Le coronavirus crée ses propres cauchemars

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ÉtudeLe coronavirus crée ses propres cauchemars

Être coincé dans une foule, participer à une fête interdite ou étreindre quelqu’un: ce sont les mauvais rêves liés à la pandémie que font de plus en plus de personnes.

Michel Pralong
par
Michel Pralong
Plus de la moitié des cauchemars analysés dans cette étude avaient trait au coronavirus et aux restrictions qui y sont liées.

Plus de la moitié des cauchemars analysés dans cette étude avaient trait au coronavirus et aux restrictions qui y sont liées.

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La crise sanitaire sans précédent que nous connaissons nous secoue émotionnellement et il était donc logique, comme plusieurs études l’ont déjà montré, qu’elle provoque des cauchemars. Une nouvelle recherche menée par des scientifiques finlandais, non seulement quantifie ces mauvais rêves, mais à découvert des images récurrentes chez bon nombre de dormeurs.

Les scientifiques ont récolté les réponses de 4275 personnes durant la sixième semaine de confinement en Finlande. 28,6% d’entre elles ont déclaré se réveiller au milieu de la nuit plus souvent qu’avant la pandémie et 26% disent faire plus de cauchemars qu’avant, selon les résultats publiés ce 1er octobre dans «Frontiers in Psychology». 811 personnes ont décrit le contenu de leurs mauvais rêves, et il est apparu que 55% de ceux-ci contenaient des éléments spécifiquement liés au coronavirus, comme la distanciation sociale.

56% se disent plus stressés qu’avant

56% des sondés ont déclaré se sentir plus stressés durant cette pandémie (18% beaucoup plus, 38% un peu plus). 21,9% ont dit n’avoir pas senti de changement et 22,1% ressentir moins de stress. Les femmes ont été plus nombreuses à se dire davantage stressées et c’est dans les groupes avec plus de stress que des réveils nocturnes et une augmentation des cauchemars ont été davantage constatés.

Pour analyser le contenu des rêves, les chercheurs ont regroupé les mots utilisés par les participants pour décrire leurs cauchemars. Parmi ces sous-groupes, certains se sont donc avérés directement liés à la pandémie, comme celui intitulé «Non respect de la distance». Parmi les mots figurant dans la description de ces cauchemars revenaient en effet câlin, erreur, poignée de main, distance, interdiction, foule, fête. Les rêveurs se surprenaient en effet à serrer quelqu’un dans leurs bras malgré le conseil de ne pas le faire, ou participer à une réunion ou une fête malgré les consignes de confinement.

Surpeuplement et contagion

Un autre groupe de rêves évoquait des angoisses classiques liées à un voyage (train manqué, valise perdue) mais en y ajoutant à chaque fois la notion de surpeuplement dans les transports ou lieux de vacances, clairement liée à la pandémie. De même, lors de cauchemars liés à la maladie ou la mort, qui existent bien sûr hors pandémie, nombreux étaient ceux qui, cette fois, avaient un lien avec le virus (masque, contagion, symptômes, etc.). Dans d’autres rêves spécifiques au coronavirus apparaissaient aussi les notions de travail ou école à la maison, peur de l’isolement et annulation d’un événement.

Apprendre à affronter nos peurs

Si la pandémie a clairement créé des angoisses partagées par la conscience collective, en faire des cauchemars pourrait toutefois être bénéfique, selon les auteurs de l’étude. Car rêver de ses peurs contribue à faire disparaître ces souvenirs de peur, selon eux. Cauchemarder du coronavirus permettrait donc de s’adapter émotionnellement à cette pandémie. «Les rêves liés à des échecs de distanciation sociale, par exemple, peuvent aider à consolider la mémoire épisodique pour de nouvelles règles comportementales et routines dans des situations sociales». Bref, les rêves nous permettent de nous préparer à des situations de menaces.

Mais attention, l’augmentation de ces troubles du sommeil et des cauchemars est un phénomène à ne pas négliger car les deux sont des signes «connus pour prédire la dépression et une gamme d’autres problèmes de santé mentale». Une conséquence de la pandémie Covid-19 peut donc être, concluent les chercheurs «que la santé mentale soit altérée dans le monde».

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