UKRAINE. Offensive pro-russe et combats dans des villes de l'Est

UKRAINE. Offensive pro-russe et combats dans des villes de l'Est
Des manifestants pro-russe dans le centre ville de Donetsk, dans l'Est de l'Ukraine, samedi 12 avril 2014. (ALEXANDER KHUDOTEPLY / AFP)

Le ministre de l'Intérieur ukrainien dénonce "une agression de la Fédération de Russie". Le président ukrainien convoque son Conseil de sécurité.

Par AFP
· Publié le · Mis à jour le
Temps de lecture

Le président ukrainien Olexandre Tourtchinov a convoqué samedi 12 avril au soir un Conseil de sécurité, alors que des combats se déroulaient dans plusieurs villes de l'est du pays, selon le ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov.

Le Conseil de sécurité se réunira à 19h, heures françaises, a indiqué la présidence, alors que Arsen  Avakov a dénoncé sur sa page Facebook "une agression de la Fédération de Russie".

La suite après la publicité

Selon le ministre, des combats se déroulaient notamment dans les localités de Kramatorsk, dans la province de Donetsk, où "des inconnus ont ouvert le feu sur l'administration locale". "La police réplique. Des échanges de tirs de poursuivent", a-t-il ajouté.

A Krasny Liman, également dans la province de Donetsk, "des combattants armés" ont attaqué la police avec "des armes de fabrication russe AK100, uniquement en dotation dans les forces armées russes", selon le ministre.

"Les autorités ukrainiennes considèrent les événements de ce jour comme une agression extérieure de la Fédération de Russie", écrit le ministre qui n'a pas fait état de victimes dans les combats.

Le siège de la police pris d'assaut à Donetsk

Plus tôt dans journée, des manifestants pro-russes armés de gourdins ont réussi à pénétrer dans le siège de la police à Donetsk, grande ville de l'est de l'Ukraine, a-t-on constaté.

La suite après la publicité

Les manifestants, environ 200 personnes, n'ont pas rencontré de résistance. Quelques dizaines de membres des forces anti-émeutes envoyés protéger le bâtiment ont été vus arborant les rubans orange et noir des partisans de la Russie.

Des inconnus armés ont pris le contrôle d'un commissariat dans une ville de l'Est russophone de l'Ukraine, un nouveau défi pour le gouvernement pro-européen de Kiev plus que jamais confronté au spectre d'un éclatement du pays. Une demi-douzaine d'hommes armés, en tenue camouflage, cagoulés et armés se tenaient autour du commissariat de Slaviansk, a-t-on constaté ce samedi en début d'après-midi.

Les assaillants, sans insignes mais portant des rubans aux couleurs russes, ont refusé de répondre aux questions des journalistes, avec lesquels ils se sont montrés agressifs. Aucune présence policière n'était visible sur place, et les assaillants ont érigé quelques barricades dans les rues donnant sur le bâtiment.

Quelques dizaines de civils scandant "Russie! Russie!" se tenaient devant le bâtiment. Et sur la route menant à Slaviansk depuis Donetsk, la capitale régionale située à une soixantaine de kilomètres, un poste de contrôle, surmonté de drapeaux russes, était installé. Il n'arrêtait toutefois pas tous les véhicules.

La suite après la publicité

Un leader "des séparatistes du Donbass"

Le ministre de l'Intérieur Arsen Avakov avait annoncé plus tôt sur sa page Facebook l'envoi sur place de "forces spéciales". "La réaction sera très forte", avait-il écrit, dénonçant ce nouvel assaut de séparatistes présumés contre un bâtiment public.

Le service de presse de l'administration régionale, cité par l'agence Interfax-Ukraine, évoquait "six ou sept inconnus armés, qui ont lancé des fumigènes et tiré en l'air avant de prendre d'assaut" le commissariat de Slaviansk, ville de quelque 100.000 habitants située dans la province de Donetsk, frontalière de la Russie.

Selon l'agence russe Ria, un "leader des séparatistes du Donbass", identifié sous le nom de Sergueï Tsiplakov, a revendiqué l'action, assurant que les assaillants n'étaient "pas armés". Sur sa page Facebook, Arsen Avakov a également indiqué que des inconnus avaient lancé sans succès une attaque sur le bâtiment du parquet régional à Donetsk: "bâtiment libéré. Ministre de la défense autoproclamé arrêté". Sur place, samedi matin, les bureaux du parquet étaient protégés par d'importantes forces anti-émeutes.

Pour une fédéralisation de l'Ukraine

C'est dans cette région de l'Est que des insurgés pro-russes, pour certains armés, tiennent depuis près d'une semaine le bâtiment de l'administration régionale à Donetsk et celui des Services de sécurité (SBU) à Lougansk, villes situées à quelques dizaines de kilomètres de la frontière russe. Ils réclament le rattachement à la Russie, ou au minimum un référendum sur plus d'autonomie régionale.

La suite après la publicité

Le Premier ministre du gouvernement intérimaire au pouvoir depuis le renversement fin février du régime pro-russe, Arseni Iatseniouk, s'était rendu vendredi à Donetsk pour essayer de trouver une issue au conflit. Il n'a pas eu de contacts directs avec les insurgés. Il estime que la crise devait être réglée par des moyens pacifiques. Mais M. Avakov, rendant compte samedi matin des nouvelles attaques, écrit sur sa page Facebook: "Aucune tolérance pour les terroristes armés".

M. Iatseniouk s'était engagé vendredi à proposer avant l'élection présidentielle anticipée du 25 mai des révisions constitutionnelles pour "équilibrer les pouvoirs entre le pouvoir central et les régions". Et il a promis de ne toucher "sous aucun prétexte" aux lois garantissant le statut des langues autres que l'ukrainien. Mais les séparatistes, soutenus par la Russie, exigent une "fédéralisation" de la Constitution ukrainienne. Ce que refuse le pouvoir pro-occidental de Kiev, non reconnu par Moscou, qui y voit la porte ouverte à un éclatement du pays et refuse d'aller plus loin qu'une "décentralisation".

Services secrets

Les troubles dans l'Est ont fait craindre aux Occidentaux une intervention russe, Moscou ayant massé selon l'Otan jusqu'à 40.000 hommes à la frontière et le président russe Vladimir Poutine s'étant engagé à protéger "à tout prix" les populations russes de l'ex-URSS. Washington et Kiev ont d'ailleurs accusé les services secrets russes d'être derrière ces soulèvements, ce que Moscou a démenti.

La crainte majeure est la répétition du scénario qui s'est joué en mars en Crimée, péninsule ukrainienne rattachée à la Russie après un référendum non reconnu par Kiev et les Occidentaux. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a assuré vendredi qu'il n'en était rien et que Moscou n'avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions russophones de l'est de l'Ukraine: "Nous ne pouvons avoir de telles intentions. Cela va à l'encontre des intérêts fondamentaux de la Russie".

L'annonce ces derniers jours de pourparlers sur la crise ukrainienne, la pire entre Est et Ouest depuis la fin de la guerre froide, avait fait naître l'espoir d'une accalmie. Washington a confirmé vendredi que cette réunion quadripartite entre l'Ukraine, la Russie, les Etats-Unis et l'Union européenne se tiendrait le 17 avril à Genève. Il s'agit de "poursuivre les efforts de désescalade de la situation en Ukraine pour trouver une voie diplomatique", selon le département d'Etat. Dans le même temps, le Trésor américain a annoncé vendredi des sanctions contre sept personnes déjà sanctionnées par l'UE - six responsables criméens et un ancien responsable ukrainien - et contre un groupe gazier criméen.

AFP
Les plus lus
A lire ensuite
En kiosque