Une journaliste irakienne menacée d’emprisonnement après des révélations impliquant le guide suprême iranien

Une journaliste indépendante irakienne basée à Bagdad a appris qu’elle était visée par un mandat d’arrêt pour diffamation et risque d’être emprisonnée à tout moment. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à ne pas procéder à son arrestation et la justice à abandonner les poursuites engagées contre elle.

Un mandat d’arrêt a été émis par les autorités irakiennes contre la journaliste Suadad Al-Salhy, basée à Bagdad, qui travaille notamment pour le site d’informations Middle East Eye. La décision d’arrêter la journaliste a été prise le 22 octobre par le Conseil judiciaire suprême, sur la base de l’article 433-1 du Code pénal relatif à la diffamation, un délit passible d’une amende et d’une peine d’emprisonnement. Quelques heures plus tôt, la journaliste avait publié un article révélant que le guide suprême iranien avait ordonné aux milices pro-iraniennes de cesser leurs attaques contre les intérêts américains en Irak. L’article est sourcé et visiblement bien documenté. 


Nous appelons les autorités irakiennes à s’assurer que Suadad Al-Salhy reste en liberté et que la justice abandonne toute poursuite à son encontre, réagit Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient. La journaliste, connue pour son professionnalisme, n’a fait que son travail. Révéler une information, même sensible, même si elle déplait, relève simplement du principe fondamental de la liberté d’informer.”


Ce n’est pas la première fois que Suadad Al-Salhy écrit sur des sujets à haut risque dans son pays. La journaliste avait été ainsi à l’origine d’autres scoops, comme en août 2020, lorsque l’ancien conseiller du co-fondateur des brigades du Hezbollah irakien Abu Mahdi Al-Muhandis (assassiné en janvier dernier, lors d’une frappe américaine qui visait également le général iranien Qassem Soleimani, commandant des Gardiens de la révolution) accusait le Premier ministre Mustafa Al-Kadhimi d’avoir planifié plusieurs fois son assassinat.  


La journaliste a déjà reçu des menaces par le passé. En 2007, elle échappe à une tentative d’assassinat par des hommes armés inconnus. En 2014, des engins explosifs sont retrouvés devant le domicile de ses parents.


L’Irak occupe la 162e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 23.10.2020