Marlène Schiappa annonce des mesures contre le harcèlement de rue

En déplacement à Strasbourg ce mercredi, la ministre a demandé un effort sur les verbalisations et la création de 80 postes de référent sur l’ensemble du territoire pour épauler la police.

 « Dès lors qu’on voit qu’une femme est entravée dans sa liberté de circuler, j’invite les témoins à contacter la police ou la gendarmerie », a déclaré Marlène Schiappa.
« Dès lors qu’on voit qu’une femme est entravée dans sa liberté de circuler, j’invite les témoins à contacter la police ou la gendarmerie », a déclaré Marlène Schiappa. LP/Olivier Corsan

    C'est une visite au pas de course qu'a effectuée la ministre déléguée à la Citoyenneté à Strasbourg, ce mercredi matin : arrivée au commissariat et échanges avec les forces de l'ordre sur la prise de plainte des victimes de violences sexistes et sexuelles, point presse, déambulation d'une dizaine de minutes dans les rues aux côtés de la maire… le tout en trois heures chrono. Un timing express à l'image de l'organisation de ce déplacement de Marlène Schiappa dans la capitale alsacienne, annoncé la veille. Une venue sans doute précipitée par l'affaire de cette jeune femme de 22 ans agressée, selon ses dires, par trois hommes dans l'indifférence générale parce qu'elle portait une jupe, en plein après-midi du 18 septembre dernier à Strasbourg.

    Des faits présumés que la ministre déléguée à la Citoyenneté a commentés sur les ondes de France Bleu Alsace ce matin : « Une femme n'est jamais frappée parce qu'elle porte une jupe. Elle est frappée parce qu'il y a des gens sexistes, misogynes et violents. Imaginez la charge mentale écrasante pour une femme si elle doit réfléchir chaque matin à sa façon de se vêtir. » Avant d'encourager les témoignages : « Dès lors qu'on voit qu'une femme est entravée dans sa liberté de circuler, qu'un homme ou un groupe d'hommes tente de l'humilier, de la suivre, j'invite les témoins à contacter la police ou la gendarmerie. » Une courte déclaration avant d'écarter le sujet face à la presse, à la mi-journée, renvoyant « à l'enquête en cours suite au dépôt des plaintes de cette étudiante ».

    « 1800 contraventions ont été dressées en France en deux ans »

    Marlène Schiappa s'est en revanche montrée beaucoup plus diserte au moment de dresser le bilan de la loi relative à l'outrage sexiste promulguée en août 2018 : « Le ministre de l'Intérieur et moi avons demandé aux préfets de s'organiser pour doubler le nombre de verbalisations pour harcèlement de rue dans les prochains mois. C'est compliqué puisque pour que l'infraction soit établie, il faut qu'il y ait un flagrant délit. Pour l'heure, 1800 contraventions ont été dressées en France en deux ans et 27 dans le Bas-Rhin. »

    Un département où les outrages sexistes semblent en recrudescence depuis le début de l'année selon les constats des associations alsaciennes d'aide aux victimes. « Il n'y a pas un problème de harcèlement propre à Strasbourg. La parole se libère et les dénonciations aussi grâce au travail des acteurs sociaux mais aussi avec la création de groupes sur les réseaux sociaux », a commenté ce matin la maire écologiste Jeanne Barseghian. Dans sa volonté d'encourager les dépôts de plainte des victimes, l'élue pourra prochainement compter sur l'installation d'un intervenant social au sein de l'Hôtel de Police de Strasbourg.

    « Le recrutement est en cours pour une prise de poste en 2021. Son rôle sera d'améliorer le dialogue entre la police et les victimes au moment de la prise de plainte et ensuite de les orienter vers des associations. A terme, 80 intervenants sociaux seront déployés sur l'ensemble du territoire » a annoncé Marlène Schiappa. Une ministre qui a salué le travail effectué par les autorités locales contre les violences faites aux femmes « avec les arrêts de bus à la demande dont on pourrait s'inspirer au niveau national » mais aussi « la formation de la police municipale strasbourgeoise afin de mieux identifier les flagrants délits en cas de harcèlement de rue. »