Leur sang n’a fait qu’un tour. Depuis ce week-end, des centaines de Finlandaises posent en décolleté sur les réseaux sociaux, derrière le hashtag « Imwithsanna » – « Je suis avec Sanna » – du prénom de leur première ministre, Sanna Marin, vilipendée pour une photo parue dans le magasine féminin Trendi.
Le cliché est apparu, pour la première fois, sur le compte Instagram du mensuel, le 9 octobre. Sanna Marin pose dans le jardin de sa résidence. Elle porte un blazer noir, sans rien dessous, si ce n’est un magnifique collier vintage du bijoutier Kalevala. Les boucles de ses cheveux châtains retombent sur ses épaules, les mains sont croisées sur son ventre, la cheffe du gouvernement sourit à l’objectif.
Pas l’ombre d’un sein en vue. Et pourtant, c’est bien cette image qui a suscité la polémique. Sur les réseaux sociaux, ses contempteurs s’en donnent à cœur joie. Sous couvert de lui reprocher sa gestion du pays, ou même l’utilisation de ses fonctions pour faire de la publicité en faveur d’une marque, c’est « l’indécence » de sa tenue qui est dénoncée. On l’accuse de « jouer les mannequins », en pleine crise du Covid-19.
Des critiques avec la deuxième vague
Aucune mention de l’interview accordée au magazine, sorti en kiosques deux jours seulement après qu’elle a cédé symboliquement son poste, le 7 octobre, à une adolescente de 16 ans, dans le cadre d’une campagne pour les droits des filles. Dans cet entretien, Sanna Marin regrette que les choix personnels d’une femme soient toujours sujets « à débat et analyse ». Elle y parle aussi de l’obsession autour de l’apparence des femmes et explique qu’elle essaie d’en changer le moins souvent possible pour ne pas en faire un sujet de conversation.
Arrivée au pouvoir à la faveur d’un mini-scandale, qui a poussé son prédécesseur, Antti Rinne, vers la sortie en décembre, Sanna Marin, alors numéro deux du Parti social-démocrate de Finlande, est devenue, à 34 ans, la plus jeune première ministre du monde. Au printemps, sa gestion de la crise sanitaire et économique a remporté l’adhésion des Finlandais, dont le pays a été l’un des moins touchés en Europe, avec 365 morts (soit 62 pour un million d’habitants).
Mais depuis quelques semaines, face à la recrudescence de l’épidémie, la contestation montait. L’opposition lui reproche de ne pas avoir suffisamment anticipé la deuxième vague et d’avoir manqué de clarté sur le port du masque, recommandé seulement depuis septembre dans les lieux publics clos.
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