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Par peur du Covid-19, Pyongyang exécute un fonctionnaire sud-coréen

Déjà très épineuses depuis des mois, les relations entre Séoul et Pyongyang risquent de nouveau de se détériorer dans les prochaines semaines après la mort, dans des conditions troubles, en début de semaine, d'un Sud-coréen de 47 ans.

Le Ministère sud-coréen de la défense a révélé qu'un employé du Ministère des océans et de la pêche avait été abattu en début de semaine sur ordre de l'exécutif nord-coréen.
Le Ministère sud-coréen de la défense a révélé qu'un employé du Ministère des océans et de la pêche avait été abattu en début de semaine sur ordre de l'exécutif nord-coréen. (SIPANY/SIPA)

Par Yann Rousseau

Publié le 24 sept. 2020 à 07:10

Déjà très délicates depuis des mois , les relations entre Séoul et Pyongyang risquent de nouveau de se détériorer dans les prochaines semaines après l'annonce, ce jeudi, de l'exécution, dans des conditions troubles, d'un fonctionnaire sud-coréen tombé aux mains de militaires du Nord.

Dans un communiqué, le Ministère sud-coréen de la défense a révélé qu'un employé du Ministère des océans et de la pêche avait été abattu en début de semaine sur ordre de l'exécutif nord-coréen après avoir été repéré en mer dans une zone frontalière que se disputent les deux nations. « La Corée du Nord a trouvé l'homme dans les eaux et a commis un acte de brutalité en tirant sur lui et en brûlant son corps, selon une analyse minutieuse des divers renseignements de notre armée », a expliqué le ministère.

L'homme de 47 ans avait disparu lundi, en fin de matinée, d'un navire travaillant près de l'île de Yeonpyeong. Ses collègues, qui avaient retrouvé ses chaussures sur le pont du bateau, avaient exclu la possibilité d'un accident pour privilégier l'hypothèse d'une fuite volontaire vers la Corée du Nord. Des patrouilles dépêchées dans la zone par Séoul auraient brièvement aperçu l'homme le lendemain près des côtes du Nord.

Toujours dans l'eau, il était alors interrogé par un militaire nord-coréen resté lui à bord d'un bateau. Après quelques minutes, les soldats l'auraient abattu avant de verser de l'essence sur son corps toujours immergé et d'y mettre le feu. Selon l'agence Yonhap, ils cherchaient ainsi à éviter une éventuelle contamination au covid-19.

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« Zone tampon »

Pyongyang, qui ne dispose pas d'un réseau de santé capable de faire face à l'épidémie, a fermé sa frontière avec la Chine dès janvier et a décrété, ensuite, un état d'alerte maximale pour éviter toute diffusion de la maladie sur son territoire. Début septembre, Robert Abrams, le commandant des forces américaines en Corée (USFK) avait révélé que le régime de Kim Jong-un avait même créé, ces derniers mois, une nouvelle « zone tampon, d'un ou deux kilomètres sur la frontière chinoise » afin de limiter au maximum les passages clandestins entre les deux pays. « Ils ont des forces spéciales nord-coréennes sur place […] qui ont reçu l'ordre de tirer pour tuer », avait assuré le militaire, lors d'une conférence organisée par le think tank CSIS. Jusqu'ici, Pyongyang n'a officiellement reconnu aucune infection au coronavirus.

Dans son communiqué, le Ministère de la défense sud-coréen dit exiger des explications officielles de Pyongyang sur l'incident. « Nos militaires condamnent fermement une telle atrocité et veulent que la Corée du Nord punisse les responsables », a insisté le gouvernement.

Des négociations au point mort

C'est la première fois depuis juillet 2008 qu'un civil sud-coréen est abattu en Corée du Nord. Il y a douze ans, une touriste sud-coréenne de 53 ans avait été tuée par balles par un garde nord-coréen près du site touristique du mont Kumgang alors qu'elle se promenait en dehors d'une zone sécurisée. Sa mort, qui avait choqué l'opinion publique sud-coréenne, avait entraîné une longue et profonde dégradation des relations entre les deux nations et gelé leurs échanges sur le dossier du nucléaire nord-coréen.

Après un bref réchauffement des relations bilatérales et l'organisation, en 2018 et 2019, de plusieurs sommets historiques entre Kim Jong-un, Donald Trump et Moon Jae-in, le président sud-coréen, les négociations sur le démantèlement de l'arsenal atomique de la dictature sont au point mort.

Yann Rousseau

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