Arrêtez de sourire à votre chat, contentez-vous de plisser vos yeux

Une illustration tirée de l’étude des Universités de Portsmouth et de Sussex

Une illustration tirée de l’étude des Universités de Portsmouth et de Sussex UNIVERSITIES OF PORTSMOUTH/SUSSEX

Pour la première fois, une équipe de chercheuses britanniques a démontré qu’en clignant lentement des yeux, les hommes communiquaient un sentiment amical aux chats.

Il est des métiers qui font rêver. Chercheur en comportement animal, par exemple. Vous passez votre vie à observer des chats (une de mes activités favorite), à écouter leur ronronnement, à observer la forme de leur dos, à décrypter leurs étirements… et vous êtes payés pour cela. Membres de ce club, cinq scientifiques travaillant dans les universités de Portsmouth et de Sussex, au sud de l’Angleterre, viennent de publier une étude éclairante sur la communication humain-chat, qui reste un des grands mystères de cette planète. Ces veinardes s’appellent Tasmin Humphrey, Leanne Proops, Jemma Forman, Rebecca Spooner et Karen McComb. Elles ont démontré que, pour peu qu’il soit lent, le plissement des yeux était crucial dans cette communication. Il est au chat ce que le sourire est à l’homme. Les résultats de leur travail sont salués comme une véritable avancée dans ce champ de recherche encore peu exploré, les capacités sociocognitives du chat.

Leur étude, « The role of cat eye narrowing movements in cat – human communication » (« Le rôle des mouvements de clignement des yeux de chat dans la communication chat-humain ») a été publiée en ligne par la prestigieuse revue Nature la semaine dernière. Les chercheuses ont établi que les chats étaient plus en confiance avec les humains qui les regardaient en plissant les yeux. Pour cela, elles ont réalisé deux expériences.

Publicité

  • La première, réalisée sur 21 chats chez eux, a révélé que ceux-ci étaient plus susceptibles de cligner lentement des yeux en regardant leurs maître après que ces derniers avaient fait de même. Le nombre de clignements est bien moindre si les maîtres gardent un regard neutre.
  • La deuxième expérience (24 autres chats) a été menée sans leurs maîtres : les félins ont été placés devant des inconnus, en l’occurrence les chercheuses de l’équipe. Celles-ci ont tendu la main vers les chats, tantôt en clignant lentement les yeux, tantôt en restant neutres. Eh bien, les chats s’avancent plus fréquemment vers la main tendue de la chercheuse si celle-ci clôt ses yeux, lentement, en deux temps.

Sur le site de l’Université de Porthsmouth, la professeure Karen McComb, qui a supervisé les travaux juge « formidable d’avoir pu prouver que les chats et les humains peuvent communiquer de cette façon. C’est quelque chose que de nombreux propriétaires de chats avaient déjà soupçonné, et il est excitant d’avoir pu le démontrer ».

Elle voit dans le clignement lent « un excellent moyen de renforcer le lien que vous entretenez avec les chats » et invite chacun à saluer les chats croisés dans la rue en plissant les yeux en deux temps : d’abord à mi-chemin « comme vous le feriez dans un sourire détendu » puis en fermant complètement les yeux « pendant quelques secondes » :

« Vous constaterez qu’ils répondront eux-mêmes de la même manière et vous pouvez démarrer une sorte de conversation."

Publicité

Selon le Dr Tasmin Humphrey, première auteure de l’étude, les résultats de ces recherches pourront être utilisés pour « évaluer le bien-être des chats dans divers contextes, comme les cabinets vétérinaires ou les refuges ». Elle s’interroge sur les raisons pour lesquelles les chats se comportent de cette manière. Une des hypothèses : le regard fixe, chez les chats, est perçu comme menaçant dans leurs interactions sociales (le chat prêt à la castagne met tous ses sens en alerte, à commencer par la vue). « Il est possible que le clignotement lent ait commencé comme un moyen d’interrompre un regard ininterrompu », commente-t-elle.

Une façon de dire : t’inquiète, je ne me sens pas menacé, restons cool.

Annuler