« Nous, musulmans, ne sommes pas persécutés en France » : le texte envoyé par le CFCM aux imams

Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du Culte musulman, en mars 2019.

Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du Culte musulman, en mars 2019. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Cette proposition de prêche rappelle « l’assassinat horrible » de Samuel Paty et évoque les fléaux du « radicalisme, de la violence et du terrorisme ».

A la veille de la prière du vendredi, et quelques jours après leur rencontre avec Emmanuel Macron qui suivait l’assassinat du professeur Samuel Paty, le Conseil français du Culte musulman (CFCM), principal interlocuteur des pouvoirs publics en France, a fait parvenir jeudi 22 octobre aux imams de France une proposition de texte dont ils peuvent, s’ils le souhaitent, s’inspirer pour leur prêche. N’ayant pas de rôle religieux, ce texte n’est donc qu’une proposition. Il commence ainsi :

« L’assassinat horrible de notre concitoyen Samuel Paty, professeur d’histoire au collège Le Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine, vient nous rappeler les fléaux qui marquent tristement notre réalité : celle des irruptions, dans notre pays, du radicalisme, de la violence et du terrorisme qui se réclamant de l’islam faisant des victimes de tous âges, de toutes conditions et de toutes convictions. »

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« Une prétendue mission divine »

« Les promoteurs de la haine et de la barbarie font miroiter à leurs adeptes, notamment parmi les jeunes, l’illusion d’être élus pour accomplir une prétendue mission divine, poursuit le CFCM. Par ce discours pervers, ils tentent d’ériger la bassesse et la lâcheté dans leurs pires manifestations criminelles en actes de bravoure héroïque. Non ! Le crime n’est pas et ne sera jamais un acte héroïque. »

« Ces prêcheurs de la haine visent à créer la division entre les musulmans et leurs concitoyens. Notre foi nous fait l’injonction ferme de respecter le pacte qui nous lie à tous nos concitoyens de toute condition et de toute conviction. Les valeurs qui fondent ce pacte, celles de notre République laïque, indivisible, démocratique et sociale avec sa devise triptyque, “Liberté, égalité, fraternité”, nous permettent à nous, musulmans de France, comme à tous nos concitoyens d’exercer librement notre culte ou de n’exercer aucun culte, de construire nos mosquées et de jouir entièrement de nos droits. »

« Nous sommes des citoyens à part entière »

« Non ! Nous, musulmans ne sommes pas persécutés en France. Nous sommes dans notre pays des citoyens à part entière. Nous avons comme tous nos concitoyens des droits garantis et des devoirs à accomplir », clament les auteurs.

« Nous sommes parfois cibles d’actes antimusulmans. D’autres sont également victimes d’actes hostiles. Face à ces provocations nous devons rester dignes, sereins et lucides. »

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« L’actualité tragique qu’a connue notre pays avec l’assassinat lâche et abject du professeur d’histoire Samuel Paty, nous oblige à dire solennellement que l’évocation des dites “caricatures de Mahomet” pour justifier un crime ignoble est en réalité une trahison et une profanation du message du prophète », écrit encore le Conseil.

« La loi de la République qui autorise les caricatures n’oblige personne à les aimer. Nous pouvons même les détester. Du reste, rien, absolument rien, ne saurait justifier l’assassinat d’un homme, martèle le CFCM. Par ailleurs, les musulmans doivent accepter la critique de la religion musulmane et ses fondements dans le cadre d’un débat intellectuel et philosophique libres. Le Saint Coran a lui-même relaté ce type de débats en citant fidèlement les arguments des contradicteurs et en répondant aux critiques sans jamais appeler à violenter ceux qui les émettent. »

« Notre souffrance est grande face au discours des professionnels de l’amalgame et de la surenchère qui veulent laisser s’installer l’idée que notre religion puisse produire la violence et le terrorisme. Mais nous accueillons dans l’apaisement et la sérénité les déclarations de toutes les forces vives de notre pays qui refusent l’amalgame, rejettent la division, exigent la reconnaissance mutuelle et ouvrent pour construire l’unité et la paix et favoriser la fraternité et la solidarité dans notre pays. »

Les représentants du CFCM, reçus lundi dernier par Emmanuel Macron, souhaitent notamment prendre en charge la formation des cadres religieux et mettre en place un cursus labellisé par le CFCM, avec notamment un processus de certification des imams.

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V. R. et T. V.

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