Lors de son émission en direct sur CNews du 29 septembre, Éric Zemmour a tranquillement déclaré que les migrants mineurs étaient "des voleurs, des assassins et des violeurs" qu’il fallait "les renvoyer". Cette incitation à la haine raciale provoque un tollé et des plaintes devant le CSA et les tribunaux. Pourtant le polémiste est un récidiviste et le groupe Canal Plus continue à lui laisser libre antenne témoignant de son mépris pour les appels au boycott et son risque de réputation.

 Souvenez-vous il y a un an ou presque, CNews offrait un créneau quotidien à une heure de grande écoute à Éric Zemmour. Il venait pourtant d’être condamné pour provocation à la haine raciale. Il avait prononcé un discours à la Convention des droites, diffusé en direct sur LCI, pour lequel le Parquet de Paris avait ouvert une enquête pour "injures publiques" et "provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence" envers les musulmans. L’indignation et les appels au boycott ciblant les annonceurs n’ont pas remis en cause la décision de CNews de laisser libre antenne à Éric Zemmour.
Il vient donc de revenir pour une seconde saison dans Face à l’Info et a d’ores et déjà dérapé très gravement puisque le 29 septembre il a non seulement déclaré que tous les migrants mineurs "étaient des voleurs, des assassins et des violeurs" et qu’il fallait "les renvoyer" les "empêcher de venir" et sortir de la Convention Européenne des droits humains. Les mêmes causes produisant les mêmes effets. SOS Racisme a saisi le CSA et porté plainte, Élisabeth Moreno, la ministre déléguée à l’Égalité et à la Diversité a saisi le Procureur de la République, et les appels au boycott se sont répandus sur les réseaux sociaux avec le #BoycottCNews. 


À quoi sert cette indignation ?
Mais à quoi sert cette indignation et ces condamnations si elles n’empêchent pas une chaîne de prendre conscience du risque d’exposer son image et sa réputation pour privilégier un bad buzz vecteur d’audience pour amateurs de transgression, le tout au mépris des règles édictées par le CSA et du respect des droits humains, base de la Responsabilité Sociale d’Entreprise (RSE). Tout cela finit par créer une grande confusion sur les limites à ne pas franchir. 
La position victimaire étant aussitôt appelée à la rescousse, la société des Rédacteurs de C NEWS publie un communiqué pour dénoncer l’amalgame avec Eric Zemmour.


"Nous ne sommes pas Zemmour" est supposé faire écho à "Nous sommes Charlie" et mettre en exergue une liberté d’expression si mal employée dans ce cas précis. cela montre à quel point certains médias jouent avec le feu à la veille de la présentation du projet de loi sur les séparatismes ! Les appels à la haine raciale sont en principe condamnés par la justice, encore faudrait-il qu’il soit impossible qu’on leur offre la chambre d’écho d’une chaîne commerciale diffusée sur la TNT ! 
Anne-Catherine Husson-Traore, @AC_HT, Directrice générale de Novethic

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes