Musée des impressionnismes – Giverny

Les peintres américains à la conquête de l’impressionnisme

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Si les Américains ont été les premiers défenseurs de Claude Monet, celui-ci a aussi fait de Giverny une terre d’accueil pour les pionniers américains de l’impressionnisme. S’appuyant sur les trésors de la collection de la Terra Foundation for American Art, une exposition offre un large panorama de l’art moderne aux États-Unis, entre apports européens et singularité.
Alfred T. Bricher, Le Fleuve Hudson à West Point
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Alfred T. Bricher, Le Fleuve Hudson à West Point, 1864

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La Hudson River School et l’exaltation des grands espaces

Pour affirmer les valeurs d’un art national, les peintres américains du milieu du XIXe siècle immortalisent les vastes étendues de leur pays. Dans ce mouvement que l’histoire de l’art a retenu comme la Hudson River School, Alfred Thompson Bricher se distingue par ses vues minutieuses des bords du fleuve Hudson où, malgré son immensité, la nature accueille l’homme avec bienveillance. Comme des photographes explorateurs tel William Henry Jackson, également exposé à Giverny, ces peintres pionniers participent à la conquête du territoire… par l’image.

Huile sur toile • 51,1 x 107,3 cm • Coll. Daniel J.Terra • © Terra Foundation for American Art, Chicago

James Abbott McNeill Whistler, Variations en violet et vert
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James Abbott McNeill Whistler, Variations en violet et vert, 1871

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James Whistler : l’esthétique avant tout

James Abbott McNeill Whistler s’inscrit en rupture avec cette approche naturaliste. Résolument international, c’est surtout entre Paris et Londres que se dessine sa carrière artistique à partir de 1854. Faisant fi des conventions, Whistler ne se soucie pas de la mimesis, donnant à ses paysages des titres musicaux fondés sur les principes de l’art pour l’art. La facture laissée apparente et les choix de format comme de coloris font ainsi entrer de plain-pied le japonisme dans l’art occidental. Aux États-Unis, la révolution Whistler se diffuse par des estampes, qu’il fait éditer à grands tirages.

Huile sur toile • 61,5 x 35,5 cm • Coll.Musée d’Orsay • © RMN- Grand Palais, Musée d'Orsay / Photo Patrice Schmidt

George Inness, L’Été à Montclair
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George Inness, L’Été à Montclair, 1877

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De l’observation à l’émotion

Mais plus encore que Whistler, le plus farouche opposant à la Hudson River School est George Inness. Marqué par Whistler, comme par Camille Corot et les peintres de l’École de Barbizon, George Inness restitue la campagne de Montclair (New Jersey) dans une fantaisie personnelle, se refusant à reproduire la nature telle qu’elle est. Aux vues panoramiques et à la touche léchée de ses prédécesseurs, Inness oppose des cadres plus intimistes et un geste expressif. En s’appuyant sur la mémoire et l’imagination, le peintre cherche avant tout à « éveiller une émotion » chez le spectateur.

Huile sur toile • 106,2 x 85,7 cm • Coll. Daniel J.Terra • © Terra Foundation for American Art, Chicago

Dennis Miller Bunker, Matin dans un village breton, Larmor
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Dennis Miller Bunker, Matin dans un village breton, Larmor, 1884

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Souvenir « tonaliste » de Bretagne

Appartenant à la génération suivante, Dennis Miller Bunker revendique les mêmes influences qu’Inness, mais va s’y confronter directement en France. À Paris où il se rend en 1882, à l’âge de 21 ans, il est l’élève de Jean-Léon Gérôme mais comme nombre de ses contemporains, répète des passages en Normandie et en Bretagne. Face à la nature, Bunker cherche avant tout à tirer une atmosphère lumineuse. La palette est réduite à l’essentiel, les volumes sont simplifiés et leur relief accentué par les contrastes : autant de caractéristiques propres au tonalisme, courant majeur du paysage américain. Mort à 29 ans, Bunker n’a malheureusement pas connu la postérité qu’il méritait.

Huile sur toile • 35,6 x 55,9 cm • Coll. Daniel J.Terra • © Terra Foundation for American Art, Chicago

Willard Metcalf, Le Bassin aux nymphéas
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Willard Metcalf, Le Bassin aux nymphéas, 1887

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Les Américains à Giverny

Lorsque Claude Monet s’installe à Giverny en 1883, le village devient un pôle d’attraction où les peintres du monde entier viennent s’imprégner des paysages vallonnés du Vexin bossu, de la flore changeante et des reflets saisissants qui animent la surface de l’Epte. On y vient surtout pour y trouver le maître impressionniste qui n’est jamais avare d’un regard ou d’un conseil. John Singer Sargent, absent de l’exposition, a précédé ses confrères Theodore Robinson, John Leslie Beck et encore Willard Metcalf qui peint en 1887 un Bassin aux nymphéas, dix ans avant que Monet ne s’intéresse au motif.

Huile sur toile • 30,8 x 38,3 cm • Coll. Daniel J.Terra • © Terra Foundation for American Art, Chicago

John Leslie Beck, Étude d’un jour d’automne, n°2
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John Leslie Beck, Étude d’un jour d’automne, n°2, 1891

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« Les Meules » version américaine

Parmi ces trois jeunes Américains, John Leslie Beck est sans doute celui qui devient le plus intime de Monet, reprenant largement sa palette durant un séjour de deux ans entre 1887 et 1889. De retour à Giverny en 1891, Beck pousse le mimétisme jusqu’à emprunter au Français le thème des meules de foin pour en faire une série, également fondée sur les variations chromatiques au cours d’une journée. Il y applique certes une touche autre, inspirée des néo-impressionnistes, mais le grand Claude ne semble pas y avoir goûté : l’année 1891 marque la fin de la correspondance entre les deux hommes.

Huile sur toile • 3,7 x 41,1 cm • Coll. Daniel J.Terra • © Terra Foundation for American Art, Chicago

William Merritt Chase, Matin sur la digue, Shinnecock
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William Merritt Chase, Matin sur la digue, Shinnecock, vers 1897

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William Merritt Chase ou la naissance d’un style national

Assimiler les apports de l’art moderne français est une étape, les adapter à son pays en est une autre. Parmi les principaux promoteurs de l’impressionnisme aux États-Unis figure William Merritt Chase qui, en compagnie de neuf confrères, rompt avec la très académique Society of American Artists pour fonder le Ten American Painters en 1897. Un an auparavant, Chase ouvrait sa propre école de peinture en plein air, qui allait bientôt devenir la New York School of Art. La vue de la digue de Long Island reprend les enseignements des impressionnistes mais l’horizon bas comme l’étendue vertigineuse du paysage sont autant de particularités signant l’affirmation d’un style national.

Huile sur toile • 101,6 x 127 cm • Coll. Daniel J.Terra • © Terra Foundation for American Art, Chicago

George Bellows, Les Palisades
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George Bellows, Les Palisades, 1909

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Back to Hudson River !

L’Hudson n’a pas fini de fasciner les paysagistes américains. On sent pourtant que du chemin a été fait en une quarantaine d’années, d’Alfred T. Bricher à George Bellows. Le plus jeune n’y guette plus la vie sauvage mais au contraire l’activité humaine et l’agitation constante d’un paysage en mutation. Ici, les hommes s’affairent à construire le Riverside Park à New York et Bellows veut exprimer la fièvre industrielle par une composition dynamique ainsi qu’une matière picturale épaisse. Présent à l’exposition de l’Armory Show en 1913, Bellows est un acteur clé du développement de l’avant-garde aux États-Unis.

Huile sur toile • 76,2 x 96,8 cm • Coll. Daniel J.Terra • © Terra Foundation for American Art, Chicago

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