Crimes

Journalistes tués : Reporters sans frontières interpelle l'ONU

Trente-deux journalistes et collaborateurs de médias ont été tués depuis le début de l’année, selon RSF, qui réclame une nouvelle fois la création d'un poste de «représentant spécial».
par LIBERATION
publié le 2 novembre 2020 à 5h00
(mis à jour le 2 novembre 2020 à 13h44)

Un chiffre en baisse, mais qui reste préoccupant : trente-deux journalistes et collaborateurs de médias ont été tués depuis le début de l'année 2020 selon Reporters sans frontières (RSF). A l'occasion ce lundi de la «Journée internationale de la fin de l'impunité pour les crimes commis contre des journalistes», l'ONG réitère sa demande auprès du secrétaire général des Nations Unies de créer un poste de «représentant spécial pour la sécurité des journalistes».

Dans une tribune à paraître dans plusieurs médias internationaux, RSF interpelle directement Antonio Guterres, dont le mandat doit s'achever à la fin de l'année prochaine : «Il reste un peu plus d'un an au secrétaire général pour agir et laisser un héritage significatif en matière de lutte contre l'impunité et de protection des journalistes, écrit le secrétaire général de l'ONG, Christophe Deloire. La désignation d'un membre de son équipe comme contact privilégié, seule action concrète qu'il ait menée pour l'instant, ce n'est pas suffisant», déplore-t-il. Pour RSF, seule la création d'un représentant spécial à l'ONU permettrait de mettre fin à «l'impunité endémique» à l'égard des journalistes.

«Des menaces plus difficiles à combattre»

En 2019, 49 journalistes avaient été tués dans le monde, un chiffre en nette baisse par rapport à l'année d'avant, car les journalistes se rendent de moins en moins dans les zones de conflit, explique RSF. Une baisse qui ne doit pas occulter une réalité : le nombre de journalistes tués dans les pays dits «en paix» reste élevé, et il y a même désormais proportionnellement plus de morts dans les pays en paix que dans les zones de conflit, souligne RSF. Le 30 octobre, un présentateur mexicain a ainsi été abattu à Ciudad Juarez, près de la frontière américaine, le sixième journaliste tué cette année au Mexique.

En raison de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19, et avec   la fermeture de nombreuses frontières, beaucoup de journalistes ne sont pas allés sur le terrain cette année, souligne RSF. Pour l'instant, 29 journalistes et trois collaborateurs de médias tués depuis début 2020, selon l'ONG qui doit publier son bilan annuel fin décembre. «La période Covid a réellement changé la donne sur le terrain. Moins de journalistes ont été tués mais il y a eu plus de pressions et d'exactions contre les journalistes», constate Christophe Deloire. «Les menaces continuent d'augmenter», mais elles «sont de plus en plus nuancées et beaucoup plus difficiles à combattre», alerte-t-il dans son texte.

«Sur la dernière décennie, presque 1 000 journalistes ont été tués en lien avec leur travail, des crimes quasiment toujours impunis. Beaucoup de ces cas n'ont pas fait l'objet d'une véritable enquête et les coupables n'ont jamais eu à répondre de leurs actes», pointe le secrétaire général. Ce dernier souligne le «manque de mécanismes internationaux efficaces», permettant notamment d'engager «la responsabilité de ceux qui commettent de crimes contre les journalistes partout dans le monde».

La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a lancé de son côté une campagne mondiale «pour dénoncer ceux qui ordonnent les crimes contre les journalistes mais demeurent impunis, ainsi que pour exhorter les gouvernements à prendre des mesures urgentes afin d'en finir avec l'impunité et protéger la liberté de la presse».

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