Il ne faut surtout pas "donner le nom de l’assassin" estime ce psychiatre azuréen après l'attentat à Nice

Un psychiatre azuréen, fin connaisseur de l’Islam, livre son analyse de l’attaque terroriste à Nice. Il a souhaité conserver l’anonymat.

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Propos recueillis par N.C. Publié le 29/10/2020 à 17:22, mis à jour le 29/10/2020 à 17:31
La police sur l'avenue Jean Médecin dans le périmètre de sécurité. Photo Dylan Meiffret

L’assassin niçois pourrait-il avoir été inspiré par le crime de Samuel Paty?
Ça lui a probablement donné de la force, du courage. Il faut se venger des mécréants, ceux qui ont caricaturé l’Islam, leur donner des leçons. L’Islam n’accepte pas la critique. Même si bien sûr, pour l’immense majorité des musulmans, il est impensable de tuer pour ce motif, il reste que beaucoup pensent: "ils l’ont cherché".

Qui sont ceux qui passent à l’acte?
Essentiellement des individus qui n’ont pas grand-chose à perdre, qui pensent que là-haut, ils auront plus de choses qu’ici bas : des marginaux parfois, qui espèrent le paradis, et qui sont faciles à manipuler. Mais, souvent il s’agit de mouvements spontanés, guidés par l’inconscient. S’ils ont appris que la vraie vie commence après la mort – fondement de l’Islam-, à un moment donné, pour une raison X, ils vont se dire: j’ai de la chance, je vais pouvoir aller au paradis. Et c’est important qu’ils tuent alors le maximum de personnes avant de partir. Plus ils tuent de mécréants, plus ils auront ainsi fait de bonnes actions et pourront espérer se retrouver au paradis, à côté du prophète.

Dans le cas présent, le terroriste est toujours vivant.
Oui, et c’est un grand malheur pour lui, un véritable échec, une punition. Il a raté son rendez-vous avec les 72 vierges.

Deux femmes parmi les victimes de l’attaque de Nice. L’auteur a-t-il pu choisir ses cibles?
Peu importe qui le terroriste a en face de lui, un homme, une femme, un enfant… ils n’ont pas de visage pour lui. Mais, une femme dans une église aux yeux de ce type d’individu, commet un triple péché : elle est femme, mécréante et elle va à l’église. Il ne pense pas un instant que cette femme pourrait être sa mère ou sa sœur : elle est une femme qui pourrait lire Charlie Hebdo, c’est-à-dire pire que du porno. L’assassin niçois a recouru au même mode opératoire qu’à Conflans : la décapitation. Au Texas, c’est l’arme à feu, dans l’Islam c’est la décapitation.

Pourquoi au sein d’une église?
Elle symbolise les mécréants, les croisés, ceux qui ne croient pas à l’islam. Avec ce choix de lieu, on frappe plus fort, là où ça fait mal.

Êtes-vous surpris par ce nouvel acte terroriste quelques jours après le meurtre de Samuel Pathy? Malheureusement non. Et il y en aura d’autres, tant qu’on n’exigera pas des chefs musulmans qu’ils enseignent aux enfants, dès les premiers âges, que la vie est plus importante que la mort, et que nul n’a le droit de tuer et de se glorifier. Tous les enfants s’amusent à écraser des fourmis ou arracher les ailes des mouches… C’est l’éducation, la religion, l’école, qui vont leur apprendre que non, on n’a pas le droit de tuer, même un animal.

La mobilisation très forte, les nombreux hommages qui font suite à ces actes terroristes sont-ils contre-productifs?
Ces hommages s’adressent à la population et ont pour objectif de rassurer en disant "on est là ". Ce qui serait contre-productif dans le cas présent, ce serait de donner le nom de l’assassin. Ça participerait à le glorifier et à inciter d’autres à commettre des actes similaires. 

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Var-Matin

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