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Bruno Retailleau : "Emmanuel Macron c'est la vieille droite"

Le président des sénateurs Les Républicains, dans son bureau, le jeudi 1er octobre.
Le président des sénateurs Les Républicains, dans son bureau, le jeudi 1er octobre. © Alvaro Canovas
Interview Bruno Jeudy

Réélu haut-la-main en Vendée, le patron des sénateurs Républicains Bruno Retailleau réclame l’organisation d’une primaire en 2021 à laquelle il devrait être candidat. 

Paris Match. Emmanuel Macron a clairement dénoncé le séparatisme islamiste . Son discours et ses propositions vont-ils convaincus ? 
Bruno  RetailleauComme souvent chez Emmanuel Macron, il y a une prise de conscience tardive et certaines propositions vont dans le bons sens. Mais je note deux choses : Emmanuel Macron reste prisonnier d’une vision communautariste de la société; on ne luttera pas contre l’islamisme en renforçant l’enseignement de l’arabe à l’école ou en tolérant le voile à l’université et dans les sorties scolaires. Et puis, il n’y a pas une seule mesure qui aurait pu empêcher l’agression par le réfugié pakistanais devant Charlie Hebdo. Prétendre combattre l’islamisme sans parler d’immigration, sans se poser la question de l’accueil des faux jeunes mineurs étrangers, c’est gérer les conséquences sans traiter les causes. 

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La droite a remporté les sénatoriales. La victoire de l’anti-macronisme ? 
Emmanuel Macron avait promis la recomposition autour d’En Marche mais après les municipales, ces sénatoriales signent l’acte 2 de la décomposition macronienne. La droite s’est renforcée et le Sénat s’est affirmé dans son rôle de contre-pouvoir. 

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Mais Jean Castex a été nommé justement pour renouer avec les territoires… 
C'était une posture et ça commence à se voir. A quoi ça sert de faire l’éloge des territoires, même avec l’accent chantant, et d’avoir été Maire si c’est pour nommer des sous-préfets à la relance ? Ou pour annoncer des contraintes sanitaires sans concertation préalable avec les élus ? Le centralisme parisien, c’est le mal français. 

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Vous êtes bien sévère sur la gestion du coronavirus. La France aurait-elle tout raté ? 
Les faits sont là. De nombreux pays font mieux que nous : l’Allemagne, le Portugal et même l’Italie face à cette deuxième vague. On a toujours eu un temps de retard. Il fallait sûrement confiner mais il fallait en même temps une stratégie offensive pour casser les reins de la pandémie. Or, on a multiplié les fiascos sur les masques, sur les tests, sur le traçage, l’isolement, etc. 

La crise va être durable. Faudra-t-il adapter davantage nos lois et institutions à cette nouvelle donne sanitaire ? 
L’antidote au virus ce ne sont pas nos lois mais l’adhésion quotidienne des Français à la lutte contre l’épidémie. Mais voilà, ils ne font plus confiance parce qu’on leur a menti et que plus personne ne comprend la stratégie du Gouvernement. Les Français ont le sentiment qu’ils payent l’incompétence des autorités sanitaires. 

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Les sondages disent pourtant le contraire… 
L’enquête du Cevipof montre que les Français sont en Europe les plus angoissés par la situation et les plus sceptiques sur leurs dirigeants. Seulement 12% se disent optimistes ! 

Approuvez-vous le plan de relance ? 
Il y a à boire et à manger. Le côté positif c’est la baisse des impôts de production et la poursuite des investissements d’avenir. Pour le reste, ce n’est pas un plan de relance mais de dépenses. On revient aux vieilles habitudes. Or, cette crise sanitaire a révélé une vérité : l’efficacité de l’action publique ne dépend plus des moyens. Même sur la santé. Si nous avions le taux allemand pour le nombre de postes administratifs à l’hôpital public, nous dégagerions 110.000 postes de plus qui pourraient être réservés à l’embauche de soignants. Le quinquennat d’Emmanuel Macron n’aura fait qu’accentuer le mal français. 

Les Républicains peuvent empêcher le président d’être réélu en 2022 ? 
C’est indispensable car le pays ira moins bien à la fin du mandat d’Emmanuel Macron qu’au moment où il en a pris les rênes. 

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La crise des gilets jaunes, c’est la sienne.

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Mais tout n’est pas de sa faute… 
Tout n’est pas de sa faute. Mais la crise des gilets jaunes, c’est la sienne. Par ses petites phrases et son matraquage fiscal faussement écologique, il a exacerbé les divisions. Même avant la crise sanitaire, la lecture de son bilan était implacable : 23ème sur les 27 pays européens sur le chômage ; 21ème sur la croissance et bon dernier sur les déficits budgétaire et commercial. Il n’y a que nous qui pouvons briser le face-à-face qu’on nous promet entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Pour cela, la droite doit faire sa révolution. 

Christian Jacob a promis une méthode de départage à la place de la primaire, cela vous convient-il ? 
Peu importe les mots. Pour l’instant, ce sont les statuts qui s’imposent avec la primaire. Aucun des candidats pressentis n’écrase le match, je ne vois pas d’autre méthode que le recours à la démocratie. Qui voudrait retirer la parole à nos militants et nos sympathisants ? 

Une candidature de François Baroin aurait-il réglé la question ? 
La candidature de François avait été promue par l’appareil pour tuer la primaire. Son renoncement sera l’échec de cette tactique. J’attends de savoir quelle méthode alternative on nous proposera pour sélectionner le meilleur candidat. 

Mais personne n’en veut. Christian Jacob parle d’une machine à perdre… 
Ce ne sont pas les primaires qui nous ont fait perdre mais les affaires. La primaire a même été un succès avec quatre millions de votants. Derrière le refus de la primaire, on avance une fausse raison. En réalité, on a peur de la droite d’en bas. On la suspecte d’avoir des opinions peu convenables, d’être trop droitisée. 

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La primaire est la seule façon de renouer avec la droite d’en bas. 

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Cette droite trop à droite c’est 8% aux dernières européennes avec la candidature de François-Xavier Bellamy ? 
Chaque élection est différente. En 1999, Nicolas Sarkozy avait été battu aux européennes, devancé par Charles Pasqua et Philippe de Villiers. Quelques années plus tard, il a gagné la présidentielle. 

Une partie de la droite risque de voter en 2022 plutôt pour Emmanuel Macron que pour le candidat de LR ? 
Il y a une confusion politique parce que certains d'entre nous sont allés à la soupe. Je leur dis : Emmanuel Macron, c’est la vieille droite, celle qui se contente d'être un peu moins à gauche que la gauche. Emmanuel Macron est dans le en même temps. Il veut à la fois une réforme de la retraite à point mais ne parle pas du recul de l’âge de départ. Il veut une impunité zéro mais fait libérer des milliers de détenus pendant la Covid. Il dit vouloir le séparatisme mais il fait l’éloge du multiculturalisme. Exactement comme nous quand on abolissait la double peine et qu’on faisait les peines plancher, quand on ne touchait pas aux 35 heures mais qu’on faisait les heures sups défiscalisées. Je pense que cette droite là a désespéré les Français. La primaire est la seule façon de renouer avec la droite d’en bas. 

Vous n’êtes pas dans la caricature ? 
Cette droite d’en bas que je défends, c’est celle qui souffre le plus des effets de l’immigration non maîtrisée, de l’insécurité, des 35 heures qui ont paupérisé les classes moyennes. C’est cette droite-là qui se réfugie soit dans l’abstention, soit dans le vote contestataire. Je me fiche de ce que peuvent penser les biens pensants. 

Sans primaire, présenterez-vous quand même votre candidature à la présidentielle ? 
Il y aura des primaires. 

Certains à droite vous décrivent comme le représentant de « la droite dure et bigote » que leur répondez-vous ? 
J’imagine que ceux-là se revendiquent de la droite molle... Moi, je suis de droite et je pense que la droite ne doit pas se caricaturer. Mais Maurice Druon avait dit, un jour : « En France, il y a deux partis de gauche dont l’un par convention s’appelle la droite ». Certains à droite portent encore ce complexe. La droite ne doit pas se couper de ses racines : le général de Gaulle était à la fois libéral et social, régalien et souverainiste. Cessons de saucissonner la droite en tranches. 

Votre positionnement est-il compatible avec la nécessité de rassembler bien au-delà de la droite ? 
Si j’étais aussi caricatural, est-ce que j’aurais été réélu à l’unanimité par les sénateurs Les Républicains ? Aurais je arraché une région à la gauche à la tête d’une union de la droite et du centre ? Ceux qui me caricaturent caricaturent en fait nos électeurs. 

Comment caractérisez-vous Xavier Bertrand ? 

Habile et opiniâtre. 

François Baroin ? 

Une belle intelligence. 

Valérie Pécresse ? 

Une énergie 

Rachida Dati ? 

Une combattante. 

Nicolas Sarkozy ? 

Un ancien président de la République. 

Comment va François Fillon ? 

Je l’ai eu après ma réélection en Vendée. Il est profondément atteint.

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