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Hausse du nombre de cyclistes tués : "Il faut plus de pistes cyclables pour les protéger dans leurs trajets"

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La mortalité des cyclistes a bondi en France en septembre selon les chiffres de la Sécurité routière publiés mardi. Pour Catherine Pilon, secrétaire générale du club des villes et territoires, il faut augmenter les pistes cyclables pour mieux protéger les cyclistes.

La mortalité des cyclistes a bondi en France en septembre selon les chiffres de la Sécurité routière publiés mardi. La mortalité des cyclistes a bondi en France en septembre selon les chiffres de la Sécurité routière publiés mardi.
La mortalité des cyclistes a bondi en France en septembre selon les chiffres de la Sécurité routière publiés mardi. © AFP - XOSÉ BOUZAS

C'est du jamais vu depuis dix ans : la mortalité des cyclistes a fortement augmenté au mois de septembre 2020, avec 37 tués à cette période soit 15 de plus par rapport à l'année dernière selon la Sécurité routière. Un constat "inquiétant" mais pas très étonnant pour Catherine Pilon, secrétaire générale du club des villes et territoires. "Tout cycliste mort c’est évidemment dramatique, mais il faut garder l'espoir et l'optimisme en voyant que cette pratique augmente, souligne Catherine Pilon. Ça nous renforce dans notre certitude qu'il faut faire davantage de pistes pour que les cyclistes soient le plus possible à l'abri des accidents". 

France Bleu : Selon les derniers chiffres de la Sécurité routière, sur les 275 personnes décédées sur les routes en septembre 2020, 37 sont des cyclistes. Il s'agit de la mortalité la plus élevée de ces dix dernières années. Ça vous étonne ? 

Catherine Pilon : "C’est forcément grave comme information et donc c'est inquiétant. En même temps, on s'y attendait un peu. Il y a eu une telle augmentation de la pratique cycliste que, mathématiquement, c’était obligé qu'on retrouve une augmentation dans la mortalité des cyclistes. 

Après, il y a des chiffres du ministère de l'Intérieur qui, eux, commentent l'évolution de la mortalité cycliste sur le dernier trimestre de juin à septembre. Ils montrent que sur 94 tués, il y en a 39 qui le sont en agglomération et 55 hors agglomération. Ça veut dire que la majorité des accidents mortels pour les cyclistes ont lieu en dehors des grandes villes, là où il n'y a pas de pistes pour les protéger et c'est là qu'on a les accidents les plus graves parce que la vitesse automobile est très rapide. Ces chiffres disent aussi que le nombre de morts en agglomération en 2020 par rapport à 2019 est stable. Ça signifie qu'alors que la pratique a explosé dans les grandes agglomérations, le nombre de décès chez les cyclistes est stable. Et ça vient confirmer ce qu'on dit souvent : plus il y a de cyclistes dans la circulation, moins il y a d’accidents parce que le groupe rend beaucoup plus visible. Après, je ne veux pas du tout minimiser les chiffres qui sont forcément désespérants. Mais il y a plein de choses à faire pour que ces chiffres diminuent même s'ils augmentent moins que ce qu'on pourrait penser. Ce serait intéressant de cartographier ces accidents, de voir où est-ce qu'ils se sont passés exactement." 

"La majorité des accidents mortels pour les cyclistes ont lieu en dehors des grandes villes."

Comment éviter ces drames ? Cela passe par de meilleurs aménagements ?

"Oui, la solution c’est évidemment de protéger les cyclistes dans leur trajet. Et aujourd'hui, les collectivités territoriales se sont engagées dans la réalisation des pistes transitoires avec la sortie du confinement. Nous avons fait une enquête récemment qui montre que pour la plupart des collectivités qui se sont engagées, il y a une volonté de pérennisation. 

Plus on aura de pistes cyclables, plus il y aura de trajets protégés et on a besoin de pistes larges. Certaines communes ont commencé à faire des cyclables dans les années 90 et aujourd'hui elles ne sont plus adaptées parce qu'avec l'augmentation de la fréquentation elles sont devenues vraiment trop étroites. Il faut aussi avoir une attention très particulière sur les carrefours parce que l'on sait qu’en agglomération, quatre morts sur dix se produisent aux intersections. Globalement, ce sont au départ des feux que les accidents se produisent et des accidents mortels. On peut s'inspirer par exemple de nos voisins européens avec les 'giratoires à la hollandaise' qui permettent de protéger complètement le cycliste puisqu'il est prioritaire pour entrer et pour sortir sur le carrefour.

Et puis, il y a aussi quelque chose qui tient à cœur à la communauté cycliste, ce sont les 'stickers angle-mort' sur les poids lourds et les bus, pour que les angles-morts soient mieux appréhendés par les cyclistes car il y a beaucoup de décès qui se produisent parce qu'un cycliste est trop près du camion qui ne le voit pas et qui va l’écraser."

"Plus on aura de pistes cyclables, plus il y aura de trajets protégés."

Il y a une donc une hausse du nombre de cyclistes en France et, parmi ces cyclistes, certaines personnes n'avaient pas du tout l'habitude de rouler à vélo. Est-ce qu'il ne faudrait pas les sensibiliser davantage à la réglementation sur la route ? 

"On constate que sur les pistes, il y a en effet des gens qui apprennent à rouler face à des anciens cyclistes qui connaissent bien la pratique. Ce que je trouve intéressant ce sont les dispositifs de 'vélo-taff' : des gens s’organisent pour aller au travail ensemble à vélo. Moi, je fais partie d’un 'gang' de cyclistes qui récupère d’autres cyclistes qui ne savent pas très bien en faire et ils apprennent donc à rouler avec d’autres. Ça fait vraiment partie des pratiques qui se développent beaucoup dans toutes les villes, apprendre à faire du vélo à plusieurs. Certaines associations proposent par exemple des excursions en centre-ville notamment pour connaitre les trajets les plus utiles etc. Ce sont des initiatives à encourager. Il y a aussi des applications qui permettent de trouver des circuits cyclables beaucoup plus protégés que d'autres."

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