Près de la moitié des mosquées auraient été détruites ces trois dernières années dans la province chinoise du Xinjiang. Selon un rapport très détaillé publié ce vendredi 25 septembre par l’Institut australien de politique stratégique (Aspi), un centre de recherche créé par le gouvernement australien, environ 16 000 mosquées ont été détruites ou très endommagées ces trois dernières années dans cette Région autonome ouïghoure du Xinjiang.

Près de 10 000 mosquées détruites

Les chercheurs expliquent qu’ils se sont basés sur des photos satellites et sur de multiples « extrapolations » selon des modèles statistiques. Après analyse de 533 mosquées ces trois dernières années, les chercheurs ont comptabilisé la destruction de près de 10 000 mosquées sur un territoire deux fois plus grand que la France pour 21 millions d’habitants.

Certaines autres auraient vu leurs dômes et leurs minarets retirés, selon les chercheurs, qui estiment à 15 500 le nombre de mosquées encore debout au Xinjiang. Depuis des mois des photos sorties clandestinement du Xinjiang montrent de nombreuses mosquées complètement démolies au bulldozer ou partiellement détruites.

Plus d’un million de personnes internées dans des « camps »

« Ce rapport n’est que rumeur et calomnie » a réagi samedi 26 septembre lors d’un point de presse à Pékin Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinoise des affaires étrangères, dénonçant « l’absence de crédibilité » de l’institut et « ses financements venus de l’étranger ». Cette étude a été financée par le département d’État américain. « Le nombre total de mosquées par habitant musulman au Xinjiang est plus élevé que dans nombre de pays musulmans », a-t-il précisé.

Frappé il y a quelques années par plusieurs attentats sanglants attribués à des membres de l’ethnie musulmane des Ouïghours, cet immense territoire semi-désertique mais riche en ressources naturelles, fait l’objet d’une ferme prise en main sécuritaire au nom de la lutte antiterroriste.

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Plus d’un million de personnes y ont été internées dans des « camps », accusent des journalistes, chercheurs et organisations de défense des droits de l’Homme. La Chine, elle, affirme qu’il s’agit de « centres de formation professionnelle » destinés à aider la population à trouver un emploi et ainsi s’éloigner de l’extrémisme religieux. En 2014 toutefois, le leader Xi Jinping avait affirmé qu’il fallait « être sans pitié » contre le « séparatisme » et utiliser « tous les moyens de la dictature » pour y mettre fin.

La Chine va continuer son programme de sinisation du Xinjiang

Un autre rapport de l’Aspi publié jeudi 24 septembre avait réussi à évaluer à près de 380 « le nombre de centres de détention présumés ». Les chercheurs présentent ces établissements, qui auraient des fonctions et des tailles parfois très différentes, comme des « camps de rééducation », des « centres de détention » ou encore des « prisons ».

Le chiffre constitue une augmentation d’environ 40 % des estimations précédentes et « au moins 61 sites de détention ont fait l’objet de nouvelles constructions et de travaux d’agrandissement entre juillet 2019 et juillet 2020 », d’après l’étude.

En dépit de ces nombreuses études et témoignages sur la répression politique, culturelle et religieuse, le leader chinois Xi Jinping a conclu deux jours de conférence sur le Xinjiang à Pékin en assurant que la « politique menée est la bonne » et qu’il faudra encore accentuer les efforts pour faire des Ouïgours de bons citoyens chinois « au plus profond de leur âme ».