Voilà près de 15 ans que l’ingénieur français Pascal Cotte scrute sous toutes ses coutures la toile la plus célèbre du monde, portrait présumé de Lisa Gherardini, plus connue sous les noms de Mona Lisa ou Joconde. Ses conclusions n’ont pas toujours fait l’unanimité, mais elles ont eu le mérite de créer un débat passionnant chez les historiens de l’art, pour le plus grand plaisir des amateurs d’intrigues picturales. En 2015, le scientifique assure qu’un autre portrait se dissimule derrière celui de Mona Lisa. Un portrait qui n’a ni le sourire ni le regard en biais malicieux que nous connaissons. Pascal Cotte en est certain : il ne s’agit pas de la même femme.
Onze ans plus tôt, le Français avait obtenu l’autorisation d’analyser le tableau avec une technique d’imagerie qu’il avait lui-même mis au point : la L.A.M., pour Layer Amplificator Method, ou "méthode d’amplification des couches" en français. Celle-ci consiste à numériser le tableau avec une caméra multispectrale capable de détecter la lumière réfléchie sur 13 longueurs d’onde — dix dans le visible, trois dans le proche infrarouge. À l’aide d’un simple posomètre, un outil utilisé en photographie pour mesurer la quantité de lumière réfléchie, il est ensuite possible de déterminer ce qui se cache sous et entre les couches de peinture.
Le spolvero, une technique déjà employée par De Vinci
Voilà près de 15 ans que l’ingénieur français Pascal Cotte scrute sous toutes ses coutures la toile la plus célèbre du monde, portrait présumé de Lisa Gherardini, plus connue sous les noms de Mona Lisa ou Joconde. Ses conclusions n’ont pas toujours fait l’unanimité, mais elles ont eu le mérite de créer un débat passionnant chez les historiens de l’art, pour le plus grand plaisir des amateurs d’intrigues picturales. En 2015, le scientifique assure qu’un autre portrait se dissimule derrière celui de Mona Lisa. Un portrait qui n’a ni le sourire ni le regard en biais malicieux que nous connaissons. Pascal Cotte en est certain : il ne s’agit pas de la même femme.
Onze ans plus tôt, le Français avait obtenu l’autorisation d’analyser le tableau avec une technique d’imagerie qu’il avait lui-même mis au point : la L.A.M., pour Layer Amplificator Method, ou "méthode d’amplification des couches" en français. Celle-ci consiste à numériser le tableau avec une caméra multispectrale capable de détecter la lumière réfléchie sur 13 longueurs d’onde — dix dans le visible, trois dans le proche infrarouge. À l’aide d’un simple posomètre, un outil utilisé en photographie pour mesurer la quantité de lumière réfléchie, il est ensuite possible de déterminer ce qui se cache sous et entre les couches de peinture.
Le spolvero, une technique déjà employée par De Vinci
Pascal Cotte cosigne cette fois avec le spécialiste des propriétés optiques des matériaux à l’Institut Pprime Lionel Simonot une étude dans laquelle il affirme que Léonard de Vinci avait utilisé, au moins en partie, une esquisse préparatoire avant de peindre les traits de la jeune femme. L'article est publié dans le Journal of Cultural Heritage. Selon son analyse, effectuée là encore par caméra multispectrale, le maître italien aurait employé la technique du spolvero, qui consiste à transférer les traits d’un dessin sur une toile par le biais de trous piqués sur les contours d’une figure puis à saupoudrer ces derniers de fusain.
Les traces de spolvero en trois en endroits différents. Crédits : Pascal Cotte/Lionel Simonot
C’est la première fois que des résultats apportent la preuve d’un dessin préparatoire concernant la célèbre Joconde, elle qu’on avait toujours pensé tracée à main levée à-même la toile. "Le spolvero est une technique de transfert de dessin très utilisée à la Renaissance. Elle a d’ailleurs été révélée sur d’autres tableaux de Léonard, comme La Dame à l’hermine. Mais elle n’avait jamais pu être mise en évidence sur La Joconde", explique Lionel Simonot dans un communiqué.
Si sa mission initiale, débutée en 2004 pour le musée du Louvre, était de caractériser les couleurs du tableau, Pascal Cotte l’aura poursuivie bien au-delà. C’est ainsi qu’un jour de 2015, année de la révélation publique de ses résultats sur la "Mona Lisa dissimulée", il voit apparaître sur des clichés des points noirs caractéristiques du spolvero. Une trouvaille d’autant plus surprenante que des dessins préparatoires avaient bien sûr déjà été recherchés par le passé sur la Joconde, notamment par réflectrographie infrarouge.
Un détail encore énigmatique
En trois points du tableau, le spolvero se distingue : d’abord à la jointure des mains, où les petits points reliés entre eux correspondent à la peinture finale. Sur le haut du front, où les lignes apparentes, décalées vers le côté gauche, ne s’accordent pas cette fois avec la démarcation du front et du voile de la Mona Lisa finale. De quoi supposer que dans le projet initial de de Vinci, le visage de la Joconde était davantage tourné vers la droite. Un troisième reliquat de dessin préparatoire, enfin, est plus surprenant encore : celui-ci se trouve directement dans le décor de fond, au-dessus de la chevelure de la Joconde, et semble avoir été tracé à main levée avec du noir de charbon. Il pourrait correspondre à une tête d’aiguille à cheveux, bien que cet accessoire n’était pas connu pour être en vogue à l’époque.
Malheureusement, des traces de spolvero n’ont pu être relevées ailleurs, les zones du tableau étant trop sombre pour la détection sous-couches. Selon Pascal Cotte, "ces découvertes augmentent et renforcent le mystère de sa création. Nous comprenons qu'elle est l'œuvre d'un très long acte créatif qui s'étend sur plus d'une décennie et en plusieurs étapes."