Spécialiste des vers de terre à l’Institut national pour la recherche agronomique, l’alimentation et l’environnement (Inrae), Céline Pelosi se penche depuis longtemps sur les impacts des pesticides sur ces acteurs essentiels de la fertilité des sols. “On s’est aperçu qu’il n’y avait pas eu de recherches faites sur la présence de "cocktails" de multiples pesticides dans les sols non traités, les haies et les petits bois considérés comme des refuges pour la faune et la flore et on a voulu corriger ce manque”, explique la chercheuse. Ses travaux viennent d’être publiés dans la revue scientifique Agriculture, Ecosystems & Environment. Ils révèlent une contamination ubiquitaire n’épargnant aucun élément de la nature.
La zone atelier Plaine et val de Sèvres est une plaine céréalière de 450 km² située à quelques kilomètres de la ville de Niort (Deux-Sèvres) qui est suivie depuis des décennies par le CNRS. L’endroit idéal pour lever le nez de la parcelle agricole et considérer tout ce qui l’entoure. Au printemps 2016, les chercheurs ont choisi 60 zones de 1 km² où ils ont prélevé des échantillons de sol sur 5 centimètres de profondeur, capturé des vers de terre (de l’espèce Allolobophora chlorotica vivant à la surface du sol et donc plus exposée aux épandages de pesticides que les espèces vivant plus en profondeur). 53 prélèvements ont été faits sur des champs de céréales traités aux pesticides, 7 sur des parcelles en bio, 34 dans des prairies traitées, et 26 sur des prairies permanentes non traitées. 60 sols de haies ont également été récupérés. Au total, 180 échantillons de sol et 155 vers de terre (qui étaient absents de 25 lieux échantillonnés) ont été analysés.
Une présence ubiquitaire à des teneurs très élevées
Les chercheurs ont procédé à une analyse multi-résidus. Ils ont cherché 31 produits phytosanitaires répandus, la grande majorité d’entre eux en usage actuellement et 2 interdits d’usage depuis quelques années. Aucun des échantillons de sol n’est indemne de traces de pesticides et 90 % contiennent plusieurs molécules en mélange d’herbicide, fongicide et insecticide. Ce sont bien des pesticides d’usage courant qui ont été retrouvés le plus souvent à des concentrations invraisemblablement élevées. Ainsi, l’herbicide diflufénican a été retrouvé dans 162 échantillons sur 180 avec un record de concentration de 1361 nanogrammes par gramme (ng/g) alors que la valeur maximale attendue dans les sols est de 405 ng/g.
Spécialiste des vers de terre à l’Institut national pour la recherche agronomique, l’alimentation et l’environnement (Inrae), Céline Pelosi se penche depuis longtemps sur les impacts des pesticides sur ces acteurs essentiels de la fertilité des sols. “On s’est aperçu qu’il n’y avait pas eu de recherches faites sur la présence de "cocktails" de multiples pesticides dans les sols non traités, les haies et les petits bois considérés comme des refuges pour la faune et la flore et on a voulu corriger ce manque”, explique la chercheuse. Ses travaux viennent d’être publiés dans la revue scientifique Agriculture, Ecosystems & Environment. Ils révèlent une contamination ubiquitaire n’épargnant aucun élément de la nature.
La zone atelier Plaine et val de Sèvres est une plaine céréalière de 450 km² située à quelques kilomètres de la ville de Niort (Deux-Sèvres) qui est suivie depuis des décennies par le CNRS. L’endroit idéal pour lever le nez de la parcelle agricole et considérer tout ce qui l’entoure. Au printemps 2016, les chercheurs ont choisi 60 zones de 1 km² où ils ont prélevé des échantillons de sol sur 5 centimètres de profondeur, capturé des vers de terre (de l’espèce Allolobophora chlorotica vivant à la surface du sol et donc plus exposée aux épandages de pesticides que les espèces vivant plus en profondeur). 53 prélèvements ont été faits sur des champs de céréales traités aux pesticides, 7 sur des parcelles en bio, 34 dans des prairies traitées, et 26 sur des prairies permanentes non traitées. 60 sols de haies ont également été récupérés. Au total, 180 échantillons de sol et 155 vers de terre (qui étaient absents de 25 lieux échantillonnés) ont été analysés.
Une présence ubiquitaire à des teneurs très élevées
Les chercheurs ont procédé à une analyse multi-résidus. Ils ont cherché 31 produits phytosanitaires répandus, la grande majorité d’entre eux en usage actuellement et 2 interdits d’usage depuis quelques années. Aucun des échantillons de sol n’est indemne de traces de pesticides et 90 % contiennent plusieurs molécules en mélange d’herbicide, fongicide et insecticide. Ce sont bien des pesticides d’usage courant qui ont été retrouvés le plus souvent à des concentrations invraisemblablement élevées. Ainsi, l’herbicide diflufénican a été retrouvé dans 162 échantillons sur 180 avec un record de concentration de 1361 nanogrammes par gramme (ng/g) alors que la valeur maximale attendue dans les sols est de 405 ng/g. L’imidaclopride, un néonicotinoïde qui à l’époque du prélèvement était autorisé (il a été interdit en 2018, mais des dérogations ont été demandées et obtenues par la filière betteravière récemment) a été détecté dans 160 échantillons avec un record à 160 ng/g, un peu en dessous de la valeur maximale attendue à 184 ng/g. Le troisième du podium est un fongicide star, le boscalid, détecté dans 155 échantillons avec un record à 1212 ng/g alors que la valeur maximale attendue est 364 ng/g.
Des concentrations d'insecticide élevés dans les vers de terre
Les vers de terre ont également révélé des concentrations très fortes de l’insecticide Imidaclopride allant jusqu’à 777 ng/g soit des teneurs très supérieures à celles retrouvées dans le sol. Mais la plupart des pesticides recherchés ont été détectés chez ces animaux. “Comme les teneurs sont supérieures à celles retrouvées dans le sol, c’est le signe que les vers de terre accumulent ces pesticides, expose Céline Pelosi. Les teneurs trouvées dans les sols et cette bio-accumulation pourraient avoir de nombreux effets physiologiques et écologiques, en particulier des effets néfastes sur la reproduction d’après les valeurs seuils des tests de toxicité.” Des mesures faites sur les poils de mulots sylvestres et de musaraignes et dans l’organisme des carabes vont faire l’objet de nouvelles publications scientifiques. Au premier abord, elles semblent révéler une imprégnation similaire.
Les chercheurs de l’Inrae et du CNRS à l’origine de ces résultats ont également pris des échantillons pour une détection du glyphosate, l’herbicide suspecté d’être cancérogène qui sera interdit début 2022 en France. L’article est en cours de parution. Ces résultats montrent que la contamination par les phytosanitaires n’épargne pas les zones qui n’ont pas subi d’épandage. “Même les sols non traités des champs de céréales bio et des haies font l’objet de "cocktails" revêtant un risque élevé avec par exemple 22 échantillons, soit 37 % des haies qui présentent des résidus parfois importants de pesticides”, écrivent les chercheurs. Ce qui vient d’être décrit, c’est une contamination globale des campagnes.