Vitrolles : le para-karaté, comme un second souffle pour les personnes handicapées

Par La Provence

Didier Drai a repris le karaté après plusieurs années d'arrêt. Amputé d'une jambe, cet art martial lui a permis de reprendre une vie active.

Didier Drai a repris le karaté après plusieurs années d'arrêt. Amputé d'une jambe, cet art martial lui a permis de reprendre une vie active.

Photos B.BU.

Vitrolles

Depuis 2017, Didier Drai, professeur de karaté et para-karaté à l'Impact Karaté Club Vitrollais, se bat pour faire changer le regard porté sur le handicap, qu'il soit visible ou non. Le seul entraîneur des Bouches-du-Rhône labellisé "Para-Karaté" par la FFKIl a décidé de montrer que si le handicap est certes une différence, il n'est en rien un obstacle à la pratique d'un sport ou d'un art martial. "Il suffit de travailler sans relâche et de se motiver. Se dire "je ne peux pas", c'est la solution de facilité", affirme Didier, toujours porteur d'espoir malgré son propre handicap. Cet ancien militaire, marié et père de trois grands enfants, tient le tabac comme cause première de son malheur : "Après un premier pontage fémoral en janvier 2011 puis une rupture d'anévrisme dans ma gorge en juin 2012, où j'ai subi une trachéotomie à vie, j'ai eu 7 autres ruptures d'anévrisme à la jambe droite. Après beaucoup de souffrances, j'ai pris la décision en juillet 2015 de me faire amputer d'une partie de ma jambe."

Le sport pour commencer une seconde vie 

Après sa convalescence, il ne faisait rien d'autre à part rester sur son canapé. "Ma femme m'a mis au défi de pratiquer des sports comme la pétanque. J'ai répondu que je n'étais intéressé que par la pratique du karaté. Alors j'ai repris mon apprentissage à fond dans cette nouvelle perspective de vie qu'est le para-karaté." Cette activité physique lui a permis de ressusciter. Didier a dû s'adapter pour retrouver son niveau d'antan et enseigner le karaté aux personnes handicapées dans son dojo : leur transmettre ses connaissances, mais surtout, l'envie de vivre et de sourire avec le sport comme allié.

Depuis la reprise en septembre, il entraîne le petit Robin âgé de 6 ans en fauteuil roulant, fils unique de Jessica et Maxime résidant à Fuveau. "Il souffre de paralysie cérébrale, explique Jessica, un handicap moteur diagnostiqué à l'âge de 3 mois et dont les causes ne sont pas encore identifiées." Comme de nombreux enfants, Robin aime les jeux vidéo, les dessins animés et à découvert les ninjas qui se battent contre les méchants : "ça l'a inspiré, poursuit Maxime. D'autant plus que dans ces épisodes, on parle de potentiel latent et cela lui a donné envie de se dépasser. À sa demande, nous avons cherché un club et venons chaque mercredi à Vitrolles. Il est actuellement en CP avec l'aide d'une assistante de vie scolaire. Sans être réticents, nous avions peur qu'il soit un peu déçu et frustré mais, pris en main par Didier qui veut développer le para-karaté, il est très heureux et revient avec le sourire. Pour sa rééducation, ses cours de karaté sont un plus qui lui permettent de faire des mouvements avec une plus grande amplitude et lui apportent motricité et coordination. Nous espérons que d'autres enfants en situation de handicap viendront le rejoindre et suivre son exemple."

La section para-karaté de l'IKC s'étoffe, se réjouit Didier : "Je souhaite que nous puissions développer cette discipline comme un sport à part entière. Le karaté est un art martial vertueux où l'on s'efforce d'apporter à l'autre bien-être et motivation afin qu'il s'épanouisse sur la voie du Budo. On peut partager sa passion en l'adaptant à son auditoire. Le petit Robin est très motivé et assidu. En un mois et demi il a été capable d'apprendre les deux premiers katas de base. Il pourrait donner des leçons à bon nombre de valides de par sa volonté à vouloir apprendre avec le sourire."