
HARCÈLEMENT SCOLAIRE - La rentrée scolaire 2020 s’est effectuée sous menace sanitaire de la Covid-19, qui nous contraint, adultes et enfants, à des “gestes barrières”.
À l’école, l’accent a été mis sur ces nouvelles règles et tout a été fait pour réduire les risques de contamination, ce qui était bien évidemment une priorité.
Toutefois, force est de constater que ces “gestes barrières” n’empêchent en rien les contacts, les jeux, les disputes, les insultes et… le harcèlement entre enfants.
Les obligations sanitaires nous ont fait oublier nombre de problématiques, dont le harcèlement scolaire et cyberharcèlement.
Le harcèlement entre enfants
Port du masque, distanciation sociale, méfiance sanitaire, règles d’hygiène strictes, regroupement réduit de personnes… et pourtant le harcèlement scolaire continue de sévir dans les cours de récréation et sur les réseaux sociaux (environ 40 % d’augmentation de cyberattaques durant le confinement).
À l’heure de la distanciation physique, les enfants poursuivent selon le même schéma: insultes, attaques physiques, rejet et discrimination, cyberharcèlement.
À l’heure où il s’agit de rester solidaire vers un même objectif sanitaire, les enfants continuent leurs méfaits dans le dos des adultes.
À l’heure où toutes les énergies positives se doivent d’être mobilisées, les enfants restent dans une logique d’attaque, de discrimination ou de haine.
Et si nous profitions de cette situation exceptionnelle pour les guider et inverser leur tendance au harcèlement?
Le grand oublié de cette rentrée scolaire
Certes nous pourrions voir les méfaits des enfants et adolescents comme un signe “positif” de leur adaptation et leur volonté de vivre comme “avant”.
Toutefois, nuire et abimer l’autre n’est pas un projet pédagogique, crise sanitaire ou pas.
Les enfants ne naissent pas avec un bagage relationnel et les adultes qui les encadrent sont appelés à ne pas oublier ce fléau qui abîme et qui tue.
Cette énergie négative qui circule entre les enfants nécessite encore et toujours des adultes concernés et vigilants. Le rapport de mission gouvernementale de Monsieur Erwan Balanant remis au gouvernement le 13 octobre 2020, “Comprendre et combattre le harcèlement scolaire”, nous propose 187 pages de réflexions pour prévenir et enrayer le harcèlement entre enfants et insiste sur de très nombreux points. On y trouve 120 propositions, chiffre impressionnant qui veut tout dire de l’immense tâche qu’il nous reste à mener, pandémie ou non.
Les nouveaux codes relationnels
Ainsi à l’heure de la solidarité sanitaire et universelle, les violences scolaires persistent.
Que signifie ce mot “solidarité” pour les enfants? Quelles valeurs y sont rattachées selon eux?
Il est vrai que peu de gens ont appris aux enfants comment vivre émotionnellement les nouvelles contraintes sanitaires. Et personne ne leur a proposé un mode d’emploi du vivre en commun dans un monde où les règles sociales se modifient inexorablement.
Avoir besoin de contacts sociaux peut s’exprimer autrement qu’en agressant l’autre. À l’instar de bébés qui mordent, car ils ne savent pas exprimer leurs besoins et émotions, nos élèves continuent de s’abimer sans que personne ne mette en mots leurs malaises.
Et pourtant, l’occasion est unique de relier le sanitaire et le bien vivre ensemble, de renforcer les valeurs d’empathie, de développer l’expression des émotions qui sont encore plus nombreuses et complexes en ces temps d’inquiétude et d’incertitude.
Redéfinir “l’autre”
Pourquoi ne pas profiter de ce temps social si particulier pour leur enseigner comment s’intéresser aux autres, comment s’adresser la parole sans agressivité ni passivité, savoir dire “non”, connaître l’autre et repérer ses forces (et non ses faiblesses), s’apprécier soi-même et… renforcer l’empathie, la grande oubliée de cette rentrée. L’empathie sanitaire est une chose qui peut se prolonger dans d’autres domaines et d’autres situations, au risque que leur santé mentale ne se détériore encore plus en n’expérimentant que solitude, isolement ou agressivité, sans être accompagné pour y réfléchir.
Faire une force de cette pandémie pour sensibiliser les enfants encore plus qu’auparavant à la nécessité d’être tous mobilisés, d’avoir un objectif commun, de rester soudés et solidaires et de faire preuve d’empathie à l’égard de notre voisin, parent, ami et même ennemi.
Ce devrait être les nouvelles règles sociales et pourtant, l’humain et l’humanisme sont à la traîne chez les enfants alors qu’une trêve pourrait leur être proposée et poursuivie bien sûr au-delà de cette crise sanitaire.
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