Pertes alimentaires : 13,8% de la production agricole mondiale est jetée avant même sa vente

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Pertes alimentaires : 13,8% de la production agricole mondiale est jetée avant même sa vente

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Le stockage des fruits et légumes est l'une des principales causes des pertes alimentaires
Le stockage des fruits et légumes est l'une des principales causes des pertes alimentaires
© Getty - GgWink

Un aliment sur sept est jeté dans le monde, avant même d’être vendu. Révélation de la FAO, l’agence mondiale pour l’alimentation des Nations unies, dans un rapport publié en début de semaine. L’organisation appelle à cesser le gaspillage alimentaire.

Alors que 820 millions de personnes ne mangent pas à leur faim dans le monde, 13,8% de la nourriture est jetée avant même d’atteindre les étals des commerces. C’est ce que révèle le rapport de la FAO (Agence mondiale pour l’alimentation aux Nations unies) publié en début de semaine. La FAO appelle donc à agir pour réduire ces pertes de manière efficace

Dans ce rapport, la FAO différencie les pertes et le gaspillage alimentaires. Elle définit comme "perte" ce qui est perdu après la récolte et avant la vente au détail. Le gaspillage prend en compte la vente et la consommation. Jusqu’à présent, c’est le gaspillage dans sa globalité qui était pris en compte. En 2011, la FAO avait publié une étude qui révélait qu’ un tiers de la production alimentaire mondiale n’était pas consommé

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Entre la récolte et la vente au détail, 13,8% de la nourriture est donc perdue, ce qui représente près de 400 milliards de dollars de produits agricoles. Un chiffre très important que la FAO souhaite voir diminuer, afin d’atteindre les objectifs en matière de développement durable, liés à la sécurité alimentaire et à la durabilité environnementale, notamment diviser par deux le volume mondial de déchets alimentaires par habitant d'ici 2030. 

Les aliments et pays concernés

Des fruits et des légumes mis de côté car ils n’ont pas le bon calibre ou la bonne couleur, et d’autres produits proches de la date de péremption seront jetés avant même d’être vendus. Mais tous les aliments ne sont pas concernés dans les mêmes proportions. 

Ainsi, plus d’un quart de la production de tubercules, de racines et de cultures oléagineuses est perdu avant d’être mis en vente, tout comme 22% des fruits et légumes. Les céréales et légumes secs sont jetés à hauteur de 9%. 

C’est en Asie centrale et du sud qu’il y a le plus de pertes, avec plus de 20%. L’Australie et la Nouvelle-Zélande affichent le plus faible taux, près de 6%. L’Europe (comptabilisée avec l’Amérique du Nord) indique un taux de 15,7%.

La FAO ne rentre pas dans un détail pays par pays, mais on sait d'après les derniers chiffres de l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie) que les pertes et gaspillages alimentaires représentent en France dix millions de tonnes de nourriture par an. Le gaspillage alimentaire des foyers français représentent 30 kg par an et par habitant, 7 kg de ce gaspillage concernant des aliments encore emballés.

Les raisons 

Les causes de ces pertes sont multiples et surviennent à diverses étapes d’après le rapport de la FAO. Les plus importantes ont tout de même lieu au niveau du stockage chez les producteurs ou lors du transport des marchandises.

Dans les pays à faible revenu, indique l’ONU, ce sont essentiellement les mauvaises infrastructures qui causent la perte de fruits et légumes, comme les entrepôts frigorifiques. Dans les pays à revenu élevé où les installations de stockage sont considérées comme étant "bonnes", des pannes électriques, une mauvaise gestion de la température, de l’humidité ou du sur-stockage vont être la source de pertes. 

Les solutions

Pour lutter contre les pertes et le gaspillage alimentaires, la FAO demande aux pays de prendre des mesures, notamment financières, en vue d’aider les exploitants agricoles, en particulier dans les pays les plus pauvres.

Interrogée par l’AFP, Carola Fabi, statisticienne principale de la FAO à Rome, estime qu’en Afrique subsaharienne par exemple, les excédents de production sont stockés dans des silos en bois soumis aux intempéries, aux micro-organismes, aux rongeurs… Pour réduire les pertes, ces silos en bois peuvent être remplacés par des tonneaux métalliques ou des sacs traités avec des insecticides mais tous les agriculteurs n’en ont pas forcément les moyens. "C’est là où il faut une intervention publique d’aide à l’investissement" conclut Carola Fabi.

Enfin, la FAO indique que la réduction des pertes alimentaires et des déchets entraînerait une utilisation plus efficace des terres, une meilleure gestion des ressources en eau, avec des effets positifs sur le changement climatique. 

Grand Reportage
55 min