LGBTphobieAprès leur agression, ce couple appelle à ne plus laisser passer le mot "pédé"

Par Nicolas Scheffer le 30/09/2020
pédé

Le soir de leur fiançailles, ce couple a été victime d'une agression homophobe particulièrement violente. Au delà de l'agression physique, les deux hommes prennent la parole pour que l'homophobie ne puisse plus être tolérée.

Début septembre, Yacine venait tout juste de demander Benjamin en fiançailles quand le couple bordelais a été agressé. D'après les premières informations, la caractérisation homophobe de l'agression n'était alors pas manifeste, même si elle a été requalifié depuis. Depuis, le couple a publié un message émouvant sur Facebook où ils détaillent avoir entendu à plusieurs reprises "sale pédé". Le comédien et son futur mari expliquent en quoi la violence de l'insulte est presque plus forte que les quinze points de suture et le mois d'interruption totale de travail.

"Dire 'sale pédé' ce n'est pas dire 'sale con'"

"Nos agresseurs nous ont dit 'sales pédés' deux fois. Dire 'sale pédé', ce n'est pas dire 'sale con'. Comme dire 'sale juif', ce n'est pas dire 'connard'. Comme dire 'sale pute', ce n'est pas dire connasse. C'est s'attaquer directement à l'identité de la personne. C'est salir son orientation sexuelle, sa religion, son genre. Dire 'sales pédés', c'est cracher sur notre liberté et notre vie", écrit-il sur le réseau social.

Les agresseurs ont répété deux fois cette insulte, gravée à jamais dans la mémoire des deux hommes. La première fois au moment où ils ont volé la bague de fiançailles que Yacine venait de dévoiler à son compagnon. La seconde fois, c'était quelques minutes plus tard, alors même que le couple tentait de se réfugier chez eux à 200 mètres. Yacine pointe que ce n'est pas anodin de voler une bague de fiançailles, l'objet symbolique de leur attachement. "C'est justement après notre bonheur qu'ils en avaient", écrivent-ils.

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La violence physique secondaire

Dans un premier temps, les agresseurs ont attaqué Benjamin dans le dos. Puis, ils s'en sont pris au visage de Yacine avant de repartir. "S'ils avaient voulu nous voler, la clef était dans la serrure. Ils nous auraient menacé en nous mettant le couteau sous la gorge, seraient entrés chez nous et nous auraient cambriolé. Mais ils ne nous ont pas menacé. Ils nous ont attaqué dans le dos au cri de 'sales pédés'", raconte le comédien et son futur mari. "Nous n'avons pas été victime d'un vol dont le 'bonus' serait l'homophobie. Nous avons été victime d'une agression homophobe dont le bonus était le vol".

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Et de rappeler le poids des mots : "'pédé', ce n'est pas un mot en l'air qu'on lance comme ça, sans y penser, comme le disent certains supporters de foot. 'Pédé', ce n'est pas une expression que l'on emploie comme ça, sans arrière pensées comme le disent certains adolescents, non ! 'Pédé', c'est une insulte homophobe, et l'homophobie est un délit", poursuivent-ils.

Certains mots ne passent plus

Ils veulent que la société prenne conscience de l'importance de bannir ces mots. "Comme nous nous sommes débarrassés du mot 'nègre', comme nous nous sommes débarrassés du mot 'youpin', nous devons aujourd'hui nous débarrasser du mot 'pédé'. Nous agresseurs, et au-delà d'eux-mêmes, la société toute entière doit comprendre qu'aujourd'hui, ça ne passe plus". Dans le football, notamment, les termes de 'pédé' et 'd'enculé' sont régulièrement utilisés sous prétexte de culture de tribune. Neymar (déjà poursuivi pour homophobie) aurait insulté Alvaro de "petit pédé" après une insulte raciste lors du Classico. La veille, des banderoles sexistes et homophobes ont été brandies par des supporters du PSG. Mi-août, c'était le parieur sportif Winamax qui faisait dans l'homophobie en tweetant : "On prend l'Europe et on l'encule à deux".

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Crédit photo : Capture d'écran Instagram / Yacine_sif_el_islam