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C'est sous des salves d'applaudissements qu'a commencé l'hommage à Samuel Paty, le professeur d'histoire décapité vendredi dans les Yvelines. Une manifestation place de la République organisée à l'appel de Charlie Hebdo. Une place où avait commencé la marche républicaine de janvier 2015 après les attentats visant le journal satirique et l'Hyper Cacher – dont le procès devrait se conclure en novembre prochain. Sur les pancartes et les banderoles, les slogans en soutien au professeur rappelaient ce dimanche que, pour la première fois depuis les attentats de Toulouse en 2012, un enseignant était la victime du terrorisme islamiste en France.
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« Pour tout le monde, ça a été l'effroi. Depuis 2015, on sait que c'est compliqué pour nous, que l'école est un lieu où la laïcité peut poser problème », explique Sylvie, professeure dans un collège des Yvelines, le même département où enseignait Samuel Paty. « Il faut continuer à assurer notre mission de service public », relève l'enseignante.
#jesuisprof, « Je suis samuel » #pastoucheamonprof, « Protégeons les profs et les éducateurs spécialisés », l'heure était à la mobilisation du côté des enseignants munis de pancartes et peu sensibles à la présence de Jean-Michel Blanquer, attendu en fin d'après-midi. « Ça fait quarante ans que l'administration nous demande de ne pas faire de vagues », accuse une salariée de l'Éducation nationale.La République est forte de ses valeurs ����
— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) October 18, 2020
Notre unité est essentielle autour de notre devise:
Liberté, Égalité Fraternité
Place de la République avec @JeanCASTEX et @MarleneSchiappa : https://t.co/X74CQTKFzX
Sur les circonstances du drame qualifié par le président de la République d'attentat « islamiste caractérisé », Antoine*, lycéen, n'est pas surpris. « Ça nous a interpellés », précise sa mère, venue en compagnie de ses trois enfants pour témoigner de l'importance de ce moment. « Avec ce qui s'est passé ces dernières années, ça ne m'a pas choqué, même si je trouve ça intolérable », précise l'adolescent, qui pense que le sujet de la liberté d'expression sera évoqué prochainement dans l'enceinte scolaire. Sous le monument à la République, assailli par les photographes, des groupes se forment. Comme un flash-back : « Je suis Charlie », en 2015. « Encore combien de fois il nous faudra être ici pour dire plus jamais ça ? » s'émeut une salariée de l'enseignement supérieur venue avec ses collègues syndiqués. « C'est vrai qu'il y a une certaine ghettoïsation dans les quartiers, mais, nous, on pose la question des moyens. L'école ne peut pas régler tous les problèmes toute seule », explique Frank, responsable syndical à l'université.
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Résister
À mesure que grossit une foule de plusieurs milliers de personnes, les conversations s'orientent sur l'attitude du professeur d'histoire-géographie, critiqué sur les réseaux sociaux pour avoir montré des caricatures du Prophète. Incompréhensible pour Franck qui salue, au contraire, l'attitude « compréhensive » de l'enseignant convoqué par sa hiérarchie après des plaintes de parents d'élèves. « C'est terrible de désigner quelqu'un à la vindicte populaire », ne pardonne pas Marc, animateur en milieu scolaire. Lui est inquiet du pouvoir grandissant des réseaux sociaux. « Sur Twitter, Facebook, il suffit qu'on vous balance pour être tué ? » s'interroge ce trentenaire après qu'un parent d'élève – placé en garde à vue depuis – a divulgué l'adresse du collège où travaillait Samuel Paty sur Internet.À la tribune, les témoignages de solidarité se succèdent en même temps que les responsables politiques de gauche et de droite. Passé 17 heures, les bouches de métro en périphérie de la place débordent de monde alors que retentit la Marseillaise. De l'avis de tous présents ce dimanche, un seul mot d'ordre prévalait : « Ne pas céder. »
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*Ce prénom a été changé
Je ne peux qu'abonder à 100% dans votre sens...
Nos lois, ils les utilisent déjà contre nous par leur victimisation systématique auprès de juges complaisants... Et d'associations dont c'est le fond de commerce.
Je ne décolère pas envers tous ces présidents et ministres qui ont fait le lit de cette terreur islamiste. Qu'on cesse aussi de laisser se propager sur les réseaux sociaux toutes ces vidéos à charge sur nos forces de police! Il y en a vraiment assez de voir toujours les mêmes en marge ou véritablement contre la loi, provoquer les forces de l'ordre sans avoir la moindre crainte d'une sanction judiciaire lourde.