Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

La fourmi de feu sème le sable et récolte le sucre

Pour éviter les risques de noyade, le redoutable insecte construit des siphons qui lui permettent de se nourrir en toute sécurité.

Publié le 13 octobre 2020 à 00h54, modifié le 13 octobre 2020 à 05h34 Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

« Solenopsis richteri », la fourmi noire de feu, une espèce invasive aux Etats-Unis.

La fourmi n’est pas prêteuse, c’est bien connu. Elle n’aime pas non plus qu’on lui chatouille les oreilles avec des histoires de famine, assure la fable. Mais elle déteste plus encore avoir faim. Dans sa quête effrénée de nourriture, elle est prête à toutes les gymnastiques, physiques, mais aussi intellectuelles. Une équipe sino-américaine vient de conduire une expérience particulièrement originale, au terme de laquelle elle affirme, dans la revue Functional Ecology, que, pour arriver à ses fins, l’insecte peut utiliser des outils.

Pour tous les amateurs de la vie animale, la nouvelle ne peut laisser indifférent. Longtemps, la maîtrise de l’outil a été considérée comme propre à l’homme. Puis les grands singes et les corbeaux ont rejoint le club, à chaque fois dans le but de mieux s’alimenter. Les perroquets s’y sont faufilés à leur tour, les loutres et quelques autres aussi. Et maintenant les fourmis, donc.

La découverte est survenue un peu par inadvertance, aux Etats-Unis. La fourmi de feu noire (Solenopsis richteri) y fait figure de terreur. Moins invasive que sa cousine rouge (S. invicta), elle inflige des piqûres tout aussi redoutables dans le sud du pays, où elle s’est installée, en provenance d’Amérique du Sud. Les scientifiques du Laboratoire national de contrôle biologique de Stoneville, dans le Mississippi, ont donc entrepris de développer des pièges. « Pour rendre les appâts solubles dans l’eau, il faut faire usage de surfactant, qui diminue la tension de surface du liquide, raconte l’entomologiste Jian Chen. Et c’est en observant la réaction des fourmis que nous les avons vues amasser des grains de sable pour siphonner leur nourriture en évitant le risque de noyade. »

Prudent et talentueux

En temps normal, la cuticule hydrophobe de l’insecte lui permet de flotter. Pour avaler un liquide énergétique, il s’installe à la surface et boit ou transporte une gouttelette. Mais l’ajout de surfactant le prive de ses appuis et il coule, ont constaté les chercheurs. Dans leur expérience, ils ont installé une réserve de sable à proximité d’un petit bassin qu’ils avaient rempli du dangereux mélange. « Après avoir observé leurs congénères se noyer, les fourmis ont changé leur stratégie de collecte alimentaire et ont construit ces structures, de véritables siphons, qui guident le liquide hors du container, élargissent la zone où ils peuvent collecter la nourriture, le tout sans prendre aucun risque », décrit Jian Chen.

Prudent, mais aussi talentueux. De loin, les structures peuvent ressembler à des amas de grains de sable déposés au hasard. Mais en les analysant, ils ont mis en évidence des successions de voies parallèles pouvant mesurer jusqu’à 11 cm de long. La découverte d’un tel dispositif serait une première chez les fourmis, affirment les auteurs. D’autres ont bien été vues utilisant des débris, comme des bouts de feuille, pour transporter du liquide. Mais une telle construction, jamais à leur connaissance.

Il vous reste 29.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.