USA : Qui sont vraiment les « Proud Boys », ces suprémacistes blancs soutenus par Donald Trump ?

Violents, misogynes, racistes… Depuis quelques mois, les Proud Boys sèment la terreur aux États-Unis, notamment lors de rassemblements politiques. Leur lien avec l’actuel locataire de la Maison Blanche est de plus en plus trouble.
Proud Boys cover
John Lamparski/SOPA Images/LightRocket via Getty Images

« Proud Boys, mettez-vous en retrait, tenez-vous prêts. » Voilà ce qu’a dit Donald Trump quand, lors du premier débat télévisé face à son adversaire Joe Biden, mardi 29 septembre, le journaliste Chris Wallace lui a demandé de condamner fermement les actes des suprémacistes blancs. L’actuel locataire a d’abord hésité, bafouillé, puis a sorti ces quelques mots. Le groupe d’extrême-droite ne pouvait rêver meilleure publicité. Immédiatement, il a même adopté un nouveau slogan, publié sur les réseaux sociaux : « En retrait, en attente. » « Ce que le président a dit, c’est qu’on pouvait s’en prendre aux ennemis du groupe », a également écrit sur Twitter Joe Biggs, un des leaders des Proud Boys. Car finalement, Donald Trump semblait en effet les approuver.

Pourtant depuis quelques temps, les Proud Boys sèment la terreur dans le pays. Présents dans de nombreuses manifestations politiques et antiracistes, ils s’en prennent violemment, avec des barres de fer ou des armes, aux militants de Black Lives Matter ou encore à ceux qu’ils nomment leurs « ennemis de gauche. » Le groupe d’extrême droite revendique totalement cette violence qui est l’une des bases de son fonctionnement. Elle est, selon lui, le seul moyen de défendre sa vision de la nation.

Les Proud Boys se décrivent comme des « chauvinistes occidentaux ». Leurs idées se résument en quelques axes : la lutte contre l’immigration, la fermeture des frontières, la vénération de la femme au foyer, le droit aux armes à feu, et la valorisation de l’entreprenariat. Le groupe assure ne faire aucune discrimination en fonction de la couleur de peau, la religion ou encore l’orientation sexuelle, mais il est ouvertement misogyne (il est d’ailleurs interdit aux femmes) et intrinsèquement raciste. L'organisation a récemment été décrite comme « un groupe de haine » par le Southern Poverty Law Center, une association qui observe les groupes d'extrême droite. Le FBI l’a quant à lui classée comme « un groupe extrémiste lié au nationalisme blanc. »

Les Proud Boys s’adressent donc exclusivement aux hommes qui n’ont pas peur de jouer les gros bras. D’ailleurs le rituel initiatique du groupe rappelle ceux des fraternités universitaires, avec un degré de brutalité supérieur : pour y entrer, il faut réciter cinq marques de céréales tout en se faisant tabasser par d'autres membres. Il faut aussi prendre part à une bagarre. Enfin, les membres des Proud Boys ont pour interdiction de se masturber ou de regarder de la pornographie. Afin de forger leur caractère.

Ce groupe a été fondé en 2016 par Gavin McInnes, qui a également créé le magazine Vice en 1994 et qui est considéré comme l’un des initiateurs de la mode hipster. Le lien semble difficile à faire entre les deux, même si les Proud Boys ont toujours été reconnus par leur tenue. Comme signe distinctif, ils portent en effet un polo noir et jaune siglé Fred Perry. Pour cette raison, la marque a choisi de ne plus commercialiser ce modèle en Amérique du Nord depuis le mois de septembre 2020. Gavin McInnes a, quant à lui, quitté la présidence du groupe en 2018, tout en y restant impliqué. Mais aujourd’hui, les Proud Boys ont un nouveau leader naturel : Donald Trump.

Mais si la petite phrase du président, lancée pendant le débat, a réjoui les Proud Boys, elle a dérangé jusque dans son camp. Un groupe de sénateurs républicains a même demandé à Trump de clarifier ses propos. Ce qu’il a fait dès le lendemain, en s’adressant rapidement à la presse avant de monter à bord de son hélicoptère présidentiel. « Je ne sais pas qui sont les Proud Boys », a étonnement affirmé le président. « La seule chose que je peux dire est qu’ils doivent se retirer et laisser la police faire son travail », a-t-il ajouté. Mais nul doute que dans cette campagne où rien n’est joué, Donald Trump ne veut pas se mettre les Proud Boys à dos.