Denise Bombardier

Denise Bombardier

Service de presse

La France paie pour notre liberté

Le cri "Allah Akbar" a retenti de nouveau en France. C'était dans la basilique Notre-Dame de Nice. Un terroriste âgé de 25 ans a tué trois personnes dont une femme âgée qu'il a décapitée. Deux heures plus tard, à Avignon, un autre terroriste a été abattu par la police après avoir menacé avec une arme des passants dans la rue.

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Cela s'est passé dans la "logique" de la décapitation, [le 16 octobre dernier], d'un professeur d'histoire-géographie dans un collège en banlieue parisienne.

Le président Macron, qui a déclaré la guerre au séparatisme islamiste qui sévit sur le sol français, est déjà l'objet de menaces de mort dans plusieurs pays islamistes. Et non seulement de la part des imams les plus radicaux. Maintenant, ce sont les chefs d'État qui donnent le ton. Comme le président turc, Recep Erdogan, devenu le chef de file des dirigeants islamistes et le président du Pakistan qui vomissent la France et sa liberté d'expression qui inclut le droit au blasphème. C'est ce droit qui a provoqué les fous de Dieu qui ont tué la quasi-totalité des journalistes de Charlie Hebdo, le journal satirique phare qui avait publié auparavant des caricatures de Mahomet.

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Universalisme

Dans nos pays démocratiques deux visions irréconciliables s'opposent. D'une part, la vision française qui s'inspire des philosophes du Siècle des Lumières et adopte des valeurs universalistes. Dans cette optique, qu'une majorité de Québécois partage aussi, il n'y a qu'une "race", c'est la race humaine.

D'autre part, il y a la conception multiculturelle et son trait dominant, le communautarisme. Chacun se définit selon la couleur de sa peau, sa race, son orientation sexuelle, sa religion et son appartenance culturelle. Le Canada est la forme la plus avancée de ce communautarisme actuel.

Tous ceux qui affectionnent encore la France doivent la défendre et s'alarmer des attaques dont elle fait l'objet. Sur son territoire et ailleurs dans le monde. Par exemple, comment les Québécois peuvent-ils tolérer que le Premier ministre Justin Trudeau n'ait pas appelé personnellement le président Macron à l'instar d'autres chefs d'État et qu'aucun communiqué officiel à Ottawa n'ait été émis suivant la décapitation du professeur-martyr, Samuel Paty?

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Pusillanime

Il faut le marteler. Justin Trudeau se défile lorsqu'il s'agit de blâmer des actes terroristes posés au nom de l'Islam. Pas surprenant qu'il annonce son désir niais "de parler aux leaders du monde pour comprendre leurs inquiétudes et leurs préoccupations". Ah oui, que dira-t-il à Erdogan, qui traite Emmanuel Macron de malade mental, en s'inspirant à l'évidence de son ami Donald Trump, qu'il espère voir réélu mardi prochain ? Erdogan et Trump font la paire au-delà de leurs apparences physiques et celles de leurs épouses et filles.

Justin Trudeau n'est donc pas l'ami d'Emmanuel Macron ni l'ami de la France, avant-garde des libertés individuelles et du principe de laïcité. Cela explique son aversion pour le Québec et sa loi 61, appuyée par une majorité de francophones.

Pour parler dru, le Canada devient de plus en plus une culture étrangère pour nous tous, Québécois, défenseurs du concept de nation et des valeurs universalistes et non communautaristes.

Bref, serions-nous devenus des exilés intérieurs au Canada?

Denise Bombardier, auteure d'Une Enfance à l'eau bénite et intervieweuse en chef de tous les politiques canadiens, a publié cette tribune dans le quotidien Journal de Montréal.

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