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Médicament contre le Covid-19: l’Institut Pasteur de Lille découvre une molécule efficace

L’Institut Pasteur de Lille a identifié en laboratoire une molécule efficace contre le coronavirus déjà présente dans un médicament sur le marché. Cette découverte fondamentale doit être confirmée par un essai clinique. « Si tout va bien, un traitement sera disponible début 2021 ». L’espoir est immense.

Temps de lecture: 3 min

Une aiguille découverte dans une botte de 2 000 molécules différentes. Mais quelle aiguille ! « Nous avons démontré in vitro (en laboratoire) qu’une molécule présente dans le principe actif d’un médicament existant est active contre le coronavirus. Nous l’avons testée sur des cellules humaines du poumon et les résultats se sont révélés très prometteurs », lâche le Pr Benoît Déprez, directeur scientifique de l’Institut Pasteur de Lille (IPL).

Benoit Déprez, directeur scientifique de l’IPL 
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Nous avons prouvé que son principe actif peut tuer le virus à une concentration trente fois inférieure à celle qui est basiquement proposée…
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Benoit Déprez, directeur scientifique de l’IPL : « Nous avons prouvé que son principe actif peut tuer le virus à une concentration trente fois inférieure à celle qui est basiquement proposée… »

Une avancée majeure, fruit d’un travail de recherche mené depuis mars par « un commando anti Covid-19 » avec le concours de la start-up Apteeus, spécialisée dans le repositionnement de médicaments. « Ce qui est très intéressant, c’est que nous pouvons avancer très rapidement car ces molécules ont déjà une autorisation de mise sur le marché.  » Le défi est désormais d’entrer directement dans la phase d’évaluation de leur efficacité, « de faire la preuve sur l’humain ».

Pour bien comprendre : le médicament ciblé par les chercheurs de Pasteur Lille, produit par « un petit laboratoire européen », existe pour d’autres usages. « Nous avons prouvé que son principe actif peut tuer le virus à une concentration trente fois inférieure à celle qui est basiquement proposée… » Peu ou pas d’effets secondaires, ni d’interaction médicamenteuse à craindre et une réelle facilité de prise, affirme Benoît Déprez. « Ni piqûre, ni besoin de l’aide d’un personnel soignant. »

« Il agit comme un anti-viral »

Pour lancer les essais, l’IPL se doit de collecter cinq millions d’euros. Le tout dans un contexte paradoxal où les attentes sont énormes mais où les pouvoirs publics semblent quelque peu échaudés (effet hydroxychloroquine  ?). « Nous allons mener un essai clinique extrêmement rigoureux, respectant toutes les étapes de la procédure… », cadre l’IPL dont les arguments ne manquent pas de force. « Pris aux premiers symptômes de la maladie, ce médicament réduit la charge virale du porteur de la maladie, évite la contagion. Pris plus tard, il contrecarre ses formes graves. Son action est bien celle d’un anti-viral et non celle d’un anti-inflammatoire. »

Le reste est tenu secret. « Nous ne pouvons donner son nom. Les stocks sont limités et nous avons besoin de réserves pour l’essai clinique. Nous souhaitons également éviter toute frénésie. Si cela fonctionne, sa production sera augmentée dans la sérénité et non sur la base d’une demande sauvage. » En cas de réussite, l’accès à ce traitement contre le coronavirus est prévu pour « début 2021 ».

Selon le Pr Benoît Déprez, cette découverte « est pour le moment la seule alternative médicamenteuse qui se positionne dès le début de la maladie ». « L’épidémie est toujours au même niveau qu’en mars, nous sommes dans une guerre de position. Cette molécule pourrait faire changer les lignes. » L’espoir est immense.

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