L’App Store d’Apple contestée par les éditeurs de presse français

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Les éditeurs de presse français et européens ont publié jeudi une lettre ouverte au patron d'Apple, Tim Cook, dans laquelle ils dénoncent la commission "excessive, inéquitable et discriminatoire" prélevée par le géant américain sur sa plateforme d'applications mobiles, l'App Store. Apple applique une commission de 30% sur les achats et abonnements des consommateurs via l'App Store (un niveau qui peut tomber dans certaines conditions à 15%), la plateforme d'applications pour iPhone et iPad. Dans leur lettre ouverte, les principales organisations professionnelles de la presse européenne (dont la "European Newspaper Publishers' Association"), et les représentants français (le Syndicat des éditeurs de la presse magazine, l'Alliance de la presse d'information générale, la Fédération nationale de la presse d'information spécialisée, ainsi que le GESTE et le SPIIL pour la presse en ligne) se joignent au concert de critiques contre la marque à la pomme. "Non content de détenir désormais une position incontournable, Apple s'entête à maintenir la commission originelle de 30% perçue sur le chiffre d'affaires généré par les contenus en ligne mais également à interdire l'utilisation de moyens de paiement alternatifs hors l'application (...) et refuse enfin de donner accès à des données essentielles des consommateurs", se plaignent-ils.

Dans le cas de la presse, les éditeurs n'ont aucun moyen de contacter les lecteurs qui se sont abonnés à leurs titres via l'App Store, soulignent-ils, y compris pour leur proposer des contenus ou promotions. "Un non-sens tant pour l'éditeur de contenu, que pour le consommateur privé de lien avec son éditeur", et même Apple qui perd potentiellement au passage des recettes additionnelles, protestent les signataires. En outre, "en menaçant la viabilité des éditeurs", qui évoluent sur un marché économiquement fragile, "la commission à 30% réduit la capacité des consommateurs à avoir accès à une information de qualité", disent-ils. Enfin, cette commission "a des effets anticoncurrentiels significatifs en raison de son caractère excessivement élevé, inéquitable et des conditions discriminatoires dans lesquelles elle est appliquée", plaident-ils. De son côté, Apple a expliqué à de nombreuses reprises que cette commission sert à assurer le bon fonctionnement de l'App Store et la sécurité des transactions des utilisateurs.

Deezer, Spotify, Tinder, Epic Games aussi...

Par ailleurs, une douzaine d'entreprises, dont Deezer et Spotify, se sont alliées contre Apple, qu'elles accusent elles aussi d'abus de position dominante sur sa plateforme de téléchargement des applications mobiles, d'après un communiqué publié jeudi à Bruxelles et Washington. "Les gardiens qui opèrent les magasins d'applis ne doivent pas abuser du contrôle dont ils profitent", déclarent les sociétés. L'union comprend aussi Match Group, qui détient l'appli de rencontres Tinder, et Epic Games, l'éditeur de Fortnite, déjà engagé dans une bataille juridique et médiatique contre le fabricant de l'iPhone sur le même sujet. Apple et les autres plateformes "doivent accepter une supervision pour s'assurer que leurs comportements favorisent un marché compétitif et proposent aux consommateurs un choix équitable", ajoutent les entreprises rassemblées sous la bannière "Coalition for App Fairness" ("Coalition pour l'équité entre applis"). L'association veut faire évoluer la règlementation sur les magasins d'applis. Elle reproche aux opérateurs de plateformes mobiles - principalement Apple (iOS) et Google (Android) - d'être à la fois juges et parties et d'écraser la concurrence en favorisant leurs propres produits.

Epic Games et Apple s'affrontent depuis plusieurs semaines sur la commission de 30% qu'Apple prélève sur les achats des consommateurs via l'App Store. L'éditeur du très populaire jeu de tir et de survie Fortnite a tenté en août de contourner la technologie de paiement d'iOS, le système d'exploitation d'Apple, et a intenté un procès au fabricant de l'iPhone, qu'il accuse de pratiques anti-concurrentielles. Apple a aussitôt retiré Fortnite de l'App Store, et une juge lui a donné raison sur ce point, puisqu'il y avait rupture de contrat. Le géant californien a expliqué à de nombreuses reprises que cette commission sert à assurer le bon fonctionnement de l'App Store et la sécurité des transactions des utilisateurs. "Le procès intenté par Epic n'est jamais qu'un désaccord financier basique", a argumenté Apple dans une plainte déposée début septembre pour demander des dommages et intérêts à l'éditeur. "Bien qu'Epic veuille se faire passer pour un Robin des Bois moderne des entreprises, c'est en réalité une société qui vaut plusieurs milliards de dollars et qui ne veut rien payer pour l'App Store, même si elle en dégage énormément de valeur", ont poursuivi les avocats du groupe. Les revenus générés par Fortnite ont augmenté en août, malgré un manque à gagner dû à son éviction des magasins d'applications Apple et Google, selon une étude de référence de l'analyste Superdata publiée mercredi.

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