Dérives sectaires : le groupe de prière des Dupont de Ligonnès dans le viseur de la justice

Depuis près d’un an, une enquête judiciaire vise l’Eglise de Philadelphie fondée par la mère de Xavier Dupont de Ligonnès et dirigée par Christine, sa sœur.

 Née dans les années 1970 et toujours active, l’Eglise de Philadelphie est dirigée par Christine Dupont de Ligonnès, la soeur de l’auteur présumé du quintuple meurtre de Nantes en avril 2011.
Née dans les années 1970 et toujours active, l’Eglise de Philadelphie est dirigée par Christine Dupont de Ligonnès, la soeur de l’auteur présumé du quintuple meurtre de Nantes en avril 2011. AFP/Miguel Medina

    L'Eglise de Philadelphie, connue aussi sous le nom Le Jardin – chacun de ses adeptes portant un nom de fleur – est toujours dans le collimateur de la justice. Ce « groupe de prière fermé » d'inspiration catholique traditionaliste, né dans les années 1970 autour de la personnalité de Violette, surnom de Geneviève, la mère de Xavier de Dupont de Ligonnès, l'auteur présumé du quintuple meurtre de Nantes en avril 2011 (son épouse et ses quatre enfants), avait fait l'objet en septembre 2019 d'un signalement auprès du parquet de Versailles.

    Des témoignages d'une famille reçus par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) indiquent que le groupe, aujourd'hui dirigée par Christine, la sœur de Xavier Dupont de Ligonnès, est toujours actif et présente des risques de dérive sectaire. Le 24 novembre, une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de Versailles pour « abus de faiblesse en état de sujétion psychologique visant un mouvement d'inspiration catholique, traditionaliste, radical et apocalyptique ».

    Les investigations, confiées à l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) et à la Direction interrégionale de la police judiciaire de Versailles, sont toujours en cours. Et elles se sont notamment enrichies avec l'audition des deux frères qui avaient donné l'alerte.

    «Pas plus de secte que d'or en barre»

    Ces trentenaires, originaires de l'est de la France, soutiennent que leur père et leur mère, aujourd'hui décédée – ont été pendant vingt ans sous l'emprise psychologique de Geneviève Dupont de Ligonnès, « porteuse de la parole divine », et sa fille Christine, désignée comme l'élue. Ils s'interrogent entre autres sur la disparition des économies de leur parents. Le couple aurait vendu son seul bien immobilier d'une valeur de 250 000 euros sans que l'on trouve trace du pécule. Selon les deux fils, le père aurait aussi dilapidé les bénéfices de l'assurance de son épouse.

    En novembre 2019, ils ont saisi le juge des tutelles pour demander une mesure de protection de leur père. Les enquêteurs se sont aussi intéressés à l'environnement de cette famille. Par ailleurs, de nombreuses commissions rogatoires ont été lancées sur le volet financier de cette affaire. Aucun membre de cette secte supposée n'a encore été entendu.

    Contacté avant l'été, Stéphane Goldenstein, l'avocat de la famille Dupont de Ligonnès, contestait toute captation financière. « Il s'agit d'une sombre histoire de vengeance personnelle, affirme le conseil. Après avoir tenté de faire hospitaliser d'office leur père, deux des fils tentent désormais de le faire placer sous tutelle alors que celui-ci n'a aucune altération de ses facultés mentales. Pour moi, il n'y a pas plus de secte que d'or en barre. »