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Santé

Covid-19 : non, les masques chirurgicaux ne nous intoxiquent pas au CO2

Même des malades atteints de BPCO sévère n'ont pas subi d'effets toxiques après l'effort en portant un masque chirurgical, annoncent des médecins américains.

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Covid-19 : non, les masques chirurgicaux ne nous intoxiquent pas au CO2

Un homme porte un masque chirurgical dans un musée en Russie.

Koen van Weel / ANP MAG / ANP via AFP

Non, les masques ne nous empoisonnent pas avec notre propre CO2, pas même pour les plus fragiles d'entre nous, d'après une nouvelle étude. Même après avoir marché avec des masques chirurgicaux, les patients atteints de broncho-pneumopathie  chronique obstructive (BPCO) n'ont pas subi d'effets négatifs dus aux échanges gazeux.

Des vidéos utilisant des appareils industriels non adaptés

Marcher, prendre les transports, travailler, tant que la pandémie de Covid-19 n'a pas été jugulée, le masque doit être porté. Mais l'inconfort ressenti est régulièrement pris par les détracteurs du port du masque pour de la toxicité. Plusieurs vidéos circulent sur internet, où des personnes mesurent le niveau de CO2 près de leur bouche, avec et sans masque…

Avec des détecteurs de gaz industriels, qui ne sont absolument pas faits pour ça. "Cette machine est un détecteur de gaz portable qui sert à évaluer de potentielles atmosphères dangereuses ou combustibles dans des entreprises, particulièrement dans des pièces, des espaces (…) bien plus large que celui à l’intérieur d’un masque", explique à nos confrères de France24 l'entreprise MSA, qui commercialise certains de ces dispositifs.

"Clark Kent" poste du contenu favorable au mouvement complotiste Q-Anon dans des vidéos YouTube et des posts sur son blog. Dans cette vidéo, il utilise un détecteur MX6 IBRID SIX-GAS Monitor, destiné à l'usage industriel.

Lorsque sur sa chaîne YouTube "Clark Kent" sous-titre une vidéo américaine de ce genre, le protagoniste affirme que son détecteur bipe après avoir réalisé une mesure sous son masque "ça signifie qu'il y a une atmosphère toxique". "Si vous avez mal à la tête, c'est parce que vous manquez d'oxygène", affirme-t-il. En réalité, "quand on utilise la machine derrière son masque, la personne qui le porte va expirer et donc déplacer l’oxygène. Cela entraîne par conséquent le déclenchement de l’alarme", explique l'entreprise MSA à France24.

Pas d'effet délétère du masque, même chez les BPCO graves

A Miami (Etats-Unis), les médecins du Veterans Administration Medical Center a voulu en apporter la preuve, cette fois avec du matériel médical approprié. Lorsque nous inspirons trop de CO2, cela se détecte par capnométrie et oxymétrie de pouls. La première technique mesure l'EtCO2, c'est-à-dire la quantité de CO2 en fin d'expiration, et qui reflètent ce que contient l'air des alvéoles pulmonaires, qui se vident en dernier. La seconde technique se base sur la couleur du sang, qui devient foncé lorsqu'il est mal oxygéné, et qui est mesuré par infrarouge au travers de la peau.

Ces paramètres ont été surveillés chez 15 personnes en bonne santé et 15 autres atteintes de BPCO sévère, qui sont "plus exposés à la rétention de CO2 que les sujets atteints de BPCO moins grave ou d'autres affections pulmonaires", expliquent les médecins. Ils n'ont noté aucun changement majeur de l'un ou l'autre de ces indicateurs au repos. Après six minutes de marche, ils observent une légère baisse de l'oxygénation dans le groupe BPCO grave, "attendue étant donné la gravité de leur maladie", précisent-ils dans la publication, mais pas d'augmentation de la concentration en CO2.

Bien que l'étude soit de faible ampleur avec seulement 30 sujets, les médecins estiment qu'elle "offre un signal clair sur l'effet nul des masques chirurgicaux sur les changements physiologiques pertinents de l'échange gazeux dans des circonstances de routine (repos prolongé, brève marche)".

Un inconfort majoritairement psychologique

"Les masques, notamment chirurgicaux, sont conçus pour être portés pendant une durée de plusieurs heures par les professionnels de santé, sans entraver leurs capacités à travailler, ni altérer leurs capacités respiratoires", rappelle l'Inserm"La dyspnée, la sensation d'essoufflement, ressentie avec les masques par certains n'est pas synonyme d'altération des échanges gazeux. Elle est probablement due à une restriction du flux d'air avec le masque, en particulier lorsqu'une ventilation plus importante est nécessaire (à l'effort)", explique dans un communiqué le Dr Michael Campos, qui a mené ces travaux. L'inconfort ressenti lors de l'utilisation d'un masque chirurgical est plutôt attribuable "à des réactions neurologiques", dues notamment à l'augmentation de la température de l'air inspiré, ou à "des phénomènes psychologiques associés tels que l'anxiété, la claustrophobie ou des réponses affectives à une difficulté respiratoire perçue", concluent les auteurs. Seules solutions : ralentir si l'on est à l'effort, choisir un masque laissant plus d'espace pour respirer, ou l'ôter momentanément si le respect des mesures barrières le permet.

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