… et vivre. Nombreux baigneurs et baigneuses nus sous un soleil radieux, d'autres en maillot, sans que personne trouve à redire aux uns ni aux autres."

Publicité

A l'époque, la question du nucléaire n'en est pas encore une pour les Français. Un demi-siècle plus tard, Yves Cochet, qui deviendra ministre de ­l'Environnement de Lionel Jospin dans les années 2000, garde un souvenir intact et amusé de l'épisode : "On s'est baignés à poil, qu'est-ce que c'était joyeux!" On devine un soupçon de nostalgie. Rapidement, ce 10 juillet, de petits groupes s'agglutinent autour de Grothendieck. A priori, ce mathématicien reconnu par ses pairs comme un pur génie n'est pas ici dans son monde. Mais, depuis peu, il partage le combat des antinucléaires.

La suite après cette publicité

"Survivre... et vivre"

"Grothendieck était là et tenait oraison permanente, se souvient Cochet qui finissait alors sa thèse de mathématiques. C'était un peu le Sermon sur la montagne, il était assis avec autour de lui une cour d'admirateurs. Il était très radical, c'est ça qui fascinait les jeunes comme moi. Il ne se donnait pas en spectacle, il était en lui-même un spectacle." Au Bugey, certains militants ont des looks de hippies, cheveux longs, torse nu et guitare à la main. Une fois à proximité de la centrale, Grothendieck se saisit du micro. Avec sa voix trahissant un léger accent allemand – il est né à Berlin en 1928 –, il aimerait parler. La sonorisation défaillante met un terme à ses efforts.

La suite après cette publicité

Cette journée restera pour les écologistes comme "l'acte de baptême de l'écologie", ainsi que la qualifie Pierre Fournier, alors journaliste à Charlie Hebdo et instigateur du happening. Un baptême festif suivi d'une soirée qui l'est tout autant. La bande de ­Charlie, le Professeur Choron en tête, s'alcoolise plus que de raison. Les chanteurs et sympathisants de la cause, Maxime Le Forestier notamment, ont bien du mal à se faire entendre. Dans son élan éthylique, Choron fracasse le piano à coups de bouteille.

"

Les gens engagés dans cette mouvance-là lisaient tous Survivre… et vivre

"

Dans sa revue, Grothendieck analyse peu après : "Fournier […] espérait que la Fête de Bugey pourrait marquer le jour de naissance d'un 'Mouvement' français, encore en gestation. Je crois que le temps est mûr en effet, et que l'étincelle aurait pu jaillir dès ce 10 juillet. Ce sera donc pour une autre fois." Qui est au juste ce scribe des premiers temps? Durant une petite poignée d'années, au début des années 1970, Grothendieck sacrifie sa vie pour l'écologie.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

La revue Survivre… et vivre, fondée avec d'autres mais qu'il porte à bout de bras, joue le rôle "d'incubateur" pour "l'écologie naissante", comme l'écrit la chercheuse Céline Pessis dans le livre qu'elle consacre à cette aventure*. Ce journal assez artisanal d'une trentaine de pages précède le lancement de deux autres qui, dans les années 1970, structureront le mouvement : La Gueule ouverte et Le Sauvage. Grothendieck, à sa manière, façonne intellectuellement une nébuleuse qui se cherche. "Les gens engagés dans cette mouvance-là lisaient tous Survivre… et vivre, témoigne José Bové. Ça faisait partie des références. Ce qui était intéressant, c'est qu'il y avait des scientifiques et de la radicalité."

Le professeur Nimbus 

Quelques années plus tôt, Grothendieck mène une vie radicalement différente. En 1966, il reçoit la médaille Fields, l'équivalent dans son domaine du prix Nobel. Son parcours d'"Einstein français", comme la presse aime le surnommer, a été parfaitement raconté par le journaliste Philippe Douroux dans un livre sous-titré Sur les traces du dernier génie des mathématiques**. Pour Cédric Villani, lui aussi médaillé Fields , Grothendieck reste un fantôme et un fantasme. A tel point qu'il lui a discrètement rendu hommage dans une BD intitulée Ballade pour un bébé robot (Gallimard). "Quand je suis entré à l'Ecole normale supérieure, son nom revenait sans arrêt, avec une valeur mystique, presque magique, témoigne-t‑il. Les mathématiques, ce sont surtout des concepts et des mots. Lui écrivait de façon très poétique. Il pouvait travailler vingt heures par jour."

Laurent Samuel, fils du grand mathématicien Pierre Samuel qui était un bon ami de ­Grothendieck, voyait parfois ce dernier venir chez son père. Les Samuel père et fils participeront à la naissance du mouvement écologiste. Laurent témoigne : "Dans les années 1960, il était un peu la caricature du professeur Nimbus, très concentré sur son activité scientifique et un peu indifférent au monde réel."

La vie de Grothendieck semble tracée. Elle sera consacrée à la recherche mathématique. Mais, petit à petit, une mue s'opère. Comme il le note dans sa revue : "Il est assez peu courant que des scientifiques se posent la question du rôle de leur science dans la société." Un jour, un peu par hasard, il découvre que l'institut dans lequel il travaille est, dans une faible proportion, financé par le ministère de la Défense. C'est un point de bascule.

Des échanges aux Etats-Unis et les discussions de Massy

A partir de là, tout change. "Depuis fin juillet 1970, je consacre la plus grande partie de mon temps en militant pour le mouvement Survivre [fondé à Montréal par un groupe de mathématiciens et qui deviendra Survivre et vivre], explique-t-il dans sa revue. Son but est la lutte pour la survie de l'espèce humaine et même de la vie tout court, menacée par le déséquilibre écologique croissant causé par une utilisation indiscriminée de la science et de la technologie, par des mécanismes sociaux suicidaires et […] par des conflits militaires liés à la prolifération des appareils militaires et des industries d'armement."

Grothendieck connaît bien les intellectuels américains. Sa "conversion" vient en partie de ses échanges avec des ­savants vivant de l'autre côté de ­l'Atlantique. A la même époque, le sociologue Edgar Morin se trouve à l'université de Berkeley, en Californie. Lui aussi s'initie là-bas à l'écologie. Les deux hommes auraient pu s'y croiser. Mais ce n'est que des décennies plus tard qu'ils se rencontrent enfin. "J'ai eu seulement une bonne et grande rencontre avec Grothendieck", explique Morin. Lors de cette entrevue tardive, ils tentent de comprendre pourquoi l'un et l'autre ont dû faire face à un mur "d'incompréhension et de rejet", comme le dit le sociologue, qui garde une forte impression de son interlocuteur : "C'est un grand esprit et un grand bonhomme", tranche-t‑il.

"

On sentait qu'un courant de pensée était en train de naître, tout le monde en avait conscience

"

Dans ces années 1970, Grothendieck fait feu de tout bois : il dirige sa revue, s'essaie à la vie communautaire, tient des permanences dans sa maison en meulière de Massy (Essonne), dont le principal agrément est un petit jardin. Pour le reste, c'est spartiate. "Il dormait sur une natte, ce n'était pas d'un confort formidable, il avait un côté ascétique", note Jean-François Pressicaud, militant qui avait fait le déplacement depuis le Limousin. Grothendieck distribue une moisson de revues et de livres rapportés des Etats-Unis aux petits groupes qui se pressent chez lui. "On parlait d'écologie et de non-violence, souligne Jean-François Pressicaud. Je sortais de mon service civique d'objecteur de conscience."

Les discussions de Massy étaient agréables, se remémore une des rares femmes présentes, ­Ségolène Aymé, qui finit alors ses études de médecine et cherche à leur donner du sens. "On retrouvait souvent chez lui des mathématiciens de haut niveau comme Pierre Samuel, Denis Guedj et Daniel Sibony, énumère-t‑elle. On sentait qu'un courant de pensée était en train de naître, tout le monde en avait conscience." 

La revue prospère. Jusqu'à atteindre les 20.000 exemplaires ronéotés, distribués dans les cercles militants. On y parle de pacifisme, d'agro­écologie ; on discute par journal interposé avec Pierre Fournier qui, dans Charlie Hebdo, persévère dans sa veine écologiste. Bref, des connexions se créent.

Un sit-in avec José Bové

Un jour, un jeune homme débarque chez ­Grothendieck pour récupérer de la nourriture bio. Il est à peine majeur, c'est un objecteur de conscience – encore un. José Bové, puisque c'est lui, a récupéré l'adresse par l'un de ses copains parisiens qui viennent à Massy s'approvisionner en piochant leurs denrées dans des sacs en vrac. "Je suis allé dans son garage, c'est là que se déroulait la distribution, se souvient Bové. Grothendieck gérait les stocks de riz complet." Les deux hommes se croiseront une autre fois, sur le plateau du Larzac, où Bové et d'autres luttent contre l'extension d'un camp militaire. "C'était un jour où l'on bloquait une gendarmerie car un juge se trouvait à l'intérieur et voulait expertiser les terres, raconte Bové. ­Grothendieck était venu avec des gens du comité Larzac de Lodève. Nous avons fait un sit-in."

"

Surtout, que ­Grothendieck n'amène pas ses hippies

"

Saclay (Essonne), 13 avril 1972. Un technicien anarchiste avertit la petite bande de Survivre et vivre : le Centre d'études nucléaires, à la réputation sans tache, abrite des fûts de déchets radioactifs fissurés. Grothendieck parvient à se faire inviter par la CFDT. Comme prétexte à sa venue, il est convenu qu'il donnera une conférence sur la recherche scientifique. Comme Charlie Hebdo le rapporte alors sous la plume de Pierre Fournier : "La direction veut bien qu'on philosophe, mais dans la sérénité. Surtout, que ­Grothendieck n'amène pas ses hippies." Il vient donc accompagné des mathématiciens Daniel Sibony et Denis Guedj.

L'assistance compte 300 chercheurs. Rapidement, ils se rendent compte que l'exposé savant vire au procès tranchant. Présente ce jour-là, la physicienne Bella Belbéoch dépeint cet épisode dans La France nucléaire (Seuil), le livre de la chercheuse Sezin Topçu. L'auditoire est vivement interpellé. "Est-ce que vous savez, vous qui êtes là en train de faire de la recherche, que vous avez devant vos yeux des fûts qui sont fissurés avec de la radioactivité? lance le trio. Et ça ne vous intéresse pas!" Puis : "Votre dépotoir, comme tous les dépotoirs de produits radioactifs, n'offre aucune garantie de sécurité." Grothendieck et ses amis veulent "réveiller tous ceux qui font de la science comme les vaches font du lait". Sur le coup, c'est plutôt réussi. L'écho de cet éclat dépasse leurs espérances. Et voilà le centre de Saclay obligé de déménager les fûts. La CGT, peu connue pour son opposition au nucléaire, en vient à rédiger un rapport puis se fend d'un communiqué de "mise au point" et de "mise en garde".

Carottes et sandalettes 

Grothendieck ne s'arrête pas là. D'ailleurs, il ne s'arrête jamais. Il n'entend pas se limiter au cénacle des sachants. Un été, avec l'ethnologue Robert Jaulin et le psychosociologue Serge Moscovici, il écume le sud de la France avec une sorte d'exposition itinérante dénonçant l'"ethnocide" de certaines tribus indiennes. Le fils de Serge Moscovici, Pierre Moscovici, ancien ministre socialiste aujourd'hui président de la Cour des comptes, se rappelle l'estime que son géniteur portait à Grothendieck : "Mon père avait une admiration sans bornes pour les sciences, les maths. Tous deux avaient un peu la même origine : ce sont des déracinés, des heimatlos [Juifs apatrides ayant dû fuir le nazisme]. De brillants intellectuels dont l'insertion dans la société a été difficile. Sans doute mon père s'identifiait un peu à lui. Il y avait entre eux des racines communes, une amitié. J'ai rarement entendu mon père être aussi laudateur sur quelqu'un."

Dans le documentaire d'Hervé Nisic L'Espace d'un homme, le mathématicien Pierre Cartier, un proche de Grothendieck, livre sûrement une clé sur ce personnage dont l'enfance fut si difficile auprès de parents révolutionnaires, anarchistes ukrainiens partis combattre le franquisme en 1936 avant d'être internés en France. "Grothendieck dit lui-même que quand il a retrouvé son père, en 1941 ou 1942, assez fugitivement, [celui-ci] était détruit psychologiquement par cette vie de révolutionnaire professionnel, et sa mère aussi. Elle avait subi tellement de choses, des internements successifs, juste avant la guerre et pendant la guerre. Elle n'espérait plus qu'une chose : survivre, survivre, survivre." Grothendieck fuira la politique avant de devenir un temps, lui aussi, un révolutionnaire, mais de l'écologie.

Lire aussi - SONDAGE. Les Français plébiscitent la transition écologique

Revenons à ce road-trip méridional en compagnie de Moscovici et de Jaulin. Ce dernier essaie de populariser le thème d'"ethnocide" en le comparant à la disparition du monde paysan, menacé par l'édification de villes nouvelles. Le photographe Yves Billon les accompagne. "On avait fait construire des panneaux, je montrais comment le paysage urbain était défait, décrit-il. J'ai des souvenirs de ­Grothendieck mangeant des carottes, c'était un naturaliste, il était végétarien." De quoi faire naître un léger décalage avec la population à évangéliser. "L'accueil était mitigé, reconnaît Billon. On faisait les marchés, les gens ne comprenaient pas bien."

Grothendieck aime se déplacer pour porter la bonne parole. Il va dans des lycées pour discuter, convaincre et bousculer les consciences. Jean-­François Pressicaud le fait venir, en compagnie de Denis Guedj, dans un lycée agricole du Limousin, en le présentant comme médaillé Fields et professeur au Collège de France, ce que Grothendieck fut durant une courte période. C'est dire l'importance de l'invité. Pour la réception de cette sommité, le sous-préfet a tenu à se déplacer.

Un déjeuner doit célébrer cette venue. "Un repas corrézien pantagruélique, que Grothendieck a refusé, ça les avait surpris", s'amuse Pressicaud. Il a débarqué en sandalettes, il y avait déjà là un indice que tout ne se passerait pas exactement comme la sous-préfecture l'avait imaginé. La suite? C'est pire. "La réunion a tourné au pugilat entre ces personnalités qui soutenaient que l'écologie était apolitique et ­Grothendieck qui disait le contraire, qu'on est forcé de parler des problèmes de société quand on parle d'écologie", pointe Pressicaud. Guedj et le sous-préfet sont à deux doigts de s'empoigner, Grothendieck est "beaucoup plus zen", poursuit Pressicaud, qui développe : "Il déroulait imperturbablement son discours. Il estimait que l'écologie reposait sur des bases rationnelles et scientifiques solides. Ça avait été grandiose."

Une "vie d'ermite" 

Daniel Sibony, mathématicien devenu psychanalyste, garde lui aussi en mémoire les interventions de son ami : "Je me souviens d'avoir fait une tournée avec lui dans plusieurs villes pour sensibiliser les gens à l'écologie. J'essayais chaque fois de modérer ses propos extrémistes." Peu à peu, l'envie de convaincre abandonne le mathématicien en rupture de ban. La revue s'arrête en 1975. Grothendieck quitte Massy. S'installe un temps dans l'Hérault, où il enseigne. Puis commence une vie d'errance. Il est logé ici ou là. Chez son ami Jaulin, puis chez un autre.

"

C'était un génie, un cerveau surpuissant, il est devenu complètement fou

"

Ses proches d'alors évoquent une "quête de mysticisme", une "vie d'ermite" qui le voit se retirer du monde chaque année un peu plus, demeurant dans un profond dénuement tout en continuant à noircir des pages de calculs mathématiques. ­Ségolène Aymé, aujourd'hui ­directrice de recherche émérite à l'Inserm, n'a rien oublié de cette période : "Il devenait un ayatollah. Pour lui, les hommes n'avaient besoin que d'eau, d'un toit, de vêtements. Tout le reste était superflu. Il était inadapté au monde, dans la réflexion pure. Tout ce qui était terrestre lui était étranger, il avait versé dans la macrobiotique, il était maigre comme un clou. C'était un génie, un cerveau surpuissant, il est devenu complètement fou."

Vingt ans avant sa mort en 2014 dans un petit village de l'Ariège, Alexandre Grothendieck brûla presque toutes ses archives dans un grand bidon de 200 litres. De cet immense brasier, il ne préserva que ses écrits mathématiques. Comme si, tout bien pesé, seule cette partie de sa vie comptait.

* "Survivre et vivre, critique de la science, naissance de l'écologie", L'Échappée.
** "Alexandre Grothendieck – Sur les traces du dernier génie des mathématiques", Allary Éditions.

Alexandre Grothendieck en cinq dates

  • 1928 : Naissance à Berlin
  • 1966 : Médaille Fields, distinction la plus prestigieuse en mathématiques
  • 1970 : Démission de l'Institut des hautes études scientifiques, fondation du groupe Survivre et vivre et de la revue du même nom
  • 1988 : Retraite de son poste de professeur à l'université de Montpellier
  • 2014 : Mort à Saint-Lizier (Ariège), après vingt-cinq ans d'une vie de quasi-ermite

Contenus sponsorisés

Sur le même sujet
Emmanuel Macron.
Politique

Discours de Macron à la Sorbonne, grand oral de Bardella, Maréchal et Bellamy… Les 4 infos dont vous allez entendre parler demain

Chaque soir, le JDD vous présente les infos dont vous allez entendre parler le lendemain : le discours à la Sorbonne du président de la République ; le grand oral de Jordan Bardella, Marion Maréchal et François-Xavier Bellamy ; le meeting de Marie Toussaint à Strasbourg ; la conférence de presse sur la sécurisation de la cérémonie d’ouverture des JO.

Publicité