CONFINEMENT - Les libraires font de la résistance. Dans le cadre du reconfinement, le gouvernement a ordonné la fermeture des commerces non-essentiels - librairie incluses- alors que de grandes enseignes comme Fnac et Darty pourront rester ouvertes, notamment parce qu’elles vendent du matériel informatique.
Pour de nombreux libraires à travers la France, c’est une situation insupportable. C’est notamment le cas de Samuel Chauveau qui tient la librairie Bulle au Mans. Sur Instagram, ce dernier a partagé son coup de gueule dans une vidéo, indiquant que pour sa part il était ouvert ce vendredi 30 octobre, premier jour du confinement. Le commerçant se tient entre deux BD dont les titres donnent immédiatement le ton: “Résistances” de Claude Plumail, et le tome 2 de la série “Faut pas prendre les cons pour des gens” de Reuzé et Rouhaud.
“Comme lors du premier confinement, les hypermarchés vont continuer à vendre des livres, et coup de tonnerre, pour ce second confinement, les Fnac sont autorisées à rester ouvertes. Là je crois que ça en est réellement trop. Aujourd’hui, je lance un cri d’alerte”, indique-t-il. “À titre personnel, je vous l’annonce, la librairie restera ouverte jusqu’à nouvel ordre. Pendant votre heure de sortie, vous pouvez peut-être nous rejoindre”, lance-t-il également alors que d’autres librairies indépendantes du Mans lui ont apporté leur soutien. Dans les commentaires, les auteurs de BD Joann Sfar et Lola Séchan en ont fait de même.
Ce cri du coeur fait suite à un appel à l’aide déjà lancé jeudi après l’allocution d’Emmanuel Macron. Dans un communiqué commun, le Syndicat national de l’édition (SNE), le Conseil Permanent des Ecrivains (CPE) et le Syndicat de la Librairie Française (SLF) avaient déjà demandé au président de la République de “laisser les librairies ouvertes”
Les politiques montent au créneau
Si le critique littéraire François Busnel a annoncé de son côté sur franceinfo qu’il allait lancer une pétition en ligne, de plus en plus de personnalités politiques ont pris la parole ce vendredi pour venir à la rescousse de ces commerces jugés non-essentiels, en en appelant notamment à la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, et à son confrère de l’Economie, Bruno Le Maire.
La maire PS de Paris Anne Hidalgo a ainsi appelé à laisser les librairies ouvertes, estimant que l’accès à la lecture était aussi essentiel à la nation que d’autres activités ayant bénéficié de dérogations. Une nécessité également partagée par plusieurs députés Insoumis. François Ruffin, Mathilde Panot, Manon Aubry ou Bastien Lachaud dénoncent sur les réseaux sociaux une concurrence déloyale avec les grandes enseignes.
Ancien député de la majorité, l’écologiste Matthieu Orphelin a également dénoncé cette situation dans un communiqué de presse, rappelant que “les librairies remplissent pourtant deux fonctions essentielles dans ce moment si particulier pour notre société”: “Elles fournissent un accès à la culture si utile pour surmonter cette crise inédite, et elles sont un commerce de proximité”.
Visiblement, ces colères ont été en partie entendues. Fnac-Darty, “face au constat de l’impossibilité d’une ouverture de l’ensemble des acteurs de la vente de livres” dans le cadre du reconfinement des commerces “non essentiels”, a ainsi annoncé vendredi en fin de journée fermer “l’ensemble des rayons culture” des magasins Fnac pour les 15 prochains jours. Cette fermeture, qui entrera en vigueur à compter de demain (samedi) matin”, a été décidée “dans un souci de responsabilité”, selon les termes de son directeur général Enrique Martinez.
D’après BFMTV et Europe 1, c’est le gouvernement qui demandé cette fermeture à la Fnac mais aussi aux autres enseignes de grande distribution. Une décision qui fait suite à une réunion avec les représentants de ces dernières et les acteurs de la filière du livre.
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