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Malicieux et irrévérencieux, le rire de Cabu résonne à l’Hôtel de Ville de Paris

Jusqu'au 19 décembre, la Mairie de Paris accueille l'exposition Le Rire de Cabu.
Jusqu'au 19 décembre, la Mairie de Paris accueille l'exposition Le Rire de Cabu. ALAIN JOCARD / AFP

Jusqu'au 19 décembre, une magnifique exposition, riche de 350 dessins, est consacrée au dessinateur de presse assassiné à Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015.

«Bienvenue chez Cabu, on vous accueille directement dans son salon, à son bureau, ce bordel magnifique qui constituait son espace de travail», s'est enorgueilli Jean-François Pitet, le commissaire de l'exposition Le Rire de Cabu à la Mairie de Paris, jeudi matin.

La reconstitution de ce joyeux bazar où des monceaux de coupures de presse s'entremêlent aux carnets et feuilles de dessin du Jean Cabut, alias Cabu, offre un savoureux préambule à la rétrospective orchestrée par la Mairie de Paris, associée à Véronique Cabut, la veuve de celui qui a été assassiné dans les locaux de Charlie Hebdo, en 2015. Riche de 350 dessins, dont certains inédits, l'exposition présente, jusqu'au 19 décembre, l'œuvre prolifique de celui qui s'est adonné à son art depuis l'enfance.

Le beauf et sa femme devant la télé : « Faut-il aider le tiers-monde ? », paru dans Le Canard enchaîné, 1984 V.Cabut

Le Grand Duduche, La Fille du proviseur, Le Beauf, caricatures, planches exclusives réalisées pour la Ville de Paris, reportages dessinés, croquis au Club Dorothée... Dans une scénographie thématique, découpée en huit chapitres, l'exposition, à la fois édifiante et émouvante, plonge le visiteur dans le monde incisif, parfois féroce et tellement drôle de Cabu.

La pérégrination rappelle notamment la tendre complicité qui unissait Cabu et Dorothée, lorsque pendant dix années il dessinait ce qui lui passait par la tête dans Récré A2. Une vidéo présentée au public, montre tout l'esprit moqueur et tendre du dessinateur qui a affublé l'animatrice d'un nez inoubliable.

Le Nez de Dorothée, 1986
V.Cabut

Un esprit doublé d'un regard visionnaire mis en lumière dans ses caricatures parues dans la presse satirique. Un grand dessin publié dans Charlie Hebdo, en 1976, intitulé Journées portes ouvertes dans les hôpitaux de l'assistance publique montre que Cabu savait pointer avec brio et acuité les failles d'un système qui aujourd'hui encore est soumis aux problèmes.

L'exposition salue le chroniqueur infatigable de la société française, qu'il a scrutée dès la fin des années 1950. Elle présente l'un de ses premiers dessins, inédit, de politique internationale réalisé en 1950, où il met en scène Staline et Truman comme les maîtres du monde prêts à donner des consignes à leurs élèves Vincent Auriol, Charles de Gaulle et bien d'autres. Le dessinateur est alors âgé de 12 ans.

Les politiques, Cabu les a largement croqués. En digne héritier de Daumier, il a capté la substance comique des chefs d'État. Une frise exhibant tous les visages caricaturés, de Vincent Auriol à Emmanuel Macron (pas encore président mais ministre de l'Économie en 2014), achève de nous en convaincre.

« Emmanuel Macron, l'hémisphère droit de Hollande... qui prend toute la place ? » V.Cabut

Pour clore cette balade enchantée, l'exposition rend hommage aux «copains» tombés sous les balles avec lui. À travers un dessin de Bernard Maris, Honoré, Charb, Tignous ou Wolinski sur Cabu, le visiteur pourra percevoir une équipe soudée par un lien profond où triomphe tout l'art du dessin et du rire.

Le Rire de Cabu, exposition salle Saint-Jean, Hôtel de Ville de Paris, du 9 octobre au 19 décembre 2020. Entrée libre. Le catalogue de l'exposition est disponible aux éditions Michel Lafon, 20 euros.

Malicieux et irrévérencieux, le rire de Cabu résonne à l’Hôtel de Ville de Paris

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3 commentaires
  • Comme un doute

    le

    Un génial dessinateur avec un immense sens de l'humour.
    Moins méchant que Reiser mais tout aussi percutant.

  • lulu008

    le

    Un vrai gentil, qui avait une innocence particulièrement féroce et à propos....

  • vincent pradel

    le

    L’extrême-gauche n’est pas spécialement Charlie et se fiche de Cabu.

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