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La Turquie supprime la plupart des références kurdes dans un manuel d’histoire

TURQUIE / BAKUR – La Turquie ne se contente pas de persécuter et de chasser les Kurdes de leurs terres, elle les efface aussi de l’histoire. En effet, le régime turc efface les rares références historiques citant des Kurdes de son histoire officielle enseignée aux enfants dans le pays.
 
Une controverse a éclaté en Turquie après qu’un certain nombre de références aux Kurdes aient été retirées de la nouvelle version d’un manuel d’histoire destiné aux élèves de l’enseignement secondaire.

Les observateurs ont remarqué cette semaine que plusieurs paragraphes sur la participation des Kurdes aux débuts de l’histoire de l’Islam, inclus dans la version 2019 du matériel de lecture de la neuvième année, ont été retirés de la version 2020 par le ministère turc de l’éducation.
 
« Les premiers Kurdes qui ont accepté l’Islam étaient des hommes d’affaires de la région d’al-Jazira (Cizre, région kurde du sud-est de l’Anatolie) qui allaient en Arabie Saoudite pour le commerce. Plus tard, ces hommes d’affaires kurdes ont répandu l’islam parmi leur peuple », peut-on lire à la page 183 de l’ancienne version du manuel.
 
Cette section du livre, qui couvre la première conversion des Turcs à l’islam pendant la propagation de la religion, indiquait également précédemment que Jaban al-Kurdi, l’un des compagnons du prophète Mahomet, a été la première personne à répandre l’islam parmi les Kurdes.
 
La seule mention des Kurdes qui reste dans le nouveau manuel est un paragraphe de deux lignes, où il est noté que « les tribus kurdes ont été parmi les premières communautés à accepter l’islam ».
 
Cette suppression a suscité la colère de nombreux Kurdes sur les médias sociaux, mais le ministère n’a pas encore expliqué la raison de cette suppression.
 
« Les gens pitoyables [le gouvernement] pensent qu’ils peuvent supprimer l’histoire des Kurdes (…) la retirer des livres », a déclaré l’avocat Dogan Erbas dans un tweet.
 
Le secrétaire général du Parti du mouvement nationaliste (MHP) d’extrême droite, Ismet Buyukataman, a envoyé un message au ministre de l’éducation Ziya Selcuk en septembre 2019, affirmant que le livre est une propagande pour dire que les Kurdes ont embrassé l’Islam avant les Turcs.
 
Bien que de nombreuses tribus aient été initiées à l’islam à l’époque des quatre califes, ces personnes décrivent avec insistance les Kurdes comme « l’une des premières communautés à s’être converties à l’islam après les Arabes ». Les efforts visant à confirmer que les Kurdes ont accepté l’Islam avant les Turcs ne sont rien d’autre qu’une intention de gagner des avantages sociaux et politiques », a déclaré M. Buyukataman.
 
Il n’est pas clair si la condamnation de la version 2019 par le responsable du MHP a joué un rôle dans la suppression des paragraphes concernant les Kurdes, mais le parti est de facto le deuxième parti au pouvoir en Turquie après le Parti de la justice et du développement (AKP). Les deux partis ont formé une coalition ces dernières années, ce qui leur a permis de former un gouvernement et d’adopter la plupart des projets de loi qu’ils avaient proposés au Parlement. (Via Rudaw)
Image de couverture : Portrait de Saladin le kurde (Selahedînê Eyûbî), selon André Thevet