SANTECes soirées clandestines qui bravent le Covid-19 et les mesures sanitaires

Coronavirus à Bordeaux : Ces soirées clandestines qui bravent le danger épidémique du Covid-19

SANTECes dernières semaines, malgré l’épidémie de coronavirus et les appels à ne pas se rassembler, des fêtes avec des dizaines de jeunes ont été organisées via des locations d’appartements et de maisons en Gironde
Illustration: des bouteilles d'alcool dans une soirée arrosée.
Illustration: des bouteilles d'alcool dans une soirée arrosée. - DURAND FLORENCE/SIPA
Clément Carpentier

Clément Carpentier

L'essentiel

  • A Bordeaux et ses alentours, des soirées clandestines organisées dans des appartements loués pour l’occasion se sont tenues avec des dizaines de jeunes, ces dernières semaines.
  • Les gestes barrières sont souvent très peu respectés mais selon la police, ce genre de fêtes restent rares. Il n’y a pas de phénomène.
  • Du côté de Airbnb, on rappelle que toutes les fêtes sont interdites depuis fin août dans les logements loués par la plateforme et que des mesures particulières ont été prises pour lutter contre ce genre de soirées.

La dernière fois, c’était il y a une dizaine de jours. Nicolas* se souvient juste que « c’était sur le littoral dans une grande maison avec piscine » et qu’ils étaient « une cinquantaine ». Etudiant à Bordeaux, le jeune homme de 19 ans participe depuis plusieurs semaines à des fêtes clandestines organisées via les réseaux sociaux en Gironde. « C’est une amie qui m’a fait découvrir ce groupe sur Instagram [atp_party, il a été supprimé depuis peu], ils organisent des grosses soirées grâce à des locations Airbnb. On nous demande quelques renseignements au départ et ensuite, on nous indique où ça va se passer, explique-t-il, mais je ne connaissais absolument pas les organisateurs ».

Ces derniers veillent d’ailleurs à ce que la mixité garçon/fille soit bien respectée dans les messages que 20 Minutes a pu consulter. En revanche, rien sur la situation sanitaire et les restrictions liées à l’épidémie de Covid-19 en France. En un mois, Nicolas a pris part à trois de ces fêtes. Deux à Bordeaux dans « un grand appartement et une immense villa avec piscine et spa » et donc la dernière sur la côte. « Au début, ça m’a surpris mais naturellement les gens se mettent à un mètre les uns des autres, comme si c’était une habitude. Mais bien sûr, c’est après que ça se gâte avec l’alcool, la musique… »

« Conscient des risques pris »

Il souligne tout de même « que pour la première fois, il y a dix jours, on nous a demandé de venir avec le masque et il y avait du gel hydroalcoolique un peu partout. J’ai ressenti une petite évolution ». Pas sûr que cela empêche le virus de circuler entre des dizaines de jeunes les uns à côté des autres dans des pièces parfois closes. Mais pas grave, Nicolas assume totalement sa participation à ce genre de soirées : « J’ai totalement conscience de ce que je fais et des risques mais comme il y a beaucoup de restrictions sur les loisirs, les boîtes de nuit, dès qu’il y a une soirée, on y va. » Il poursuit :

« C’est très difficile d’y résister en fait. On est jeune, on est immunisé. Après j’adapte aussi mon comportement par rapport à mes proches. Par exemple, j’évite de voir mes grands-parents en ce moment. » »

Celui qui refuse d’en parler à ses parents par risque d’être jugé et de se faire disputer avance un autre argument : « On a l’habitude de faire des fêtes en gros comité, c’est pour ça que c’est compliqué de tenir avec ces restrictions à 10 ou à 6 maintenant. On veut quand même profiter un maximum malgré l’épidémie. » Comme l’a dit Emmanuel Macron, le 14 octobre, « c’est dur d’avoir 20 ans en 2020 » mais cela n’empêche pas de respecter les règles.

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Pas de veille policière sur les réseaux sociaux

La police est-elle inquiète de voir ce genre de fêtes s’organiser ? Au commissariat de Bordeaux, on préfère tout de suite rappeler « qu’il n’y a pas un phénomène à proprement dit sur ce type de soirées, elles ne se multiplient pas, on est plutôt face à des exceptions ». D’ailleurs, « il n’y a pas de veilles particulières sur les réseaux sociaux, explique un policier à 20 Minutes, on n’a pas une équipe qui travaille spécialement sur ces questions. La plupart du temps, ce sont les voisins qui nous préviennent assez rapidement car cela ne passe pas inaperçu. Il y a du tapage nocturne très souvent. »

Du côté de Airbnb, on essaie de traquer ces soirées clandestines car la plateforme « a interdit les fêtes sur tous les logements loués » depuis fin août. Elle rappelle qu’elle « peut être amenée à supprimer le compte de l’utilisateur ou encore à engager des poursuites judiciaires si cette règle n’est pas respectée ». Airbnb assure avoir pris d’autres dispositions comme la restriction des réservations pour les moins de 25 ans (ceux qui ont moins de trois commentaires positifs sur des séjours précédents ne peuvent plus réserver de logements entiers près de chez eux), l’impossibilité sur la plateforme de louer aujourd’hui un logement pouvant accueillir plus de 16 personnes. Elle rappelle enfin qu’il existe « un portail dédié aux voisins et un autre à la police » qui permettent aux premiers de signaler tout événement de ce genre et aux seconds d’obtenir tous les informations nécessaires en cas d’infraction.

*Le prénom a été modifié.

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