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Election américaine : Twitter, miroir grossissant de la présidence de Donald Trump

Des piques répétées contre les démocrates ou les « fakes news media », des commentaires sur l'actualité, des (très) nombreux autosatisfecit… En quatre ans et 24.000 tweets, le président américain s'est livré à un exercice de communication totalement inédit pour un personnage de sa fonction. Florilège.

Le milliardaire est inscrit depuis 2009 sur le réseau social, et en a fait, huit ans plus tard, un point d'accès direct à la présidence de la première puissance mondiale.
Le milliardaire est inscrit depuis 2009 sur le réseau social, et en a fait, huit ans plus tard, un point d'accès direct à la présidence de la première puissance mondiale. (Alex Wong/Getty Images/)

Par Basile Dekonink

Publié le 3 nov. 2020 à 13:05

Des longs, des courts, des crûs, des brutaux, des drôles, des indéchiffrables… en un peu moins de quatre ans à la Maison Blanche, c'est à une véritable logorrhée que s'est livré Donald Trump sur Twitter. Pas moins de 24.000 messages postés sur sa plate-forme sociale favorite, qui resteront comme les traces les plus visibles de la communication toute particulière du président américain.

Le milliardaire est inscrit depuis 2009 sur le réseau social, et en a fait, huit ans plus tard, un point d'accès direct à la présidence de la première puissance mondiale. « Il a besoin de tweeter comme il a besoin de manger », a un jour expliqué son ancienne conseillère Kellyane Conway.

Un besoin qui se fait de plus en plus pressant à mesure que se profile l'élection présidentielle américaine : Donald Trump publie 35 messages par jour en 2020, contre 7 lors de la première année de son mandat.

Des attaques ad hominem

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« Loser » (utilisé à 234 reprises dans ses tweets), « idiot » (222 fois), « stupide » (183 fois)… Donald Trump se livre à un pilonnage en règle de ses adversaires sur Twitter, où il bénéficie d'une audience considérable avec ses 87,3 millions d'abonnés. Mi-2019, un décompte minutieux du « New York Times » recensait 598 victimes des foudres du président américain depuis le début de son de son mandat.

Ses cibles favorites : certains médias comme le « Washington Post », le « New York Times » ou CNN ; les démocrates - Hillary Clinton la « tricheuse » puis Joe Biden, surnommé « Sleepy Joe », en particulier -, et surtout Barack Obama. L'ancien président américain a été cité quelque 630 fois par l'actuel locataire de la Maison Blanche depuis 2017, selon le site Trump Twitter Archive.

L'animosité entre les deux hommes n'est pas nouvelle : c'est après avoir été humilié publiquement par Barack Obama que Donald Trump aurait décidé, en 2011, de se lancer en politique. Le second s'est d'ailleurs employé à défaire l'héritage du premier - l'accord iranien sur le nucléaire, l'accord de Paris, l'Obamacare - tout en le critiquant copieusement sur Twitter.

Des « fakes news » par milliers

Autre constante de Donald Trump depuis sa prise de fonction, sur Twitter comme ailleurs : les propos mensongers, complotistes, factuellement faux ou erronés. De toutes les « fakes news » véhiculées par le milliardaire et recensées par le « Washington Post » depuis 2017, 3.885 ont été lâchées sur le réseau social.

Parmi les thèmes les plus récurrents : les performances historiques de l'économie américaine durant son mandat, l'état d'avancée du mur à la frontière avec le Mexique, les conclusions de l'enquête du procureur Mueller sur de possibles collusions avec la Russie durant la campagne de l'élection de 2016…

Se posant lui-même en victime d'une « chasse aux sorcières » - notamment en provenance des « fake news medias », Donald Trump a accumulé les mensonges, approximations ou omissions sur Twitter. La plate-forme a fini par tenter une timide mise au pas en qualifiant deux de ses tweets sur le vote par correspondance comme « trompeur » puis en signalant un autre message pour « apologie de la violence ».

La diplomatie directe

La Chine, l'Iran, l'OMS, l'Otan ou encore Emmanuel Macron… Diplomates comme organisations internationales ont appris à garder un oeil vigilant sur Twitter sous la présidence de Donald Trump. Le chef d'Etat a pris l'habitude de distribuer bon et mauvais points, voire menaces et intimidations, sans aucune des précautions d'usage.

Kim Jong-un, qualifié de « fou », de « petit gros » et invité à comparer la taille de son bouton nucléaire avec celui du président américain, s'en souviendra. Une exception notable, toutefois : la Chine, critiquée mais dont le chef d'Etat Xi Jinping n'a jamais été nommément insulté

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Des retombées jusque sur les marchés financiers

C'est un autre effet, peut-être moins connu, de la frénésie de Donald Trump sur Twitter. L'activité du président américain sur le site de micro-blogging a d'abord pu occasionner le plongeon en Bourse de plusieurs titres, à chaque fois des entreprises mises en cause dans des tweets dévastateurs - ce fut par exemple le cas de Boeing, pris à partie à plusieurs reprises par le président américain.

Mais le dirigeant a aussi pu avoir une influence plus globale sur les marchés financiers. C'est d'ailleurs pour mesurer son impact que les équipes de JP Morgan ont développé le « volfefe index » - une référence à la volatilité et au tweet toujours inexpliqué « covfefe », qui avait agité toute la toile en 2017.

Résultat : les tweets de Donald Trump ont notamment un impact sur la volatilité des taux courts, de deux à cinq ans. Les analystes de Bank of America Merrill Lynch relèvent, eux, que les journées où le président américain est hyperactif sur le réseau social se concluent généralement par des mauvaises séances à Wall Street.

Basile Dekonink

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