Conflans : le rôle d'un agitateur radicalisé pointé du doigt

Le renseignement territorial du 78 a signalé le rôle actif d'Abdelhakim Sefrioui dans la montée de la tension autour du professeur décapité. En vain.

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Temps de lecture : 3 min

La note des agents locaux du service central du renseignement territorial rédigée dès le lendemain du rendez-vous entre le père d'une élève de quatrième qui a tenté de mobiliser les parents musulmans contre Samuel Paty, l'enseignant qui a été décapité, et la principale du collège n'a atterri sur les bureaux des responsables du renseignement qu'au milieu de cette semaine.

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Le parent d'élève, actuellement en garde à vue, était accompagné d'une figure bien connue de l'islam radical : Abdelhakim Sefrioui, président d'un soi-disant « conseil des imams de France », ainsi qu'il s'est présenté au chef d'établissement. Ce signalement est resté lettre morte : si la note concluait que la tension était retombée et la situation apaisée, elle ne subsistait que par l'entremise de Sefrioui sur les réseaux sociaux. « Compte tenu du contexte » Charlie Hebdo « entre le procès et l'attaque au couteau devant ses anciens locaux, il est clair qu'on aurait dû au minimum faire évaluer une protection pour Samuel Paty », regrette un officier du renseignement territorial du 78. Abdelhakim Sefrioui vient d'être placé en garde à vue.

Lire aussi Enseignant décapité : les menaces sur l'école ne sont pas nouvelles

Car Sefrioui s'est largement impliqué dans la montée des tensions. À l'instar du père de famille qui a diffusé une vidéo dénonçant le cours, il a qualifié Samuel Paty de « voyou ». Sefrioui dénonçait dans une vidéo l'administration du collège qui soutenait son enseignant. « Comme il n'allait rien y avoir de la part de l'établissement [aucune suite ni sanction, NDLR], nous sommes partis avec la ferme intention de mobiliser pour une action devant l'établissement et devant l'inspection académique. Mais, dans l'après-midi, l'Inspection académique a contacté le parent d'élève et lui a exprimé son étonnement et [le fait] qu'ils allaient sévir… »

Vieux routier de l'islamisme radical

Abdelhakim Sefrioui est un vieux routier de l'islamisme radical. Fiché depuis au moins quinze ans, il a commencé à faire parler de lui, dans les médias nationaux, en intimidant, en 2009, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris. Après que Boubakeur avait tenu des propos publics d'amitié envers les juifs, Sefrioui, un temps proche de Dieudonné, avait installé un sit-in devant la Grande Mosquée de Paris contraignant ses responsables à fermer le lieu de culte durant six semaines. À travers le collectif Cheikh Yassine [du nom du fondateur du Hamas à Gaza en Palestine, NDLR], qu'il avait créé, il n'a eu de cesse de promouvoir des actes violents ces dix dernières années, voire de passer lui-même à l'action.

On le retrouve derrière le groupe terroriste Forsane Aliza, aujourd'hui dissous, avec qui il tentait de faire pression, en 2011 déjà, sur la proviseur du lycée de Saint-Ouen qui avait tenté d'imposer dans son règlement intérieur la fin des jupes longues. Il se disait représentant des parents d'élèves musulmans qui se sentaient stigmatisés par cette décision, se faisant passer pour l'oncle d'une élève concernée par la mesure de la cheffe d'établissement.

Procédure de déchéance de nationalité avortée

Plus tôt, en 2010, il avait fait le coup de poing à Montreuil contre les participants à un meeting commun en faveur d'une loi sur le voile intégral réunissant Manuel Valls et Jean-Pierre Brard, le maire de Montreuil. La police avait dû intervenir pour mettre fin aux violences.

Le préfet de Seine-Saint-Denis à l'époque et le patron des renseignements généraux avaient tenté de lancer une procédure de déchéance de nationalité de l'intéressé d'origine marocaine, obtenue par mariage. Ils n'y sont pas parvenus. D'aucuns prétendent que la bienveillance dont il jouissait auprès des autorités marocaines avait empêché la France de le déchoir.

Sefrioui a également vilipendé Jean-Christophe Lagarde, lorsque ce dernier était maire de Drancy, pour son soutien à l'imam Chalghoumi. Le collectif Cheikh Yassine est à l'origine de tensions permanentes autour de l'imam de Drancy ces dernières années, au point que ce dernier a fini par être exfiltré de son lieu de culte.

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Commentaires (50)

  • marieclaude34

    Dans le cas de l'enseignant décapité, il faut expulser et déchoir de la nationalité française tous ceux qui ont contribué à cet acte horrible.
    Il faut en faire de même avec tous les immmigrés qui veulent bien profiter des avantages de la république mais qui ne veulent pas en respecter les règles.

  • Rémy8

    Il y a une différence entre égorgement et décapitation

  • Alainlalanne

    Excellent résumé, il y a des juges qui agissent contre les intérêts des citoyens français par bêtise et naïveté ou plus probablement par parti pris politique mais ces juges sont intouchables.

    Alors les marches blanches il y en aura de plus en plus, les expulsions avec d’échéance de nationalité seront elles très très rares...

    Et un jour le FN gagnera la présidentielle et tous ces gens là feront part de leur surprise...