Accusés de complaisance avec l'islamisme politique, les Insoumis sur le gril
Depuis l'attentat de Conflans, Mélenchon et ses proches sont accusés de s'être montrés complaisants avec l'islamisme politique.
Depuis l'assassinat de Samuel Paty, ministres et députés de la majorité n'ont pas raté La France insoumise (LFI), coupable à leurs yeux de s'être montrée accommodante, par clientélisme, avec des représentants de l'islam politique. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a ainsi dénoncé sa "laïcité honteuse" et le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, son compagnonnage avec "l'islamo-gauchisme".
Voilà qui a mis en ébullition les camarades de Jean-Luc Mélenchon. "Ils sont très emmerdés, résume un ministre. Quant à Mélenchon, je ne sais pas ce qu'il en pense. Autour de lui, certains ont une vision très parcellaire de la laïcité..." Ainsi la députée LFI Danièle Obono, qui avait parlé des militants du Parti des indigènes de la République, un groupuscule identitaire, comme de "camarades". D'autres soulignent que Mélenchon, pour sa part, a toujours rechigné à employer le mot d'"islamisme".
Les Insoumis nient en bloc toute compromission
C'est pourtant ce que le leader des Insoumis s'est résolu à faire, mardi à l'Assemblée, pour qualifier l'attentat de Conflans. Sous les quolibets du député de centre droit Meyer Habib : "C'est vous qui manifestez avec les islamistes!" Une référence au défilé "contre l'islamophobie" organisé en novembre 2019 à l'appel du très controversé Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF). Derrière Mélenchon, plusieurs députés Insoumis y avaient participé. Pas François Ruffin ni Adrien Quatennens, gênés aux entournures.
"Jamais nous ne nous sommes vautrés dans le clientélisme!
"
Du côté des Insoumis, on nie en bloc toute compromission. Comme sur le projet de loi contre le séparatisme, qui doit arriver début décembre au Conseil des ministres, et que des députés LFI assurent vouloir muscler. Adrien Quatennens et Alexis Corbière se sont ainsi entretenus, il y a quinze jours Place Beauvau, avec le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. "Nous lui avons dit que sur la laïcité il allait pouvoir compter sur nous, qu'il y aurait des aspects de la loi avec lesquels nous serions d'accord", rapporte Quatennens. Même Mélenchon, qui s'indignait il y a un mois que dans cette loi, "ce qui est visé, c'est l'islam", se montre aujourd'hui plus compréhensif.
Mélenchon n'est pas sorti de l'ambiguïté
Dans la majorité, on constate que Mélenchon se trouve aujourd'hui coincé : "Soit il flatte son électorat enseignant, soit il flatte son électorat composé en partie de jeunes musulmans des quartiers populaires", diagnostique un député. Quatennens réfute : "Jamais aucun de nos élus n'a mis un orteil dans une mosquée, jamais nous ne nous sommes vautrés dans le clientélisme!" Attaché à la laïcité, Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche (PRG), nuance : il trouvait le "Mélenchon de 2017 impeccable sur la laïcité", mais considère qu'aujourd'hui le leader de LFI "a perdu sa boussole".
Et Lacroix d'ajouter : "Par ailleurs, Mélenchon a tenu des propos maladroits en pointant du doigt la “communauté tchétchène” sans doute pour éviter de nommer le vrai problème, à savoir l'islam politique". Dimanche, Mélenchon avait estimé qu'il y avait "un problème avec la communauté tchétchène en France". Depuis, il a fait part de ses "regrets". Pour le reste, il est loin d'être sorti de l'ambiguïté.
Comment Jean-Luc Mélenchon est en train de piéger ses adversaires...
CHRONIQUE. Repoussoir ? Paria ? Incendiaire ? Plus il est dénoncé comme un leader violent et manipulateur, plus Mélenchon développe un discours radical. Le dénoncer comme un homme dangereux, le traduire en justice l’empêchera-t-il d’accéder au pouvoir ? Qui peut en être sûr ?
LFI devant la police : « La judiciarisation du débat politique, symptôme d’une démocratie qui vacille »
ENTRETIEN. Plusieurs personnalités de La France insoumise ont été convoquées par la police dans le cadre d’une enquête pour « apologie du terrorisme ». Arnaud Benedetti* estime que le recours au judiciaire pour arbitrer les joutes politiques est le reflet d’un manque de confiance dans le débat public.
Mathilde Panot, Danièle Obono et Rima Hassan devant la police : et si c'était complètement contre-productif ?
CHRONIQUE. Pour Gauthier Le Bret, la multiplication des convocations par la police de personnalités insoumises en raison de leurs déclarations sur le Proche-Orient offre l'occasion à LFI de se victimiser.
Européennes : 38 % des musulmans prêts à voter LFI, selon un sondage
38 % des électeurs musulmans ont indiqué lors du dernier sondage Harris Interactive leur intention de voter pour la liste portée par Manon Aubry, contre 5 % pour la liste du Rassemblement National.
La députée insoumise Mathilde Panot convoquée par la police pour « apologie du terrorisme »
La présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot est convoquée devant la justice le 2 mai prochain. Elle dénonce une « instrumentalisation grave de la justice visant à bâillonner des expressions politiques ».