Climat : retard exceptionnel du gel dans l'océan Arctique

La mer de Laptev qui borde l'océan Arctique en Sibérie, n'a toujours pas gelé en raison des températures anormalement élevées dans la région. C'est la première fois qu'un tel retard est observé à cette époque de l'année.

Arctique
Dans l'océan Arctique, au fil des années, la glace s'amoindrit et apparaît de plus en plus tard dans la saison.

La mer de Laptev est l'une des principales "fabriques" de glace de l'océan Arctique. Cette mer bordière de l'Arctique est située en Sibérie, au nord de la Russie. Elle couvre approximativement 672.000 kilomètres carrés, et à cette époque de l'année, elle a normalement largement commencé à geler.

Pas cette année. Fin octobre, pour la première fois en plus de 40 ans de mesures, la glace n'a toujours pas commencé à se former sur la mer de Laptev. Comment expliquer ce manque de glace ? Le réchauffement climatique a-t-il une part de responsabilité ? Éléments de réponse.

Un retard de gel sans précédent

Généralement, au tout début du mois d'octobre, voire parfois fin septembre, la mer de Laptev en Sibérie s'est déjà en partie recouverte de glace. Cette année, les indicateurs montrent que le retard est sans précédent. En cause, comme le rapporte le journal anglais The Guardian, les températures trop élevées de l'océan Arctique, 5°C au-dessus des normales.

Cette anomalie de température fait suite à un été très chaud en Sibérie (on se rappelle des gigantesques incendies) et à un déclin inhabituellement précoce de la glace à la fin de l'hiver dernier. La chaleur accumulée dans les eaux de surface ne parvient pas à se dissiper, et le gel n'est donc toujours pas apparu.

Déjà en 2012, la glace avait atteint son plus bas niveau, mais un peu plus précocement, à la mi-septembre, avant le retour du gel début octobre. Cette fois, comme le montre ce tweet de Zachary Labe, un climatologue américain, la courbe est restée anormalement plate depuis le début du mois de septembre. On relève tout de même que depuis quelques jours, le processus de formation de glace a débuté, mais très en retard.

Une marque incontestable du changement climatique

Les températures cette année en Sibérie ont été parfois 5°C au-dessus des normales sur tout un mois entier, comme en février, en avril ou en septembre. Cette situation est bien évidemment due au réchauffement global qui touche toute la planète, et en particulier les pôles. Le changement climatique entraîne également des courants atlantiques plus chauds en direction de l'Arctique, ce qui rend plus difficile la formation de glace.

Depuis 2007, les records des plus faibles étendues de glace dans la mer de Laptev se succèdent, avec des niveaux vraiment très faibles en 2018 et 2019. Selon les scientifiques, l'épaisseur moyenne actuelle est moitié moins importante que dans les années 1980.

Sans surprise, et selon les modélisations, cette situation devrait se poursuivre et s'accentuer d'ici à 2050. Il est même fort probable que l'Arctique connaisse son premier été sans glace bien avant 2050.

Ce manque de glace a des conséquences directes sur la faune et flore locale. Moins de glace, c'est aussi moins de matière blanche pour refléter plus efficacement les rayons du soleil, et donc empêcher un plus net réchauffement selon l'effet d'albédo. C'est également moins de nutriments pour le plancton arctique, et donc moins de nourriture pour les autres animaux.

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