Récit : La véritable histoire de Peter Pan, le roman qui a inspiré le dessin animé Disney

La genèse du pays imaginaire de Neverland n'a rien de féerique. Retour sur la véritable histoire de Peter Pan, le roman culte de J.M. Barrie.
The Walt Disney Pictures
The Walt Disney Pictures

Si l'adaptation en dessin animé Peter Pan par Disney sortie en 1953 est bien connue. Son auteur, lui, est moins populaire. Son nom : James Matthews Barrie, romancier et dramaturge écossais incontournable du XXe siècle. C'est en 1902 que l'écrivain dévoile le personnage de Peter Pan pour la première fois dans son roman The Little White Bird. Deux ans plus tard, le petit garçon qui ne voulait pas grandir revient en vedette dans sa pièce Peter et Wendy. Qu'il transformera en un roman célèbre en 1911.

« Peter Pan et Wendy », un premier roman à l'opposé de la version Disney

Le roman d’origine signé J.M. Barrie, beaucoup plus sombre, présente plusieurs niveaux de lectures et d'interprétation. C'est l'histoire d'un Peter Pan malveillant. Un jeune homme en qui habite « l'esprit de la jeunesse » et une haine profonde pour les adultes. C'est pour cela qu'il refuse de grandir et s'entoure d'enfants morts ou abandonnés qu'il emmène à Neverland (le Pays de Nulle Part en français), une île imaginaire loin d'être paradisiaque. La violence y règne. On trouve des bêtes féroces, des pirates vengeurs, des fées et sirènes mal attentionnées. Tous menaçant la sécurité des enfants. Dès qu'ils atteignent l'âge adulte, le héros décrit comme « sans cœur » n'hésite pas à mettre fin à leur vie. Ni à prendre la place du méchant, le capitaine Crochet. Égoïste, à la fin du roman, Peter Pan finit par oublier ses amis et leurs aventures partagées pour inlassablement les remplacer par des nouveaux. Une fois Wendy devenue adulte, il va prendre son enfant, Jane, et continuer ainsi de génération en génération, perdant ainsi toute notion du temps et de la réalité, bloqué dans son pays imaginaire...

Une histoire inspirée d'une tragédie

Si la mort est omniprésente dans l'œuvre de J.M. Barrie, c'est peut-être parce qu'il y est confronté très jeune. Son frère David décède à la veille de ses 14 ans, alors que l'auteur n'en a que six. Pour sa mère, qui lui a transmis le goût de la littérature en lui lisant des histoires, il essaye de combler ce vide en remplaçant son grand frère disparu. Sans jamais trouver grâce à ses yeux. Presque fatalement, J.M. Barrie gardera la taille d'un enfant, aux environs d'1 mètre 50. Plusieurs critiques littéraires s'accordent à dire que ce drame familial a fait naître en lui un désir de jeunesse éternelle, thème récurrent dans ses textes. Il peut également expliquer pourquoi Peter Pan demande à Wendy, une enfant qui finira par tomber amoureuse de lui, d'être sa mère.

Le rôle de la famille Llewelyn Davies

Sans nul doute, J.M. Barrie était un homme aussi complexe que fascinant. En 2005, Finding Neverland de Marc Forster, nommé aux Oscars lui rend hommage. Avec en vedette Kate Winslett et Johnny Depp, le film s'intéresse d'une façon librement inspirée à sa rencontre avec la famille Llewelyn Davies et les liens tissés avec George, Jack, Peter et Michael, les quatre fils de la veuve Sylvia Llewelyn Davies. Ensemble, ils passent des heures à jouer dans les jardins de Kensington. L'écrivain leur raconte des histoires magiques, leur invente un monde imaginaire, Neverland. Il deviendra l'oncle Jim, puis, à la mort de leurs parents, leur tuteur légal. Trois des garçons connaissent un destin tragique : George est tué en 1915 pendant la Première Guerre mondiale ; Michael, meurt noyé à Sandford Lock près d'Oxford à 20 ans et Peter, devenu éditeur, se suicide à 63 ans. J.M. Barrie fait le deuil des deux premières. Motivé par son âme d'enfant, J.M. Barrie décide de céder l'intégralité des droits de Peter Pan au Great Ormond Street Hospital. Une institution londonienne spécialisée dans le soin des enfants.