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Idriss Sihamedi, fondateur de l'ONG musulmane BarakaCity, placé en garde à vue pour harcèlement sur Twitter
Capture d'écran Youtube / BarakaCity France

Idriss Sihamedi, fondateur de l'ONG musulmane BarakaCity, placé en garde à vue pour harcèlement sur Twitter

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Le président de l'ONG BarakaCity, association caritative musulmane controversée, a été interpellé et placé en garde à vue ce mercredi 14 octobre dans le cadre d'une enquête pour harcèlement sur les réseaux sociaux.

Le président de l'ONG BarakaCity, Driss Yemmou, dit Idriss Sihamedi, a été interpellé et placé en garde à vue ce mercredi 14 octobre dans le cadre d'une enquête pour harcèlement sur les réseaux sociaux, a annoncé le parquet d'Evry.

Le domicile et le lieu de travail du fondateur de cette association caritative musulmane controversée, notamment en raison de fréquents allers-retours de ses membres vers la Syrie, ont quant à eux fait l'objet de perquisitions à Evry-Courcouronnes, dans l'Essonne, a précisé le parquet dans un communiqué transmis à l'AFP.

"120 tweets diffamatoires"

Cette interpellation et ces perquisitions font suite à une plainte déposée le 18 septembre dernier par une chroniqueuse de la radio RMC, Zohra Bitan, après "120 tweets diffamatoires" publiés par Driss Yemmou sur son compte Twitter, suivi par 34.700 personnes, où il porte le pseudonyme Idriss Sihamedi et se présente comme journaliste indépendant et lanceur d'alerte.

La plainte vise également la création, par le fondateur de l'ONG, "d'un hashtag dénonçant sa personne, repris dans près de 1500 tweets" ainsi que la publication d'une "photographie d'un courrier recommandé volé dans sa boîte aux lettres", explique la procureure Caroline Nisand. Driss Yemmou est soupçonné de "harcèlement au moyen d'un support numérique ou électronique ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours et vol de correspondance avec dégradation", des faits passibles de cinq ans d'emprisonnement.

"Cette histoire nous permet en réalité de voir comment une frange de la population est traitée, sous des prétextes fallacieux à des fins politiques", s'indigne BarakaCity sur Twitter, pour qui ces actes judiciaires relèveraient donc de l'islamophobie.

Fondée par des musulmans au profil salafiste, BarakaCity organise des campagnes de dons, en particulier lors du Ramadan et via les réseaux sociaux, qui drainent plusieurs millions d'euros pour financer des projets humanitaires. L'ONG, dont le compte Facebook est suivi par plus de 710.000 personnes, a suscité un fort engouement chez beaucoup de jeunes croyants mais aussi la suspicion pour ses prises de positions radicales.

L'avocat d'Idriss Sihamedi s'est exprimé dans une vidéo diffusée sur la page Facebook de l'ONG BarakaCity : "Mon client a été placé en garde à vue pour harcèlement moral sur Twitter. Il a également été auditionné cet après-midi, pour des faits de diffamation, également sur Twitter". Il dénonce les conditions d'interpellation de son client, et se dit par ailleurs "scandalisé de ce qu'il s'est passé dans les locaux de BarakaCity, qui n'ont rien à voir avec les activités de monsieur Sihamedi dans le privé et en tant que journaliste indépendant".

Refus de serrer la main aux femmes

En janvier 2016, alors qu'il était invité sur le plateau de l'émission Le Supplément sur Canal +, Idriss Sihamedi s'était fait connaître en expliquant qu'en tant que "musulman normal", il assumait de "ne pas serrer la main aux femmes, comme certains rabbins".

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Fin septembre, Idriss Sihamedi s'en est pris dans de nombreux tweets à l'écrivaine et ancienne journaliste de Charlie Hebdo, Zineb El Rhazoui, qu'il taxe d'islamophobie et "d'imposture", tout en lançant des accusations sur sa vie privée. Accusations notamment proférées via le hashtag #balancezinebelrhazoui.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait alors apporté son soutien à Zineb El Rhazoui contre des "réseaux ultra violents qui menacent son intégrité et celle de sa famille".

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne