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L’islamisme pour les nuls
Ce lundi 2 novembre au soir, à Vienne en Autriche, au moins quatre personnes ont été tuées et quinze blessées par plusieurs assaillants. Un terroriste, abattu par la police, est un sympathisant de l’État islamique.
JOE KLAMAR / AFP

L’islamisme pour les nuls

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"On en déduira donc que si les terroristes islamistes ont frappé à Vienne, c’est à cause des dessins blasphématoires qui n’ont jamais été publiés en Autriche et de la laïcité inexistante dans ce pays. Comme quoi on n’est jamais assez prudents", écrit Jack Dion.

À chaque attentat islamiste en France, des esprits chagrins expliquent avec moult détails que sans les caricatures de Charlie Hebdo et le diktat insupportable d’une laïcité qui méprise les religions en général et l’islam en particulier, on n’en serait pas là.

Notre pays baignerait dans le calme et la volupté multiculturalistes. Il serait protégé de toute dérive extrémiste, à part bien sûr celle de l’extrême droite qui obsède tant Edwy Plenel, fondateur de Mediapart, et ses amis, toujours prêts à prendre le maquis et à créer des Brigades Internationales pour résister à la seule terreur qui les obsède, symbolisée par les descendants supposés de Hitler, de Pétain et de Franco.

Provocation

On en déduira donc que si les terroristes islamistes ont frappé à Vienne, c’est à cause des dessins blasphématoires qui n’ont jamais été publiés en Autriche et de la laïcité inexistante dans ce pays. Comme quoi on n’est jamais assez prudents.

Empreints d’une lucidité qui force l’admiration, ces mêmes grands personnages ont également pris pour habitude de dénoncer les prétendues restrictions au port du voile en France, ou l’interdiction de la burqa. Ils y voient une insupportable provocation à l’égard des musulmanes, qui ont toutes vocations à être plongées dans le grand bain du traditionnalisme religieux ultra.

Recherche de coupables

On en déduira donc que si l’Etat islamique a frappé à l’université de Kaboul, laissant plus de 22 cadavres sur le sol, c’est pour organiser une campagne de pub en faveur de la burqa, pourtant obligatoire en Afghanistan, en vertu du droit de la femme à vivre librement derrière un grillage. Ce dernier garantit son épanouissement en la protégeant des regards concupiscents des rares blancs occidentaux de passage sur cette terre d’orient.

Ainsi va la vie. Dès qu’un attentat a lieu au nom d’une idéologie ayant pris en otage une religion, des gens, souvent bardés de diplômes, s’empressent d’absoudre l’islamisme, et de nier ses responsabilités intrinsèques. Ils préfèrent chercher des coupables dans les pays visés, aussi différents soient-ils.

Aveuglement

Une fois versée une larme de circonstance sur les victimes (quand même), ils nous livrent de savantes analyses sur les dégâts causés par « l’islamophobie d’Etat », comme l’a fait récemment le sociologue Jean-François Bayart dans Le Monde. Une version voisine de cette approche a été publiée dans un article de blog sur Mediapart sous le titre : « Encore un effort, Monsieur le Président, pour ne plus être islamophobe ». Au passage, on apprend que le seul fait de critiquer une religion relève du racisme, à croire qu’il existe une race musulmane.

Dans L’Humanité, un autre sociologue, Farhad Khosrokhavar, a dénoncé la « republication des caricatures », qui « constitue un motif très puissant pour nombre de jeunes radicalisés qui pensent que la ligne rouge a été franchie ». Y compris à Vienne ? Emporté par son élan, ce même sociologue fustige « la réponse répressive, souvent stigmatisante » et dénonce la « laïcité frileuse, crispée » qui « se mue en religion civile ». A Kaboul aussi ?

Pour mémoire, on rappellera que Farhad Khosrokhavar avait publié dans Le Monde, en septembre 2016, une tribune titrée : « On entre dans une forme de féminisme du djihadisme ». L’avenir de la femme s’appelle Hayat Boumeddiene, veuve de Amedy Coulaby, le tueur de l’hyper casher, toujours en cavale avec l’idéal féministe sur sa ceinture d’explosifs.

Une telle constance dans l’aveuglement mérite le respect. Encore bravo, et vivement la suite !

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne