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Dawit Isaak, presque vingt ans dans les geôles érythréennes

Détenu depuis 2001, jamais jugé, c’est l’un des journalistes ayant passé le plus de temps en prison au monde. Reporters sans frontières vient de déposer une plainte pour crime contre l’humanité.

Par  (Malmö (Suède), correspondante régionale)

Publié le 02 novembre 2020 à 09h45, modifié le 02 novembre 2020 à 20h26

Temps de Lecture 5 min.

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Les soutiens de Dawitt Isaak (ici, une manifestation à Stockholm en janvier 2014) ont dû attendre plusieurs années avant que la Suède se mobilise pour son ressortissant.

Esaya Isaak a parlé pour la ­dernière fois avec son frère en novembre 2005. Une minute au téléphone, puis plus rien. Sur la page de l’association Free Dawit, une horloge digitale mesure le temps écoulé depuis l’­arrestation du journaliste suédo-érythréen à Asmara, la capitale, le 23 septembre 2001. Au moment de la publication de cet article, Dawit Isaak a passé six mille neuf cent soixante-dix-neuf jours derrière les barreaux, soit dix-neuf ans et trente-huit jours. Il n’est sorti de prison qu’une seule fois, le 19 novembre 2005, deux jours avant d’être de nouveau arrêté.

« Aussi haut placés soient-ils, les individus qui ont jeté Dawit Isaak en prison et qui l’y laissent croupir depuis près de vingt ans doivent être tenus pénalement responsables. » Shirin Ebadi, avocate et lauréate du prix Nobel de la paix en 2003

Aujourd’hui, personne ne sait exactement dans quelle geôle érythréenne il se trouve. Juste qu’il est encore en vie et que sur ses seize collègues, arrêtés en même temps que lui, trois autres sont toujours en prison. Selon l’organisation Reporters sans frontières (RSF), aucun autre journaliste au monde n’a été détenu aussi longtemps qu’eux. Disposant de la double nationalité suédoise et ­érythréenne, Dawit Isaak est le seul journaliste européen considéré comme prisonnier d’­opinion par Amnesty International.

Le 21 octobre, la branche suédoise de RSF a déposé une plainte au parquet de Göteborg. Elle vise le président érythréen, Isaias Afwerki, trois de ses ministres, le chef de la sécurité nationale et trois hauts gradés, tous accusés de « crime contre l’humanité, disparition forcée, torture et enlèvement ». Douze juristes, spécialistes des droits de l’Homme, y ont apposé leur signature.

Parmi eux, l’avocate iranienne Shirin Ebadi, lauréate du prix Nobel de la paix en 2003. « Aussi haut placés soient-ils, les individus qui ont jeté Dawit Isaak en prison et qui l’y laissent croupir depuis près de vingt ans doivent être tenus pénalement responsables », a-t-elle déclaré. Pour elle, « tant que ces personnes pourront agir en toute impunité, tant que les États qui le peuvent ne cherchent pas à les faire condamner, la justice en Erythrée ne pourra progresser. » Le pays est 178e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.

Réfugié en Suède en 1987

Né en 1964, au début de la guerre d’indépendance de l’Erythrée – qui a duré de 1961 à 1991 – Dawit Isaak a grandi à Asmara, où ses parents tenaient une boutique de produits italiens. En 1987, alors que les combats entre le Front populaire de libération de l’Erythrée (FPLE) et l’armée éthiopienne s’intensifient, il se réfugie en Suède. Ses frères et sœurs y vivent déjà. Il gagne sa vie comme agent d’entretien, commence à écrire et obtient la nationalité suédoise.

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