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« Une déroutante cécité américaine face au phénomène du djihadisme dans l’Hexagone »

Ni la droite trumpiste, accusant tous les musulmans, ni le camp progressiste, qui préfère la « bonne parole » à la liberté de parole, n’arrivent à analyser l’assassinat de Samuel Paty et la spécificité du djihadisme, considèrent Bernard Haykel et Hugo Micheron, spécialistes de l’islamisme radical et du Moyen-Orient, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 21 octobre 2020 à 02h01, modifié le 23 octobre 2020 à 17h16 Temps de Lecture 5 min.

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Tribune. Les réactions dans la presse outre-Atlantique à la suite de la décapitation de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, vendredi 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), se construisent à mille lieues du débat français.

Elles illustrent la polarisation en cours de la politique américaine et un rapport de plus en plus distancié avec la liberté d’expression. De ces dynamiques ressort une cécité déroutante face au phénomène du djihadisme dans l’Hexagone.

La couverture américaine tend à reproduire le clivage politique du pays. Les grands titres de la presse progressiste américaine ont jusqu’alors minimisé la portée de l’événement. A l’inverse, la presse conservatrice a multiplié les articles, des émissions en direct sur la chaîne Fox News aux flots infinis de commentaires sur Breitbart.

Outre la faible place conférée à l’événement, les médias progressistes apparaissent mal à l’aise devant la nature des faits. Dans les articles du New York Times comme du Washington Post, les deux journaux les plus influents à gauche, le terme « djihadisme » n’apparaît jamais. Le premier article mis en ligne par le New York Times, vendredi 16 octobre, était d’abord intitulé : « La police française tire et tue un homme après une attaque meurtrière au couteau », laissant planer le doute sur une éventuelle bavure policière… Il a été timidement reformulé le lendemain : « Un homme décapite un enseignant dans la rue en France et est tué par la police ».

Dans un autre article, la menace semble venir non pas du djihadisme, mais de ceux qui réagissent à ce crime et qui auraient offensé l’islam. Le mot « islamisme » n’est utilisé qu’à deux reprises, une fois entre guillemets – attribué au président Macron –, une seconde en conclusion du propos évoquant « des tensions dimanche après-midi, du fait que certains n’ont pas hésité à pointer directement l’islamisme du doigt ».

De son côté, le Washington Post publiait deux dépêches de l’agence Associated Press. Il est précisé dans l’une d’elles que « l’islam interdit toute forme de représentation du prophète, considérant que cela conduit à l’idolâtrie », une prétention essentiellement formulée par les salafistes qui voient effectivement une hérésie (shirk) dans pareille initiative ; l’acte terroriste en lui-même semble découler d’une réponse excessive à cette offense, qui apparaît alors comme compréhensible.

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